SnK 2 : Vivement la suite ?

Après une première saison qui m'avait semblé lutter avec son budget pour maintenir ses ambitions visuelles, cette saison 2 de Shingeki no Kyojin régale constamment (ou presque) les pupilles, peut-être grâce au parti pris de se limiter à moitié moins d'épisodes - toujours accompagnée d'une ambiance sonore marquante et pertinente, soulignant tant les moments de tension, d'horreur, que d'épique. Elle retrouve également un générique ridiculement entraînant aux illustrations pas moins étrangement hors-sujet... en apparence ? (Allez comprendre la horde composée d'un éléphant, un crocodile, un singe-titan, un parasaurolophus, un hippopotame et une girafe qui écrasent une foule. Ah, j'oubliais le plésiosaure, le T. Rex, et la baleine.) Quoiqu'il en soit, le monde dépeint reste aussi passionnant que dérangeant, encore que la réduction du nombre d'épisodes ne risque pas, pour le coup, de réconcilier ceux qui reprochaient son rythme (et son manque de réponses) à la première saison ; car si réponses on trouve, les questions n'en cessent pas pour autant de s'accumuler. On commence à cerner la nature de l'ennemi mais bien (trop) de(s) choses restent floues, notamment sur les Titans, leur nature et fonctionnement - ce qui permet à l'auteur de nous surprendre avec de nouvelles facultés, pas techniquement incohérentes avec ce qui précédait mais... mais je crains de deviner là une facilité d'écriture, un flou maintenu à dessein, peut-être pour permettre d'improviser ce qui, avec du recul, s’avérera un tout inconsistant. Le bénéfice du doute est pour l'heure de mise, mais il serait bon de pouvoir prochainement commencer à faire sens du comportement de certains.

Cela m'amène à ce qui constitue, à mon sens, tant la force que la faiblesse centrales du récit : ses personnages. Cette saison 2, tout en avançant à petits pas son intrigue, à chaque épisode, revient en détail sur un des membres de la douzaine de recrues qui constituent les personnages centraux de SnK. Il s'agit moins là de développer que d'explorer des personnages laissés sur le côté de l'histoire jusque-là, et dont l'implication se fait plus importante, depuis le couple lesbien en tout sauf en nom aux identités des Titans directement responsables de la chute de Shiganshina (cf le pilote). Et les "successeurs" de la Titan Femelle n'ont rien à lui envier en complexité et en intérêt, pas plus que la surprise de cette saison (enfin, celle qui est développée puisque l'autre n'est qu'un amas de questions sur pattes à ce stade). Leurs portraits, tout comme celui de celle qui les avait précédés, se dessinant moins sur les non-dits, s'avèrent ainsi loin des clichés éventuellement attendus pour ce type de récit, ne se voilant pas la face sur leur nature d'enfants-soldats et les traumatismes liés.

Mais comme dit plus haut ces portraits sont autant force que faiblesse de SnK, à commencer lorsqu'ils ont pour effet secondaire la mise sur le côté, pendant la majorité de la saison, de perso' tels que Jean ou Levi, qui furent centraux à la première. Ce traitement semble résulter d'un cast de personnages peut-être trop conséquent, ce qui ne fait que souligner les aspects moins réussis de ses caractérisations à ses deux extrêmes : d'un côté, l'intérêt de la plupart ne fait que souligner la caractérisation unidimensionnelle des deux protagonistes, qui combinent obsession psychotique et idiotie aux dépens de l'avancée de l'intrigue trop souvent à mon goût. La moitié des interventions de Mikasa se résument à penser ou dire "Eren..." - lequel se contente trop souvent de hurlements gutturaux - et tous deux sont bien trop prompts à présenter un antagonisme a priori sans nuances aux visages de leurs vis-à-vis. Ce comportement jure tant avec celui de Jean & Cie qui paraissent proches de les "retourner" (ou en tous cas ont l'intelligence / l'empathie requise pour essayer), que d'Armin qui se fait "psychotique" qu'en utilisant son cerveau, avec un but précis... On peut défendre ces caractérisations comme consciemment clichées et conséquemment discutées - déconstruites via les erreurs qu'elles amènent - mais les voir se mettre en travers de l'avancée de l'intrigue et des efforts de personnages plus intelligents n'en reste pas moins frustrant, tout comme la stagnation de leur relation - surtout comparée à Y-K, paire si évidente que la pudeur de la série s'en fait ridicule...

Et de l'autre donc, une routine semble s'installer du côté des personnages tertiaires, trop souvent nommés, explorés et exécutés dans le même épisode dans un apparent désir de rappeler que ce récit est du type "valar morghulis." Mais cette itération de massacre de Red Shirts risque l'effet inverse : souligner le traitement différent des personnages précités (et diminuer l'impact de scènes comme celles de la bataille de Trost / face au Titan Femelle qui valut son statut memetic à Petra). Dans la même idée, la structure générale de cette seconde saison n'est pas sans rappeler celle de la deuxième partie de la S1 : les antagonistes exécutent le même plan, avec le même résultat, une bonne part se déroulant d’ailleurs au même endroit ; et au dernier moment, une source précieuse d'informations fait le choix d'échapper à nos héros, pour une raison plus ou moins bien amenée...

En somme, une seconde saison qui ne répond pas exactement aux attentes éventuelles suite à la première, laissant encore dans le flou voir l'incohérent les objectifs et comportements des "vilains" ; mais pour laquelle on ne s'enthousiasme pas moins tant pour le spectacle visuel et sonore que par ce qu'elle propose, en-dehors de ses deux leads, de portraits de personnages, sans caricatures.