Le Serpent
6.7
Le Serpent

Série BBC One (2021)

Voir la série

Le Serpent raconte l'histoire, fort synthétisée mais avec justesse, de l'éponyme tueur en série-escroc, Charles Sobhraj - alias Alain Gautier pour la série mais il a plus d'un pseudo dans sa besace (Alain Dubois, Alain Gauthier, Roland Liser, Jacques-Pierre Marchand ou Charles Surder...) - , et de sa compagne et complice Marie-Andrée Leclerc, alias Monique Gautier.
Au-delà de l'histoire, que d'autres senscriticien.ne.s auront sans aucun doute déjà, et parfaitement rappelée, l'écriture et la mise en scène de la série m'ont paru fort intéressantes, originales, mettant progressivement en lumière ce qu'est un pervers (dans son vrai sens) et elle nous est donnée par la bouche de la mère de Charles (épisode 6).
Il nous est montré tous ces moments de la vie, ces moments furtifs, fugaces, parfois ce dixième de seconde, mais néanmoins conscient, durant lequel une voix intérieure nous intime un "non, n'y vas pas" que malheureusement nous ne suivons pas ; tel est un des exemples de la finesse de ce que la série nous offre.
Si elle retrace l'histoire du tueur, elle montre aussi, et cela mérite d'être souligné, les complices, les victimes et l'époque dont Charles-Alain a su profiter. Car les complices et victimes sont tout aussi important.e.s que le tueur lui-même.


Rythmée et montée maille après maille, un rang en avant un rang en arrière, un point à l'endroit un point à l'envers, la série joue sur le temps, chapitre après chapitre, le mode opératoire de Charles Sobhraj et la vrille psychique de Marie-Andrée, dont la première marche aura été sa dénomination puis renomination en Monique...


Le bémol de la série, selon moi, et ça me coûte de le dire, parce que je l'aime beaucoup, c'est Jenna Coleman, simplement parce qu'il aurait mieux valu caster une véritable québécoise plutôt qu'un alibi britannique pour la série - britannique elle aussi -, car à moins d'une surdité sélective et précoce, j'ai peiné à comprendre ce qu'elle disait quand elle parlait en français. Québécois n'aurait pas été plus simple, mais plus authentique.


Quoi qu'il en soit, je vous souhaite un bon visionnage, et gardez du temps pour regarder quelque chose de drôle juste après, car Tahar Rahim est vraiment excellent, jouant sur les nuances de cette structure si difficile à interpréter qu'est la perversion, et soutenant par ce travail de maquillage qui le déshumanise à souhait, autant qu'il déshumanisa ses proies.
Bonnes séances ou à binger...

Créée

le 6 avr. 2021

Critique lue 1.8K fois

8 j'aime

2 commentaires

Agyness-Bowie

Écrit par

Critique lue 1.8K fois

8
2

D'autres avis sur Le Serpent

Le Serpent
EricDebarnot
6

Un serial killer sur la piste des hippies...

Avouons-le, nous, Français, sommes un peu jaloux de la magnifique collection de serial killers dont nos amis Etats-Uniens peuvent se vanter ! Alors, quel plaisir que de découvrir l’histoire encore...

le 12 avr. 2021

26 j'aime

2

Le Serpent
SterlingArcher
5

Stylistiquement épurée, fondamentalement vaine

On a beaucoup de peine à se laisser envoûté par Le Serpent. Pourtant tous les ingrédients sont là; le casting, le décor phantasmé des 70s, les faits inspirés d’une histoire vraie, mais hélas, la...

le 5 avr. 2021

26 j'aime

1

Le Serpent
limma
6

Critique de Le Serpent par limma

Pépite, pépite, nous dit SC. peut-être pas. Il faudrait plutôt attendre un certain nombre d'avis avant les grandes envolées optimistes. Focus sur les années 75, la série met en avant le caractère...

le 4 avr. 2021

26 j'aime

2

Du même critique

Libre et Assoupi
Agyness-Bowie
9

Un film à l'humour thérapeutique

C'est vraiment sur un coup de tête que je suis allée voir "Libre et assoupi". Et j'ai eu bien raison. Partir de rien mais arriver quelque part, mais tout seul ... ou presque, aurait pu dire Groucho...

le 7 mai 2014

25 j'aime

Sous les jupes des filles
Agyness-Bowie
8

Et la femme créa la femme

Je sors de "sous les jupes des filles", donc de sous les miennes. Qu'ai-je vu ? J'ai vu 11 femmes, filmées comme on a tant filmé les amitiés masculines. Voilà un film intelligent, profond, aussi...

le 4 juin 2014

17 j'aime

The Giver - Le Passeur
Agyness-Bowie
7

Ce ne sont pas les émotions qui sont dangereuses, mais ce que nous en faisons...

Je sors à peine d'une séance de "The Giver" que j'entends déjà les critiques, avant même de les avoir lues !!!! Oui, c'est un film de SF assez basique, Oui c'est plutôt un film pour les jeunes ados,...

le 30 oct. 2014

15 j'aime

2