"Personne ne dit à quel point cette ville est belle. Personne."

Alors OUI. Me revoilà, prête à recevoir des pierres.
Ouais, bah ouais, j'ai mis 6 à Marseille, ouais. Et si t'as un problème, j'm'en balance, ou alors laissez-moi d'abord vous expliquer.
Comme tout le monde, j'ai été la première à me poiler au visionnage de la saison 1 y'a deux ans. Parce que la claque était tellement énorme qu'un autre résultat aurait été étonnant, et que pour donner dans le french bashing, y'a pas à dire : les Français sont les meilleurs eux-mêmes. Si j'avais balancé un gros 4/10 dans la tronche de la série, deux ans plus tard, elle a gagné deux points. C'qui est plutôt pas mal. Avec le recul, j'ai pu enfin jauger plus objectivement le show de Siri (aka le papa de Cloclo, qui lui-même n'était pas si mauvais), soyez pas de mauvaise foi.

Pourquoi 6 ? D'abord pour Gérard Depardieu et Benoît Magimel, un tandem qui, quoique bancal pendant toute la durée de la première saison, a un potentiel à l'écran nettement mieux utilisé dans la deuxième saison. Gégé l'immortel me vend toujours du rêve, et je le trouve plus que crédible en nouveau Pasqua maire de Marseeuheille qui tient la maison depuis 20 piges en essayant de s'accrocher à des valeurs intemporelles défendues par les autorités de la ville. C'qui peut largement se comprendre, hein. Parce que oui, cette putain de ville, avant de devenir un repaire de kalach' et autres joyeusetés des quartiers nord, possède un réel charisme, que la photographie parvient à capter sans trop de peine. On aime voir Marseille, à l'écran. Son port, comme ses cités pourries, et plus encore les vues de son relief couplé à celui de la Méditerrannée depuis les hauteurs. Cette série est belle, bordel. Visuellement, elle reste impeccable, propre, bien loin de la plupart des séries françaises et téléfilms à la TF1 qui se la pètent plus qu'autre chose alors qu'y a pas grand-chose à voir. Ici, si. Ou alors vous avez de la merde dans les yeux.

Magimel pose problème dans la saison 1, mais on va pas y revenir, on a COMPRIS (cheveux, accent, expression faciale en monogamie parfaite, scènes de baise gerbante, répliques douteuses...). L'acteur se corrige largement dans la deuxième saison : plus sobre, plus dans la retenue, son personnage en redevient largement sympathique, et c'est seulement alors que le tandem avec Gégé reprend du service.

Il faut louer l'équilibre politique (délicat en France) qui est maintenu dans la série avec une certaine qualité. Mention spéciale au Parti Français (aka le FN, quoi), interprété par des acteurs évoquant sans mal Gilbert Connard ou Collard, c'pareil, Marion Maréchal-Lepen et Florian Philippot. On y croit, là encore, avec quelques maladresses rapidement corrigées dans la trame au fil de la série (et moins manichéen qu'on ne le pense malgré les attaques récurrentes au parti, grâce au personnage de Jeanne Coste, probablement l'un des plus aboutis). Rachel Taro continue de faire de la merde avec une histoire d'aide aux migrants pas très crédible (mais temporisée là encore par certaines répliques grinçantes et bien placées, du style : si l'gamin était pas le nouveau Mozart, jamais tu te serais intéressée à son cas, connasse), et Julia Taro est campée par une actrice toujours autant insupportable (et certainement pas aidée par son personnage fouille-merde).

Alors ouais, y'a toujours des gens qui servent à RIEN, toujours des répliques hyper maladroites voire risibles, mais certains retournements de situation sont BONS. Et même si cela n'a rien de transcendant, la série se regarde vite et bien (parce que faut pas déconner, 8 épisodes de 40 minutes ça passe largement, me faites pas croire que vous vous êtes jamais coltinés trois saisons de série moisie à 25 épisodes chacun).
S'il y a une saison 3, ce que je souhaite, j'espère qu'elle restera au moins à ce niveau-là. Parce qu'on oublie un peu trop qu'à force de bouffer de la série américaine par tous les pores, nous aussi on a des acteurs sympas et des paysages dantesques.

Et puis c'est un peu le Game of Thrones français, non...? Non ? Non, j'm'emballe, là.

PS : Mention spéciale pour le générique, parce que c'est juste de la bombe.