Tout le monde l'aura compris, La femme qui habitait en face de la fille à la fenêtre est une satire. La série parodie les romans de gare type chicklit aux titres interminables qui me font beaucoup rire : Changer l'eau des fleurs, L'extraordinaire voyage du fakir qui était resté coincé dans une armoire Ikea, Les écureuils de Central Park sont tristes le lundi... Au-delà du titre, la série reprend tout un éventail de gimmicks de ce type de littérature et des romcoms : une femme (évidemment) artiste (qui a réussi, donc riche et très désœuvrée) en deuil (évidemment) seule (évidemment) alcoolique... L'intrigue compte finalement assez peu, c'est une enquête-thriller aux rebondissements improbables, mais que je n'ai jamais trouvé caricaturaux : la réalisation fait presque oublier que c'est une parodie, et j'ai plutôt marché, même parfois sursauté.


En lisant d'autres critiques de personnes plus cultivées, j'ai appris qu'elle parodiait aussi d'autres films et séries dont j'ignorais l'existence ; je manque peut-être de billes pour tout saisir. Cependant, si je partage les réserves lues ici sur l'incomplétude de la satire qui aurait pu aller plus loin, la série reste très drôle par ses cliffhangers et ses multiples rebondissements absurdes, tout en abordant des sujets certes rebattus, mais de manière assez fine : le deuil, la paranoïa, la santé mentale... La série est visuellement niquel : l'image, le cadre, les couleurs, les décors. D'accord, on n'est pas dans le n'importe quoi assumé de Emily in Paris, mais ce n'est pas plus mal : la satire est beaucoup plus subtile. Anna n'a rien d'autre à faire de sa journée que rester à sa fenêtre en pyjama à descendre des litres de rouge en lisant, surprise, un livre à la couverture et au titre équivoques : The Woman in the Lake ; l'homme-à-tout-faire passe les 8 épisodes à réparer la boîte aux lettres ; l'amie Sloane débarque toute la série à l'improviste, pratique pour faire avancer l'intrigue...


La série repose presque entièrement sur Kristen Bell, et c'est un pari réussi, notamment parce que 1. Ses verres à vin contiennent l'exacte quantité d'une bouteille de 75cl. 2. Elle maîtrise parfaitement les déplacements dans l'espace avec son verre rempli à ras bord. 3. Elle pose son téléphone sur le dessus et n'a jamais dû retourner à sa boutique Orange pour faire jouer la garantie. Respect.

antoinegrivel
7
Écrit par

Créée

le 9 févr. 2022

Critique lue 1.2K fois

7 j'aime

Antoine Grivel

Écrit par

Critique lue 1.2K fois

7

D'autres avis sur La femme qui habitait en face de la fille à la fenêtre

La femme qui habitait en face de la fille à la fenêtre
FredFTW
1

Le mec qui a regardé cette série pendant 8 épisodes sans savoir que c'était de la m....

J'ai fini le dernier épisode et vient de découvrir selon les explications de certains internautes qu'il s'agissait en fait d'une parodie inspirée de romans d'intrigues à 2 balles qu'on trouve en...

le 18 juil. 2022

8 j'aime

6

Du même critique

Cher connard
antoinegrivel
7

Être V. Despentes est toujours une affaire plus intéressante à mener que n'importe quelle autre

Dissipons le malentendu tout de suite : ce n'est pas un très bon roman. Le dispositif narratif en conversation épistolaire tourne vite à vide, quoique fort divertissant les cent premières pages. Ce...

le 22 août 2022

40 j'aime

3

Connemara
antoinegrivel
7

La méthode Mathieu

Ouvrir un roman de Nicolas Mathieu, c'est un peu comme ouvrir un Houellebecq : on sait ce qu'on va lire, avec quelques variations à chaque fois, et on n'est jamais déçu. La méthode Mathieu, c'est...

le 10 mai 2022

28 j'aime

Triste tigre
antoinegrivel
9

Notre affaire à tous

Présenté par la presse de gauche comme l'événement de la rentrée, Triste tigre ne déçoit pas. Son autrice, Neige Sinno, est un peu la face apaisée de Christine Angot. Ce livre n'est pas un roman, une...

le 2 sept. 2023

14 j'aime

2