Inside No. 9
7.6
Inside No. 9

Série BBC Two (2014)

Une comédie grinçante (critique sans spoiler)

Je n’aime pas les comédies. J’aime rire devant une série mais je suis, à de très rares exceptions près, incapable d’apprécier une œuvre dont le but principal, voire unique, est de me faire rire. Heureusement, pour les gens comme moi, il existe un type de comédie très particulier : les comédies britanniques. Pas toutes bien sûr. Elles sont parfois très lourdes (je ne leur ai toujours pas pardonné Benny Hill !), difficilement compréhensibles pour une autre culture, trop absurdes à mon goût ou tout simplement ratées. Mais ce qui m’a toujours fascinée est la capacité des Britanniques à nommer « comédie » une œuvre qu’un autre pays classerait sans hésiter dans les dramas.

Une comédie britannique peut être n’importe quoi, de la sitcom la plus classique au drame le plus sombre, tant qu’au moins une partie de ses épisodes vise à amuser. Inside No. 9 est donc clairement une comédie britannique. Je n’ai au départ pas été très tentée de tester la série, les oeuvres de Reece Shearsmith et Steve Pemberton me laissant en général très mitigée. J’ai regardé une bonne partie de League of Gentlemen et, si j’admets tout à fait que le scénario est très imaginatif et que je suis assez bluffée par la performance d’acteur du casting, la série est franchement trop loufoque pour moi. Psychoville (dont je n’ai vu que la première saison) m’a déjà plus intéressée mais sans m’emballer plus que cela.

Le format très court de Inside No. 9 (6 épisodes d’une demi-heure et un mini épisode interactif en ligne) et surtout le lobbying assidu d’une copine (Isabelle, tu t’es reconnue…) m’ont néanmoins convaincue de consacrer une petite partie de mon temps à tester Inside No. 9 durant une soirée d’ennui. Le lendemain, j’avais tout vu. Que s’est-il passé ?

Déjà, il faut déjà savoir que Inside No. 9 est une anthologie. Le seul rapport entre les épisodes est le fait qu’ils se déroulent en Angleterre dans le numéro 9 d’une rue et que le contenu est très dérangeant. Concrètement, cela signifie pour le poisson rouge que je suis n’a pas eu à se concentrer trop longtemps sur l’intrigue et les personnages. De plus, que ce soit pour plaire au plus grand nombre ou pour le plaisir de s’amuser avec le plus de jouets possibles, il semblerait que les scénaristes aient mis un point d’honneur à rendre chaque épisode très différent du précédent ; tous en revanche peuvent être résumés de la même manière par un « eeeeeeeeeeeerk ! » bien sonore.

Il s’agit bien d’une comédie dans le sens où l’on rit souvent (nerveusement en général) et où certains épisodes (le 2 en particulier) reprennent les codes les plus classiques de l’humour. J'aimerais cela dit qu'on invente la catégorie « marrant mais ultra-dérangeant et qui pousse à la réflexion sur notre mode de vie », rien que pour ce genre d'OVNI télévisuels comme l'était aussi Black Mirror. D'ailleurs, si j’avais dû deviner qui était le scénariste de cette série, j’aurais sans hésiter parié sur Charlie Brooker (Black Mirror, Dead Set et A touch of Cloth). L’épisode 4 en particulier, débordant de cynisme, semble tout droit sorti de Black Mirror. Reece Shearsmith et Steve Pemberton m’avaient habituée à des séries bien plus loufoques et moins structurées et, si l’on retrouve clairement dans cette série beaucoup d’exemples de leur type d’humour favori (l’absurde et le grotesque), elle reste de loin pour moi leur œuvre la plus accessible pour un public non britannique et clairement ma favorite.

De plus, Reece Shearsmith et Steve Pemberton étant reconnus et appréciés dans le monde de l’audio-visuel british, ils ont pu attirer une belle brochette d’acteurs qui ravira les amateurs de séries anglaises ; comme pour Black Mirror (oui, je ne cesse de les comparer mais franchement il y a de quoi^^), il est fortement déconseillé de tenter un drinking game sur le thème « buvez à chaque visage connu ». Comme à leur habitude, au moins un des scénaristes (en général les deux) joue dans chaque épisode mais sans forcément s’approprier les rôles principaux.

Pour conclure, je vous conseille fortement de sacrifier trois heures de votre temps pour découvrir l’excellente surprise qu’est Inside No. 9. C’est drôle, cynique, surprenant, un peu écœurant et chaque épisode est tellement différent des précédents que vous trouverez forcément votre bonheur devant au moins l’un d’entre eux.
Pikatyr
9
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le 17 oct. 2014

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