Move to Heaven
7.8
Move to Heaven

Drama Netflix (2021)

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Thèmes : Famille / Deuil / Mémoire / Solitude / Résilience / Autisme
Romance : 0 % / Bromance : 70 % / Paternalisme : 0% / Féminisme : 30 %
*


Geu-roo est un jeune homme atteint du syndrôme d'Asperger. Avec son père, Jung-woo, ils prennent en charge le "déménagement" des affaires des personnes décédées, qu'ils remettent à leurs proches. Lorsque Jung-woo meurt brutalement, la tutelle de Geu-roo passe à son oncle, Sang-koo, qui sort tout juste de prison...


Une merveille solaire toute en douceur et très poétique, sur le deuil, la famille et plus précisément les liens qui nous lient les uns aux autres. Ça faisait un petit moment que je n'avais pas vu de série aussi tendre et attachante, triste aussi mais pleine d'espoir. Elle parle beaucoup de la mort bien sûr, mais aussi de la solitude, plusieurs "clients" de l'entreprise décédant dans la plus grande discrétion, abandonnés de tous. Elle parle des souvenirs, de la mémoire et de ce qui reste une fois l'être cher disparu (la fameuse boîte que Geu-roo et son père remplissent des quelques souvenirs les plus précieux de la vie de chacun de leurs clients) et de comment on surmonte les épreuves, comment on fait notre résilience. D'autres thèmes sont abordés comme le harcèlement, les violences conjugales et les féminicides, les difficultés d'être homosexuel aujourd'hui en Corée du sud, ou encore l'abandon...


La série s'attache donc à suivre, au gré des 10 épisodes, des personnages auxquels Geu-roo, son père et son oncle vont venir en "aide" une fois disparus. Leurs histoires sont souvent tristes et émouvantes, typiques de nos sociétés modernes et plus particulièrement de la société sud-coréenne. On suit les histoires de ces personnages secondaires qui s'égrènent au fil des épisodes et qui viennent enrichir la trame principale : celle de Geu-roo, de son père et de son oncle.


Les trois personnages principaux de Move to heaven sont bouleversants : Geu-roo, socialement en marge mais inséré dans la société grâce à son père, Jung-woo, incarnation de la bonté absolue, et Sang-koo, l’oncle traumatisé par une enfance douloureuse… Les relations entre les trois sont poignantes, elles sont subtiles, toutes en retenue, très émouvantes. Entre l'oncle et le neveu surtout : entre le plus jeune qui a un syndrome d'Asperger et le plus âgé qui a désappris à aimer, que de murs... Les comédiens sont magnifiques, Lee Je-hoon en particulier, qui est tout en rage contenue, à fleur de peau.


J'ai beaucoup apprécié également le fait que la série aborde la thématique de l'abandon et de l'adoption à travers deux de ses arcs narratifs.


Le premier, l'un des clients de l'entreprise


adopté bébé par un couple aux Etats-Unis, élevé comme un Américain puis renvoyé en Corée du Sud à l'âge adulte car dossier d'adoption jamais finalisé, seul et abandonné de tous, dans un pays qu'il ne connaît pas... A travers lui, la série livre un plaidoyer pour ces enfants, ces adultes, dans la même situation...


Le second,


Geu-roo lui-même, abandonné bébé et adopté par la famille du pompier qui lui a sauvé la vie.


Le drama envoie valser les sacro-saints liens biologiques et nous dit que la famille n'a rien à voir avec les liens du sang et avec les gênes. Les fils rouges indestructibles entre certains des protagonistes du drama m'ont réchauffé le cœur. Et le lien racine entre Geu-roo et son père qui passe à son oncle, tout en empruntant le chemin tortueux des traumatismes du passé et des blessures toujours à vif, c'est particulièrement beau.


La série est rythmée par le "handicap" des personnages principaux : l'autisme de Geu-roo qui l'empêche d'appréhender le quotidien autrement qu'à travers ses habitudes, mais étonnament adaptable aussi car mu par le souvenir et les mots de son père qui le porte encore malgré son absence, les traumatismes d'enfance de Sang-koo qui ont conditionné sa destinée, entre solitude, réserve et estime négative de soi (il n'y a qu'à voir sa réaction lorsque la jeune assistante sociale lui sert la main : c'est sans doute la première fois qu'on lui témoigne de la considération). Ce personnage est plein de pudeur émouvante, tout comme Jung-woo, qui n'a jamais réussi à se raccomoder avec ce petit frère et


qui laisse un message vidéo émouvant à son fils...


Les gestes, les regards sont complètement habités. Je pense surtout à Lee Je-hoon qui est juste déchirant dans le rôle de Sang-koo, le boxeur pudique qui est toujours un petit garçon perdu... Les personnages sont tous attachants (je n'ai pas parlé de Na-moo, la voisine choupi qui défend Geu-roo bec et ongles), c'est plein d'amour et de bienveillance et ça remue aussi parce que ça aborde des thèmes pas faciles...


Niveau construction, les scénaristes ont eu l'intelligence d'articuler les histoires propres à chaque client de Move to Heaven à cheval entre plusieurs épisodes (on n'est pas dans le "1 épisode =1 histoire"), en faisant mener à Geu-roo, Sang-koo et Na-mu des "enquêtes" sur chacun, avec en parallèle une douce progression des relations entre les principaux protagonistes.


Visuellement, la série est belle, jouant sur les contrastes entre la ville et ses plans larges en plongée des quartiers quand le petit groupe se rend en voiture chez un client, et le petit appartement intimiste où vivent les garçons. Des milliers d'âmes en souffrance potentielle et cette petite camionnette qui parcourt les ruelles pour panser les blessures de ceux qui restent et tenter de reconstituer le puzzle de vies perdues. Ils arrivent après, lorsque l'étape ultime est déjà survenue, et pourtant, ils arrivent à soigner et à réparer... Et tenter eux mêmes de faire leur résilience... C'est vraiment beau et touchant.


Seul point négatif, c’est court ! Beaucoup trop (10 épisodes contre les 16 habituellement). Et la fin est un peu mystérieuse pour moi,


avec cette jeune fille et le papillon,


car je suis frustrée de ne pas saisir sa signification... Toutefois, elle concourt à apporter une touche de poésie à ce drama chargé d’émotion, délicat, pudique, tout en retenue, pétri d’humanité et de bienveillance. Une série empreinte de douceur, de rires, gorgée d'espoir et de renouveau. Une série qui guérit.


*Voir page d'accueil de ma liste pour plus d'explications : https://www.senscritique.com/liste/Kdramas_vus/2850094

ElizzZed
8
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le 16 déc. 2021

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Aglaé Brisetin

Écrit par

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