Un hommage honorable

Magical destroyer n'est peut-être pas parfait, mais les critiques à son encontre sont injuste.

Beaucoup ont été surpris de voir que l'animation de la série n'est pas la même que celle de l'OP (alors que les OP sont presque toujours mieux animés et adoptent parfois un style différent), l'animation et même le dessin sont pauvre c'est vrai (sauf lors de certaines scènes d'actions), mais c'est un anime expérimentale, je préfère largement un anime moche mais qui fait preuve d'originalité et a quelque chose à transmettre (j'allais dire message mais cela serait erronée car c'est aussi un hommage) à un anime beau qui n'a rien à raconter (demon slayhum hum hum).

Ma première partie abordera l'hommage, tandis que ma deuxième (qui contiendra des spoilers) le message.

Il s'agit d'une grande parodie des animes des années 2 000 (y compris des défauts de ces derniers) et qui rend hommage à toutes les époques du mouvements otaku aussi différentes soient elles les unes des autres, pas de nostalgie gratuite, chaque époque s'additionne pour enrichir le mouvement, c'est abordé de manière plus explicites dans les épisodes 4 (conflit entre vieux et jeunes otakus) et 5 (rencontre d'un fana, une sorte de pré otaku) mais tout l'anime est empreint de références à divers animes de diverses époques (j'ai n'ai moi-même pas toute les réréférences, mais je peux dire qu'il y a du goldorak, du urusei yatsura, du FLCL, no game no life, une parodie d'alpinisme à l'épisode 5, et bien évidement du harem et du magical girl).

Bien qu'il n'y a pas de référence directe à otaku no video (deux oav du studio Trigger) je ne puis m'empêcher de voir dans cette anime une réactualisation de ce de dernier, si ce n'est une critique, otaku no video présentant pour proprotagoniste l'otaking (un otaku qui devient milliardaire, otakuise le monde et fait de la SF une réalité), alors que otaku hero (le protagoniste de magical destroyer) est un otaku anarchiste dans l'esprit du zenkyoto (Mouvement de protestation étudiants japonais organisé de manière décentralisé, regroupant divers marxistes et anarchistes reprochant au parti communiste de trop délaisser l'aspect lutte des classes au profits de luttes de droits civiques, ce mouvement a beaucoup utilisé les mangas et quasiment tout les grands mangakas et réalisateurs d'anime jusqu'aux années 90 en sont issus ou ont été influencés par ce dernier, le manga a été une manière de continuer la lutte malgré l'échec du Zenkyoto).

De ce fait je pense que vous l'aurez compris cet anime vise un très petit public très petit, je vois mal l'intérêt de voir magical destroyer quand l'on a pas toutes les connaissances (et encore je suis dans le milieu depuis 1an seulement, j'ai beaucoup à apprendre), et encore moinsccomment on pourrait être sensible au message qu'a à transmettre l'anime. C'est donc sans surprise que j'ai constaté que beaucoup de gens ne pas comprendre la fin (après personne n'aime les fins d'anime, tout anime confondu, j'ai l'impression), on passe donc à la seconde partie.

ALERTE SPOILERS

Si vous continuez je considère que vous avez déjà vu l'anime ou vous enfichez d'être spoiler, je vous aurai prévenu.

Au début de l'anime j'étais sceptique, certes il est arrivé à plusieurs reprises que la société organise une chasse aux otakus (après la crise aux années 90 au Japon combiné à l'affaire Miyazaki par exemple) en ce sens la date de 2008 n'est pas anodine, les otakus étant souvent accusés d'être responsables des problèmes économiques (hors Japon aussi avec les "NEET") mais cela me semble dépassé, le problème actuel des otakus c'est le fait que leur culture axé sur le fait d'être marginal n'est plus marginal (enfin partiellement, certains aspects et genre restent exotiques) pas le fait d'être rejeté. Attention, je n'ai aucun problème avec le fait qu'un grand nombre accède à cette culture, le problème c'est qu'elle est subvertie, s'uniformise et meurt de l'intérieur. Mais au final contre toute attente c'est bien là où en arrive l'anime, shoBon le patron de SSC (qui détruit la culture otaku et les envoient dans des camps de concentration) étant en fait un otaku raté qui a fait un jeu vidéo impopulaire puis qui décide de détruire la culture otaku pour faire un jeu vidéo parfait pour la déesse du passe temps, faisant en sorte que l'anime suive précisément le scénario de son storyboard, et les magical destroyers étant en fait ses propres créations pour détruire les otakus.

Une belle métaphore de la loi du marché (la déesse étant la demande et shoBon l'ofreur)et de comment l'industrie du divertissement détruit la culture otaku en cherchant à se faire des bénéfices sur cette dernière, suit son agenda caché, et comment les otakus y contribuent eux-mêmes à cette agenda caché malgré eux (pensant à tord faire mal au système quand en réalité ils l'aident, menant non pas une révolution mais un spectacle de révolution). Au final à la toute fin il est beau de voir que otaku leader 2ème du nom (une référence au film akira?) se retrouve à combattre habillé en anarchiste à combattre une magical girl anarchiste, l'anarchiste devant combattre le spectacle d'anarchisme que vendent les capitalistes au sein de leur société de consommation pour hypnotiser la population.

Pour conclure. On dit souvent "le capitalisme nous vendra la corde pour le pendre", je préfère dire : les marginaux épris de révolution achèteront un film de révolution plutôt que d'en faire une.

Donc comme le dit l'anime à la fin "continuez d'aimer", otaku battez vous contre cette caricature de vous même que veut vous vendre la société, ne pas le faire c'est cesser d'aimer ce qu'on aime, renoncer à sa liberté.