Le ridicule ne tue pas mais il peut quand même bien amocher un classique de la littérature.
Si la volonté d'adapter le roman de Camus à l'écran, en transposant l'action de nos jours dans une cité fictive du sud de la France est plus que louable, beaucoup de choses ne fonctionnent pas dans cette courte mini-série.
La réalisation, le choix des musiques et surtout le jeu des acteurs donnent à ces quatre épisodes un air de série quotidienne de début de soirée, tournée à la va-vite. On retrouve les mêmes personnages présents dans le roman auxquels on en a ajouté d'autres qui viennent inutilement alourdir l'intrigue. Ce qui fonctionnait bien dans le roman, dans le Oran des années 40, devient incongru (pour ne pas dire parfois complètement ridicule) dans une ville française (un peu de Nice par-ci et un peu de Marseille par-là) de notre époque. Le choix de planter le décor dans une société dystopique dans laquelle la maladie assouvie les volontés eugénistes d'un gouvernement totalitaire rende le tout un peu indigeste. Et surtout, c'était inutile : l'oeuvre de Camus parvient très bien et avec plus de subtilité à faire l'allégorie du fascisme.
Au final, tout n'est pas à jeter. Il est notamment assez agréable de retrouver certaines répliques tirées mot pour mot du roman, même s'il est vrai que celles-ci détonnent un peu, à côté de certains dialogues qui sonnent complètement creux. Et je conseillerais de visionner la série uniquement si l’on a lu le livre, au risque de se faire gâcher l’intrigue d’un œuvre majeure du XXe siècle.