Quel gâchis ! D'aussi bons interprètes pour une adaptation aussi creuse et aussi peu respectueuse de l'oeuvre de Camus ! Tout d'abord bravo aux acteurs qui font ce qu'ils peuvent dans cette mauvaise BD que devient la sublime chronique romanesque de Camus. Et les meilleurs moments de cette bande restent d'ailleurs les rares extraits du texte restitués en voix off... Actualiser était sans doute une idée séduisante, après l'épisode Covid, encore eût-il fallu la mettre en application avec sérieux et humilité... Camus avait fait de La Peste un récit sans femmes, parce que pour lui "un univers sans femmes est irrespirable". Or la série nous invente moult personnages féminins qui rendent l'épidémie un peu trop mièvre... Les conversations profondes et humanistes avec Tarrou ou face à Paneloux qui donnent sa profondeur au texte, sont radicalement escamotées... La dimension absurde de Joseph Grand, miroir de la difficulté à créer et des impasses liées à la quête de la perfection artistique, idem... L'absurde de l'univers épidémique et de ses formalités est également très atténué... Quant aux allusions racoleuses au présent avec le personnage rapporté de la jeune ukrainienne, elles sont presque pitoyables... Quel gâchis quand on pense à ce qui était possible en respectant davantage la perspective universelle adoptée par Albert Camus !!!
Plus que le réalisateur Antoine Garceau, qui a fait avec ce qu'on lui a soumis, ce sont les tâcherons de l'adaptation du scénario, à savoir Gilles Taurand et Georges-Marc Benamou, également producteur, qui sont à tancer vertement, pour avoir vidé de sa puissance esthétique et de sa dimension visionnaire le chef d'oeuvre de Camus et ainsi gâché le jeu impliqué de comédiens remarquables ! Le conseil du jour: lisez plutôt ou relisez le livre de Camus !!!