Apple TV, machine à café, 10h13 AM :
"Tu connais l'histoire de paf le chien ?
Bon vite fait, tu vois, y a un jeu de mot avec paf et c'est ça qui est drôle, t'as compris ?"
"Ah j'en ai une autre : c'est un enfant qui n'a pas de bras, et sa mère ne veut pas qu'il mange du chocolat, parce qu'elle est vraiment pas sympa. Trop délire"
"Ah sinon j'ai le pitch de la série Murderbot : on entend les pensées d'un robot en voix off. Ses pensées, ce sont des réflexions de beauf sur les humains. C'est vachement rigolo non ?"
Non.
Une vanne, comme une histoire, ça se vend, ça se construit.
Murderbot se caractérise par un étrange manque de tempo comique, ce qui fait que rien ne fonctionne vraiment.
Par exemple, au lieu de mettre en place des running gags, les vannes récurrentes sont traitées à chaque fois comme un one shot. Alors que , précisément, prises isolément elles ne sont pas drôles.
D'ailleurs les "ressorts comiques" sont inlassablement les mêmes à chaque épisode, et même si ceux-ci sont courts (20 minutes), ça ronronne vite. Ce sont plus des ressorts de bic 4 couleurs que des suspensions de Citroën.
Ce show semble s'employer à n'aller au bout d'aucune de ses idées. Ni l'univers, ni les "mystères" de l'intrigue, rien n'est complètement assumé, rien n'est suffisamment travaillé pour prendre de la consistance, rien n'est mis en valeur. Tout est esquissé paresseusement, et livré mal dégrossi avec l'étiquette : "là vous voyez, c'est censé être drôle" ou "vous voudriez pas vous attacher à ce personnage ? Allez, s'il vous plaît. On savait pas comment faire" ou encore "là ça fait piou piou, c'est de l'action. Si, c'est de l'action, je vous jure".
C'est mal filmé, les valeurs de plans semblent complètement aléatoires, souvent cadrés "à l'épaule tremblante", ou avec une caméra juste posée dans un coin. La photographie vaguement ocre et grisâtre est franchement dégueulasse. Et les comédiens semblent ne pas vraiment savoir ce qu'ils font là. Ils en font trop et comme ça tourne à vide, c'est juste cringe. Surtout ce pauvre Skarsgård qui se trouve souvent réduit à une monoexpression de lapin dans les phares, alors que paradoxalement je suis sûr qu'il a un vrai potentiel clownesque, si on le laissait s'exprimer un peu plus.
Seul Dastmalchian mérite vite fait le coup d'oeil, avec un personnage (volontairement) malaisant dont il a le secret. Mais à 10% de ses capacités.
L'épisode 4 apporte un brin de variété aux situations et un brin de couleur à l'image, mais malgré cette palpitation inattendue, on reste dans le domaine du plan plan.
Ils n'y croient pas trop, je n'y crois pas trop, ils ont leur intermittence à boucler et moi j'ai une insomnie à combler, mais tout le monde regrette un peu d'être gentiment posé là.