Maniac
6.5
Maniac

Série TV2 (NO) (2015)

Je me suis lancé dans cette petite série norvégienne sans rien connaître de son sujet. Seul le format 30 minutes par épisode et 1 saison a retenu mon attention, car adapté au peu de temps que je consacre aux séries. Les deux créateurs derrière ce projet ne sont autre que deux des trois protagonistes principaux. Les personnages portent d’ailleurs leurs véritables noms (Espen et Hakon).


Le pitch est simple puisque l’on suivra les pérégrinations d’Espen dans différents genres cinématographiques à chaque épisode. Le hic, c’est que ces aventures ne se déroulent uniquement que dans sa tête et qu’il est interné depuis un an dans un hôpital psychiatrique. Une nouvelle psychiatre va s’attarder sur son cas et chambouler ses aventures pour découvrir ce qui a mis Espen dans cet état. L’enjeu est doublement important car le directeur pense que le cas est irrécupérable et qu’il est préférable de l’interner dans un établissement sécurisé.


Ce qui frappe avec Maniac, c’est l’énergie déployée par les acteurs, qui semblent s’éclater à parodier quantité de films. Mention spéciale à l’actrice incarnant Mina, d’une délicatesse remarquable à l’hôpital pour ensuite incarner une SS diabolique aux relents SM par exemple (clin d’œil à Ilsa ?). L’humour fonctionne fréquemment sur ce décalage entre monde fantasmé et réalité morose. Le dispositif est un peu facile et redondant mais il a le mérite de faire son petit effet. Je me serai passé du gimmick sonore pointant chaque transition mais c’est de l’ordre du détail.


L’intérêt de la série réside essentiellement dans ses parodies forcément inégales. Je préfère les épisodes consacrés à la Sitcom, aux feuilletons TV et aux Teen Movies. Les codes sont détournés intelligemment, les acteurs en font des caisses et l’intrigue est resserrée au minimum. A l’essentiel. Espen et Hakon se cassent davantage les dents sur les parodies de films de guerre ou de zombies, la faute à un budget que l’on imagine limité et un manque de moyens flagrants. Le résultat est cheap et quelques références proches annihilent l’intérêt (Shaun of the Dead et Zombieland par exemple).


La série n’est cependant pas qu’une suite de sketchs car Espen évolue au fil des épisodes. Tiraillé entre la liberté de vivre ses rêves seul, quitte à être interné et affronter la réalité bien plus morose et triste. Ce fil rouge, qui traîne un peu des pieds (on ne va pas se mentir), aboutit sur un épisode 9 très réussi. Malgré l’aspect fauché de cette relecture du western, les créateurs livrent un bel hommage à Sergio Leone sur un duel final remarquable d’intensité avec 3 francs 6 sous. Une réussite qui vaut à mon sens, à elle seule, le visionnage de la série.


Hélas ce final semblant parfait est entaché par un épisode 10 me paraissant assez inutile.


Pire, le final donne raison à l’antagoniste. Je trouve cela assez cruel et désespéré, bien que je puisse entendre ce que les créateurs, amoureux de cinéma, cherchent à démontrer.


L’explication de la bascule d’Espen est également décevante. En tout cas un brin facile. Et réutilisé maladroitement à mon sens dans le dernier épisode. J’ai presque eu la sensation que les créateurs se laissaient une porte ouverte pour une éventuelle saison 2 qui me paraît sans intérêt.


Un ending laissant un goût amer mais n’effaçant pas les nombreuses qualités de cette petite série qui ne paye pas de mine mais livre de bons moments (souvent drôles, parfois touchants). Ce sera intéressant de faire le comparatif avec le remake américain de Patrick Somerville.

Tchitchoball
6
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le 13 nov. 2021

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