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Hero Corp
6.5
Hero Corp

Série France 4 (2008)

Dans un village reclus du centre de la France, une poignée de superhéros vie paisiblement sa retraite jusqu’au jour où The Lord, le plus vilain de tous les vilains et que tout le monde croyait mort, refait surface, semant ainsi un début de panique au village. Pour arrêter ce mal grandissant et ainsi sauver le monde, ils n'ont d'autres choix que de demander l'aide de John, un jeune civil qui ne connait pas encore sa destinée. Très vite pris d’affection pour cette troupe insolite, il va les mener dans ce combat contre le mal.

John, le personnage principal –joué par Simon Astier- découvre ce village et chacun de ses habitants. À mesure qu’il apprend à les connaitre, il découvre l’étendue de sa mission et de ses pouvoirs naissants. En plus de devoir unir l’ensemble de ces héros en perte de confiance en réglant une infinité de problèmes, d’engueulades et de conflits, il doit gérer ses propres problèmes affectifs, ses multiples relations avec sa tante, sa copine et son plus proche ami joué par Alban Lenoir. Personnage central et omniprésent sur qui reposent tous les espoirs, John va donc très vite attirer les convoitises de ceux dont il prend la place. Aura-t-il les épaules assez solides pour supporter ce fardeau ? Voilà une des questions principales de la série.

Mélange de quête initiatique, de relations communautaires, familiales et amicales, de responsabilités et de pouvoir, Hero Corp n’a pas grand-chose d’une série légère. L’ambiance est en effet pesante des prémices jusqu’aux derniers épisodes de la saison 2 –dernière saison actuellement disponible. Certes, l’humour y est omniprésent, à la fois burlesque et théâtrale et fonctionne à merveille, pourtant ici, faire rire n’est jamais un but en soit. Comme l’avait revendiqué et brillamment mis en oeuvre son frère cadet, Alexandre Astier, dans Kaamelott, Simon développe un humour sérieux, servant uniquement à donner un ton et un dynamisme à sa série. Une ambition complexe et typiquement française qui, lorsqu’elle est atteinte, permet de distinguer directement les bonnes comédies des bouffonneries indigestes servies en pâture au grand public.

Outre le ton propre à la famille Astier, on retrouve également dans Hero Corp des personnages en plusieurs points similaires aux Chevaliers de la Table ronde. Tout d’abord, il s’agit une nouvelle fois d’une troupe de bras cassés comprenant un fort ratio de débiles, de boulets et d’incapables mais restant tous attendrissants. En plus de pouvoir spécifique, chacun est doté d’un charisme et d’un jeu qui lui est propre à tel point que l’on se perd vite face à l’abondance de personnage –une vingtaine à la fin de la saison 2. Toutefois, les fans de Kaamelott trouveront facilement des repères puisqu’une grande partie du casting est déjà apparu dans la série de M6. On retrouve ainsi pour notre plus grand plaisir Alexandre, qui a un petit rôle, Lionnel, le père Astier, qui interprète le boss d'Hero Corp, Christian Bujeau, le maitre d'armes qui joue un des rôles principaux, Étienne Bujeau ainsi que Josée Drevon, la tante de Tintagel. Bref, la troupe n'est pas au complet –il manque notamment les mythiques Perceval et Karadoc- mais on ne peut y échapper; Hero Corp a bel et bien un arrière gout de Kaamelott.

À cette comparaison immanquable, s’ajoutent d’autres références, d’autres univers a priori sans rapport mais qui ici se rencontrent formant un mélange pour le moins origénial. À commencer par Astérix et son village communautaire où chacun à donc une fonction précise et où les réunions de village et plus généralement les aventures tournent toujours à la prise de tête. Citons encore X-Men et l’institution du professeur Xavier tentant d’instruire et d’unir les forces du bien face au mal et où chacun apprend à maitriser son pouvoir sur-naturel. Bref, Hero Corp use et s’amuse des références geeks modernes sans pour autant se contenter d’en faire une pâle copie. La série mélange les genres et les cultures, passant des comics et de leurs superhéros omnipotents aux MMORPG dont les quêtes sont toutes tant épiques que rustiques. Véritable melting-pot, Hero Corp déstabilise donc au premier abord avant de devenir explosif une fois avoir trouvé son identité.

Avec un budget dérisoire Hero Corp se démarque radicalement des productions Hollywoodiennes de superhéro mais propose toutefois l'essentiel pour rester crédible et rendre honneur à ses références. Les scènes complexes et couteuses telles que les combats sont donc réduites à l’indispensable et ce n’est pas un mal -vu la tournure parfois ridicule de celles-ci (notamment dans la première saison). Ici, tout repose sur la réalisation, le scénario, les dialogues et les situations. La postproduction reste minimaliste mais ingénieuse (mention spéciale au magnifique générique), soutenue par une bande-son orchestrale parfois épique imposant par sa seule présence une prestance à l’image et à l’action. Le format 26 minutes et la tournure feuilletonnante suffisent pour clore un ensemble technique suffisamment crédible pour ne jamais faire cheap.

Souffrant de comparaisons immanquables mais finalement loin d’être systématique, Hero Corp parvient à s’émanciper, à s’assumer et à imposer un ton nouveau et s'impose donc finalement parmi les meilleures séries de Science-Fiction française. On avait peur de retrouver le moule bien usé de Kaamelott, mais on est finalement agréablement surpris. Les frères Astier sont bel et bien à prendre au sérieux, à part entière et à suivre de prêt.
SlimGus
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le 1 nov. 2012

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Gaylord G

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