Mieux vaut Tsar que jamais

Sympathique docu-fiction pour qui s'intéresse à la révolution russe... Mais méchamment incomplet.

Ce docu-fiction, en fait, me fait un peu penser à un mauvais slasher, où on voit les personnages un peu bêtes, tomber dans les pièges les plus évidents.

"Non Niki, ne tire pas dans la foule, ça pourrait te rendre impopulaire."
"Non Niki, ne te laisse pas marcher dessus par ton oncle, tu vois bien qu'il y voit pas droit."
"Non Niki, ne te lance pas dans une guerre avec le Japon sur une révélation divine."
"Non Niki, ne prend pas la place de ton général en chef, dans une guerre où même ton général en chef n'arrive pas à remporter la moindre bataille."
"Et par pitié Niki, si tu pars à la guerre, évite au moins de laisser ta femme seule dans ton palais froid avec un moine mystique, alcoolique et doté d'un grand appétit pour les femmes. Les gens vont croire qu'elle se réchauffe avec."

Vraiment, qu'il est con ce Niki. D'ailleurs, la personnalité insupportable et buté de la famille impériale rajoute à ce sentiment d'avoir affaire à des personnages de slasher, qu'on aime détester pour mieux aimer voir mourir.

Toutefois, cet aspect rigolo malgré elle de la série, n'est ni vraiment une qualité de la série, ni vraiment un défaut que d'autres qualités rattrapent...

En fait, la série est extrêmement incomplète.
Quid de la révolution de 1905, avant la 1ère guerre mondiale ??? Alors oui, le "parlement" qui en a résulté était un joujou d'apparat, mais quand même. C'est à peine évoqué, alors que, certes, ça ne plaisait pas à Niki, mais ça divisait certains membres de l'aristocratie. Un oncle machin a même menacé de se tirer une balle si Niki refusait ce parlement.
Dans cette série toute l'aristocratie a l'air de suivre Niki comme un chien son maître, alors qu'en réalité elle était très divisée, et pas seulement sur le cas de Raspoutine.

Puis, assez paradoxalement, cette série qui tente d'humaniser la personne du tsar, met de côté sa seule qualité notable : son pacifisme. Oui oui. S'il était un tyran sanguinaire avec son peuple, Nicolas II était pas super chaud-chaud pour faire la guerre aux autres puissances mondiales. Sa défaite face aux japonais, y étant pour quelque chose, mais pas que... Il tenta plusieurs appels de pieds pour appeler au pacifisme, sans plus de réussite. Un élément non évoqué dans la série, à l'instar, d'ailleurs, de toutes les relations diplomatiques de la Russie tsariste.

Cette série est ainsi une belle, mais pauvre reconstitution de l'époque, qu'on imagine, après visionnage, essentiellement destinée aux non-initiés. Dommage.