Suite officielle faite par les mêmes réalisateurs (Kenji et Shinji), elle est censée se passer donc après la série SAC 2nd GIG et le film SAC Solid State Society. Cependant, grâce à la magie du hors champs, une petite introduction explicative de ce qu’il se passe depuis 2042 jusqu’en 2045, nous est ainsi expédié en une minute chrono. Facilité déconcertante pour s’affranchir des fils rouges qui étaient alors tissés tout au long des deux saisons précédentes et du film. Dommage.
Bien qu’un chouya moins aboutie que la série originelle, SAC 2045 reste néanmoins efficace et fidèle à ses thèmes de prédilection. Des sujets graves et très actuels d’ailleurs, sont évoqués avec la couche habituelle de sur-complexité gratuite, qui fait toute la marque de fabrique (et le charme!) de l’univers de GitS. On a vraiment des réflexions intéressantes sur des sujets comme la crise des migrants, les armes nucléaires, les tensions géopolitiques, l’éthique dans la technologique, etc. Et franchement, ça marche toujours aussi bien. C’est le postulat de base, on deal avec ou pas, toute l’œuvre de GitS est ainsi construite.
La série se permet même de faire des références sympas dès qu’il en a l’occasion (c’est habituel). Ainsi, il évoque déjà le roman "1984" de G. Orwell qui sera au cœur de l’intrigue, (comme fut d’ailleurs le cas lors de l’arc Le Rieur avec le livre "L’Attrape-cœur" de JD Salinger).
Il est fait aussi référence au cinéma de SF, tel que "Matrix" avec l’explicite Agent Smith, ou avec Motoko lorsqu’elle se fait submerger par une marée de virus humain et s’en libère à la façon de Neo, Togusa qui utilise un programme pour combattre à la façon de Bruce Lee dans l’espace matriciel, les séances intenses de combat, style Gun Kata à la "Equilibrium". Il y a aussi une superbe séquence du style "l’Échelle de Jacob" totalement hallucinée avec Togusa. Il est aussi vaguement question de Neo Tokyo, reconstruction probablement après un désastre nucléaire et donc forcément fait écho à "Akira" et le contrôle mental. La tenue seyante de Purin à la Tron Legacy mais surtout la coupe de cheveux qui rappelle tellement Quorra. On appréciera enfin le petit délire sympa de la présence du sosie de Bayonnetta, qui fait des dingueries dans les combats tellement dynamiques. On peut continuer ainsi pendant longtemps à référencer toutes les subtilités ici et là. Du pur plaisir.
De manière plus générale des gimmicks récurrents propres à l’univers GitS, agrémenteront aussi les épisodes au fur et à mesure de l’aventure. Aventure d’ailleurs assez bien rythmée dans l’ensemble. Entre action pur de film à la John Woo ou Hollywoodien, et les séances plus calmes où se déroulent le scénario complexifié, difficile de faire franchement plus équilibré. Les mauvaises langues diront qu’il y a bien trop d’action, ce qui est un comble – encore une fois sûrement des gens qui n’y connaissent rien à l’univers GitS.
On regrettera cependant la mise de côté de Saito, mais surtout Borma et Paz qui n’ont pratiquement aucun rôle dans la série. Regret d’autant plus fort qu’ils ont intégré à l’équipe une sorte geek typiquement japonaise, à lunettes et aux cheveux roses avec des mimiques bien stéréotypées, que je qualifierai de vraiment weird et weebs. Mais ils ont eu le bon goût de ne pas l’habiller en petite culotte.
Concernant la 3D finalement, elle n’est pas si vilaine que ça. On a tendance à faire la comparaison avec la 2D, forcément le décalage saute immédiatement aux yeux. Mais in fine, on lui trouve même un certain charme, car une fois rentré dans la série, l’œil s’habitue plutôt vite. D’ailleurs, si au début la 3D semble un peu étrange, elle se rattrape bien vite grâce à l’animation très smooth et les détails incroyables rendus possible avec la 3D, là où force est de constater que la 2D est limitée. Il faut aussi noter que le character designer c’est Ilya Kuvshinov, qui est un illustrateur amateur je crois à la base et qui a pris du galon sur Instagram/DeviantArt.
L’OST est vraiment excellente, y a incontestablement du "Blade Runner" dedans, et j’ai cru aussi sentir une vibe "Silent Hill". En tout cas d’excellente facture, ce qui participe évidemment à asseoir l’ambiance de la série.
Par contre, clairement bien meilleure et intéressante que la série et le film "Arise", que j’avais trouvé inintéressant et insipide de bout en bout. En plus, un préquel n’avait que peu d’intérêt et finalement la série n’avait apporté aucune nouveauté à l’univers. Arise est probablement le produit dérivé le moins intéressant.
Alors oui, la série s’égare, et parfois est même confuse, particulièrement la 2e partie vers les derniers épisodes. Tout s’accélère, il y a beaucoup d’information à digérer et les fils rouges s’entremêlent. Mais je suis un grand fan de "Serial Experimental Lain" et de "Ergo Proxy", probablement des animés les plus abscons qui soient. Mais ici on n’est pas dans ce délire là quand même, y a une logique à l’affaire, bien que parfois le découpage (la mise en scène) n’aide pas à la bonne compréhension des choses.
Mais en définitif, il faudra m’expliquer les notes de "GitS SAC 2045" plus négative que "Arise". À ce niveau-là de deux choses l’une ; c’est de l’hypocrisie pure pour des raisons qui m’échappent, ou c’est de l’ignorance totale concernant l’œuvre de Shirow et des produits dérivés officiels (les séries, les films). Dans tous les cas "SAC 2045" est meilleur qu’Arise et plus légitime d’exister.