Réchauffement de la planète : put the blame on them, boys...

On se souvient de la scène des gants que retire lentement Rita Hayworth ( aka Jessica Rabbit) dans "Gilda" tout en chantant que la montée des océans, c'est elle... mais ça, c'était avant Bible Summetttikul dans sa baignoire rempli de vin rouge et de roses façon "American Beauty" , et Mile Apo entortillés langoureusement sous les néons de Deutsche Bank ( les fans en détresse respiratoire ont dû patienter jusqu'à l'épisode 13, quand même) .

Après un printemps torride c'est un été embrasé qui a suivi, pas étonnant qu'on enregistre des records absolus de température, et pas à Bangkok uniquement, mais partout sur la planète. Les fans du Brésil et de l'Amérique latine en général sont particulièrement déchaînés .

Oui, la série explose les codes des BL, oui il a fallu trois ans et quelques miracles pour qu'elle soit produite, avec des changements de casting en route, et un teasing rarement vu. La saga est clairement autant autour de la série que dans la série. En restant honnête, on regarde d'abord parce que les acteurs tous masculins ou quasiment, petits comme grands rôles, sont canons et que leurs chemises font la grève des boutons. Leurs pantalons aussi , tant qu'à faire. L'affiche choisie pour illustrer ne rend pas du tout justice à leur potentiel explosif à cet égard. Mais cela ne suffit pas à expliquer pourquoi la série est si addictive.

Pour commencer, ce qui ne l'a pas tuée l'a rendue forte : il y a eu une urgence qui a soudé les acteurs restés en lice, les nouveaux arrivants , la nouvelle boîte de prod, les trois réalisateurs sur le tournage et surtout Pond, dont l'indéniable flair et l'ambition cinématographique ont contribué à faire monter de plusieurs crans le niveau de qualité initial de KinnPorsche. On devine des références à des séries comme the Soprano ou un film comme Mr and Mrs Smith, si on est attentif.

Les acteurs ont énormément interagit dans des workshops pendant la pause interminable du confinement COVID, ils sont à l'aise avec leur corps, celui de leurs partenaires, ils ont eu le temps et les moyens de se projeter dans leur personnage et de lui donner de l'épaisseur en y insufflant leur propre personnalité . Pour certains comme Apo qui joue Porsche, c'est son premier rôle gay, pour Bible Sumettikul, l'infernal , torturé et charismatique Vegas, c'est son premier rôle tout court. On y croit parce que eux y croient et se donnent à fond.

Le rythme est haletant, on n'a pas le temps de souffler pour passer d'une scène comique à une scène d'action ou dramatique, puis de romance ou de sexe, ou de torture psychologique. Certes c'est une série Thaï avec le budget qui correspond et pas Game of Throne. Mais tous les personnages secondaires sont travaillés , ont une personnalité attachante et font avancer l'action. Mention spéciale au grand frère Tankhun, joué par Tong. J'ai revu la série depuis le début après le final du 9 juillet, pour mieux comprendre ce qui m'avait échappé.

Rarement j'ai vu une série BL, LGBT ou mainstream autant à l'aise avec l'amour et la tendresse entre mecs ; cela va se soi dans l'univers de KinnPorsche y compris pour un chef de Mafia. C'est une série libératrice et qui ose casser pas mal de codes : une scène d'amour où un personnage pète au nez de l'autre et cela reste romantique , qui pouvait l'imaginer ? On a l'impression de rentrer dans leur intimité, de se découvrir une, voire deux familles .

Avec le début de la diffusion les comptes sociaux des acteurs ont explosé. La pression est montée avec les premières polémiques des fans déçus ou toxiques ; ces plus ou moins anonymes ( Jeff qui essayait de percer dans la musique depuis dix ans, Barcode qui a fêté ses 17 ans en route, Bible qui avait frappé à la porte de 30 agences et auditions en vain, ...) se sont vus propulsés à l'international et ont cassé plusieurs fois internet et Twitter avec des hashtags à plusieurs millions. L'un d'eux a été momentanément en retrait après avoir fait amende honorable sur le net pour des propos anciens, au désespoir de ses fans . Sa chute brutale accompagnée de sa rédemption, et son retour hier entre larmes d'émotion et twerking qui ne laisse pas de marbre sont vraiment en miroir avec ce que vit son personnage au fil des épisodes.

Pour finir, le titre est formé du nom des deux personnages principaux (joués par Mile Phakpum et Apo Nattawin ). Ils sont incroyablement complices et complémentaires, et les mots togetherness et chemistry semblent avoir été créés pour eux.

Mon conseil : si vous hésitez encore, faites comme Kinn et Porsche dans l'épisode 6 , faites le grand saut. Votre cerveau gavé de sérotonine vous dira merci.