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Première série d'épouvante japonaise sur la plateforme, Ju-On : Origins revient sur la célèbre franchise créée et réalisée par Takashi Shimizu. L'original de 2002 a marqué le genre, si bien qu'il a eu droit à son remake américain, The Grudge, avec Sarah Michelle Gellar en tête d'affiche. Malheureusement, des suites ainsi qu'un reboot dispensables ont su ternir le concept original, pourtant efficace et effrayant.
Cette série de six épisodes, comme son titre l'indique, retrace les origines de cette maison hantée où tous ceux qui franchissent son entrée deviennent victimes d'une malédiction. Ici, il n'est pas question de l'histoire des fantômes de Kayako et de Toshio qui hantent la saga mais il s'agit plutôt d'une succession de drames et d'horreurs frappant les occupants entre 1988 et 1997. Le destin d'un expert en paranormal, d'une lycéenne et d'un jeune couple s'entremêlent parmi plein d'autres, chacun subissant le courroux de la malédiction à sa façon. C'est une nouvelle histoire peuplée d'autres spectres, rafraichissant ainsi la saga qui est du coup plus propice à susciter peur et surprises auprès des connaisseurs.
Bien loin de l'efficacité narrative américaine, les films de genre asiatiques se différencient par leur rythme et leur art de la suggestion. Du coup, on adhère ou pas mais dès les premières minutes, on observe que la série de Shô Miyake n'échappe pas à la tradition, ce qui la rend étonnante et glauque. Tout d'abord, l'ambiance est on ne peut plus réaliste et joue au maximum la carte de la sobriété des effets. La quasi-totalité des violences est crédible et nous fait presque oublier l'aspect fantastique : viol, abandon et meurtre d'enfants, violence conjugale, adultère, harcèlement scolaire... Le surnaturel, toujours présent en toile de fond, se dévoile progressivement mais Ju-On : Origins montre avant tout la monstruosité de l'Homme. En effet, la série joue la carte constante du malaise, que ce soit avec ses scènes de violences extrêmes ou encore avec les nombreux flashs télévisés qui ponctuent chaque épisode via des événements atroces mais bel et bien réels. Les apparitions fantomatiques, quant à elles, sont rares et sobres et la peur se profile timidement, l'accent étant mis sur les personnages vivants. L'ambiance est singulière, particulièrement pesante, et a su me choquer plus d'une fois. Car il ne faut pas se fier aux apparences, la série ne paye pas de mine comme ça, mais certaines scènes osent aller bien plus loin qu'on ne l'aurait cru, quitte à être gore et plus psychologique. Il suffit d'observer le générique de fin pour comprendre toute la singularité ambivalente de cette série. Ce n'est pas de l'horreur gratuite, ni un vulgaire dépoussiérage d'une saga oubliée, mais bien une réflexion (entre autres) sur les responsabilités et trahisons paternelles ou encore l'avortement...
Ce que j'ai moins apprécié, c'est le manque de repères dans cette narration totalement explosée. Il y a énormément de personnages, de temporalités, d'histoires et c'est parfois difficile de savoir replacer chaque scène dans son contexte. Et il y a tellement de violence et de métaphores derrière celle-ci (personnages qui disparaissent subitement, ombre noire, spectre de nourrisson...) que beaucoup de détails semblent nous passer à côté. Mais j'ai l'impression que le scénario est beaucoup plus simple que ce qu'il essaye de faire croire... Niveau frisson, la série peut décevoir voire même ennuyer ! On sent qu'elle prend le temps pour exposer ses personnages, mais aucun d'entre eux ne nous passionne et fait figure de héros, et l'air de rien, ça manque. Au contraire, la majorité est haïssable et on est souvent hermétique à leur malheur. Néanmoins, j'ai été plutôt convaincu par le jeu des acteurs, émotionnellement habités face à toute ces atrocités.
Pour la sobriété de la mise en scène et le choc de son contenu, je trouve que cette série est originale et sauve l'honneur de la franchise face aux derniers ratés. Mais il y a dans la forme un côté indigeste, qui part dans tous les sens, qui ne m'a pas convaincu. De plus, il n'y a pas de final digne de ce nom...

alsacienparisien
6

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le 15 juil. 2020

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