Cette série est agréable, car les personnages sont très attachants - même la tête de con du patriarche, les intrigues intéressantes et les acteurs réellement excellents.


(et puis Ayelet Zurer, mama mia, même avec une perruque et la tenue sac à patates, elle fait le même effet que Roch Voisine à Renaud. Ma mère avait raison, j'aurais dû me faire rabbin, pam pam).


Par contre, question crédibilité, je vais rester très prudent. Je ne connais rien ou presque du milieu ultra-orthodoxe juif, mais le tableau d'ensemble m'a l'air bien idéalisé sur pas mal de points : l'absence de routine n'apparait pas, alors que chaque jour ressemble au précédent, chaque semaine est marquée des mêmes repères etc... La vie juive pratiquante est extrêmement rigide et scandée par son calendrier, on ne le voit pas réellement ici.

La place de la femme tout de même bien réduite, pas exclusivement mais presque, à la fonction reproductrice dans le judaïsme hassidique est évoquée, mais vite fait et sans que les problèmes n'en soient réellement (manque d'argent, grossesse et/ou paternité non désirés...).
Enfin, et c'est un parti-pris évident des auteurs compte tenu du sujet, la série n'insiste vraiment pas sur... la religion. On ne voit pas beaucoup de scènes de shabbat, aucune de mémoire, ou alors fugacement, sur les grandes fêtes juives telles que Kippour, très peu de scène de prières ou dans une synagogue... Bon, je pense que l'idée était de ne pas trop verser dans le côté folklorique, puisque justement la motivation des auteurs est de montrer que les ultra-orthodoxes ne sont pas des extra-terrestres, et qu'eux aussi boivent, fument, rigolent, aiment etc. Un peu de la censure par omission, mais bon.


N'exagérons pas non plus, beaucoup d'aspects sur la société israélienne apparaissent dans la série, comme par exemple les relations (compliquées et a minima) entre les laïcs du XXIe siècle et les religieux bloqués sur leurs usages polonais du XVIIIe siècle. Le rapport schizophrénique des ultras avec l'Etat d'Israël ou la diaspora qui a un pied en dedans et un autre en dehors du pays sont aussi assez bien évoqués.


Bref, j'étais resté sur le Kadosh d'Amos Gitai, lui aussi bien tranché dans son tableau, mais exactement dans le sens inverse. Peut-être qu'en mélangeant Shtisel et Kadosh on obtient un reflet plus ou moins fidèle de la réalité ?

openupandbleed
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le 4 juin 2021

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openupandbleed

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