Les Vidéo-tests du Hooper
7.9
Les Vidéo-tests du Hooper

Émission Web (2006)

Je découvris Hooper, ou devrais-je dire le Hooper selon la terminologie officielle, totalement par hasard en 2008 sur Dailymotion. Des vidéos sur les jeux de la série Zelda sur la console CDI de Philips, réputés pour être ridiculement mauvais. Je ris bien, mais sans prêter plus attention que cela à l'auteur de la vidéo.


Quelques mois plus tard, faisant une recherche Dailymotion sur Sonic (série de jeux qui marqua fortement mon enfance), je tomba par hasard sur son "vidéotest" du premier jeu de la série. Je reconnus l'individu et fus instantanément épaté par sa petite présentation. Il parvenait à retranscrire exactement ce que représentait ce jeu pour les enfants de notre génération, nés dans les années 80. Je me retrouvai de façon étonnamment précise dans ses propos.


J'alla donc voir d'autres vidéos de l'auteur sur des jeux que je connaissais, c'est à dire essentiellement des jeux des années 90, et tomba immédiatement sous le charme. Ce qui me bluffa le plus dans un premier temps, c'est que je tombais en accord total avec la quasi-totalité de ses analyses des jeux de cette époque, j'eus la sensation très étonnante d'avoir vécu exactement la même vie que lui. Je me retrouvais totalement dans toutes ses opinions sur Streets of Rage 2, Goldeneye 64, Super Mario Kart, Sonic Adventure, Soul Calibur, Street Fighter 2, Heart of Darkness, Aladdin, Earthworm Jim, et bien d'autres jeux. Il fut assez impressionnant pour moi de constater qu'à chaque fois que je regardais une nouvelle vidéo de lui, il m'ôta les mots de la bouche sur tous les points. Il s'agit d'un sentiment assez rare qui donne l'impression d'une connexion mentale avec l'auteur.


La deuxième chose qui me frappa particulièrement, c'est de voir à quel point, lors de ses tests, Hooper était dans le jeu. Il ne le commentait pas de façon totalement détachée comme on eût pu le voir chez d'autres testeurs de jeux vidéo, on voyait au contraire qu'il était pris par l'action. Ce qui eut pour effet de ressusciter en moi des souvenirs enfouis qui n'étaient pratiquement pas remontés à la surface depuis dix ou quinze ans : j'eus la sensation de me retrouver des années en arrière, lorsque nous jouions aux jeux à plusieurs derrière la télé, entre copains. (Y compris sur des jeux qui n'étaient pas multijoueurs.) C'est très exactement ce que Hooper me fit revivre : l'impression de me retrouver derrière la télévision, à onze ou douze ans, à côté d'un pote qui joue.


Et la troisième chose qui me frappa, ce fut le Hooper en tant que "personnage" : son accent du Sud-Ouest particulièrement marqué, ses expressions, ses délires... Cela renforça le point précédemment mentionné, puisqu'il se trouve que dans les années 90, j'avais des amis (avec qui jouais aux jeux video) du Sud-Ouest qui avaient une façon de s'exprimer très proche de la sienne (si bien que je me suis demandé s'ils avaient pu se connaître, mais après vérification il s'agissait bien d'une coïncidence). Hooper mariait à la fois un langage familier et une bonne expression malgré tout, avec du vocabulaire. Et tout ceci en demeurant totalement naturel. On voyait bien qu'à aucun moment Hooper ne jouait la comédie ou ne se forçait. Ce n'était pas le cas de tous les vidéastes.


Voici ce que furent mes premières impressions. Elles demeurent aujourd'hui. Mais cela ne s'arrête pas là. Au fil des années, j'ai suivi (de façon plus ou moins régulière) son travail de vidéaste et j'ai appris à le connaître de mieux en mieux. Mon opinion a toujours été de plus en plus positive. Je me souviens par exemple de sa vidéo de Another World qui me fit éclater de rire. Ou encore de son blocage dans la découverte de Limbo. Ou encore de son avis sur la série Retour vers le futur que je partage. Ou encore de sa mise au point à laquelle je souscrivais totalement dans cette vidéo (à partir de 18mn30).


Avec les années, le principe de faire des vidéos sur les jeux vidéo s'est de plus en plus développé, surtout sur Youtube. Mais au sein de cette nébuleuse, Hooper a toujours été à part. Il n'a jamais suivi les modes. Il a toujours fait très exactement ce qu'il avait envie de faire, traçant son petit bonhomme de chemin, indifférent aux pressions du public, aux critiques ou aux tendances. Il n'a pas de compte de Facebook. Pas de compte Twitter. Pas de compte Instagram ou Snapchat. Il ne vous demandera jamais de vous abonner ou de laisser un pouce bleu. Il ne montre pas son visage (sauf au bout de 10 ans, pour l'anniversaire de ses vidéos) et on ne sait rien de sa vie privée. Il ne diffuse même pas ses vidéos sur Youtube, mais sur son site personnel, via Dailymotion. Il a fait un passage sur Youtube entre 2009 et 2011, a dû partir à cause de problèmes de droits d'auteurs.


Son passage sur Youtube lui valut un certain succès. Et malgré ce succès qu'il put avoir à certains moments, il n'a pas peur de faire des vidéos qui ne plairons qu'à un nombre restreint de personne, quitte à se retrouver en petit comité. La mode est aux vidéos dynamiques ? Hooper prend son temps. La mode est aux vidéos sur les dernières sorties ? Hooper peut faire des vidéos sur des jeux sortis il y a cinq, dix, vingt ou trente ans. (Pire : Il publie parfois des vidéos plusieurs années après les avoir tournés !) La mode est de flatter son public ? Hooper ne le caresse pas spécialement dans le sens du poil. La mode est aux vidéos courtes, avec beaucoup de cuts ? Hooper fait des vidéos pouvant parfois durer une dizaine d'heures, sans cuts. Hooper se retrouve bloqué dans un jeu ? S'il faut passer une heure à tourner en rond avant de trouver la solution, Hooper restera une heure à chercher, sans tricher (sauf cas de force majeure, assez rare) et sans montage dans la vidéo.


Et pourtant, on s'ennuie rarement. Comment un tel miracle est-il possible ? La réponse est simple : Hooper. C'est un vrai passionné, il se fait plaisir et cela se ressent dans chacune de ses vidéos. Né en 1980, il est un peu plus âgé que beaucoup de vidéastes, il a donc une plus grande expérience, il maîtrise très bien son sujet, il a testé et teste encore énormément de jeux différents. Sur son site, on trouve toute sorte de vidéos comme par exemple des "reviews" (présentation et avis sur un jeu) ; des "direct live" (vidéo où Hooper a enregistré en même temps qu'il découvre le jeu) ; des "défis", des "unboxing" ou encore des "épopées", concept inventé par Hooper qui mérite qu'on s'y arrête un instant...


Le principe d'une "épopée", à la base (car cela a changé) était le suivant : Hooper tente de finir un jeu qu'il ne connaît pas, d'une traite. Mais lorsqu'on dit "d'une traite", il s'agit bien de cela : mis à part des petites pauses toutes les deux heures, il ne s'arrêtait pas un jour pour reprendre le lendemain. Il s'agissait bien de faire l'intégralité du jeu en une fois, une seule après-midi/soirée/nuit, et ce même si épuisement il y a. Précisons néanmoins que c'était le concept original, car Hooper, au bout de quelques années, ne pouvant plus tenir le coup physiquement, l'a assoupli en s'autorisant à faire des épopées sur plusieurs jours. (Le concept s'est donc désormais rapproché de ce qu'on appelle de nos jours un "let's play".)


Je tenais à m'arrêter un instant sur le concept des épopées car la première vidéo de ce genre qu'il réalisa fut sur le jeu Super Castlevania IV, en 2009. Et cette vidéo culte, qui dure environ 7 ou 8 heures (divisés en 5 parties) est resté dans les annales du Hooper, car c'est l'une de ses meilleures, et c'est un avis partagé par la plupart de ceux qui l'apprécient. Une véritable expérience humaine. Donc je vous conseille fortement de la regarder malgré sa longueur, elle vaut plus le coup que Voyage au bout de la nuit ! (Voici le lien.)


D'autres vidéos sont devenues cultes, et ce n'est pas forcément lié à la qualité du jeu. Par exemple sa série de vidéos sur La Grande évasion, jeu assez médiocre s'il en est, fait aussi partie des vidéos que son public apprécie tout particulièrement.


Depuis que Hooper a commencé, c'est-à-dire depuis 2006, il a réalisé toutes ses vidéos à partir de jeux qu'il possède, dans leurs conditions officielles, sur un vrai téléviseur (sauf dans le cas des jeux PC bien sûr) jamais à partir d'émulation. Et vous trouverez vraiment des vidéos sur des tas de jeux et de supports différents allant du dernier blockbuster dernière génération à l'Atari 2600 en passant par la Saturn, le Mega-CD, la GX4000, la Neo-Geo ou encore la PC Engine.


Je crois que fondamentalement, ce qui rend Hooper aussi bon, c'est qu'en tout domaine, il est indépendant dans son jugement. Il accorde relativement peu d'importance à l'avis des autres : il pense par lui-même. Et comme il est loyal envers ses valeurs, cela fait de lui quelqu'un d'intègre. Dans le domaine vidéoludique, j'ai vu des bons vidéastes, mais je n'en ai jamais vu aucun lui arriver à la cheville. Hooper, c'est la passion du jeu vidéo à l'état pur.


Site officiel de Hooper, où vous retrouverez tout son contenu.

gio
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le 26 juil. 2017

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