Une surprise

Je ne m'attendais pas à grand-chose en démarrant My ID is Gangnam Beauty mais la série a réussi à m'accrocher. L'intrigue n'est pas d'une extrême originalité, et la romance non plus. Il n'y a même pas de vraie tension de triangle amoureux malgré les tentatives du scénario et des personnages. Mais My ID is Gangnam Beauty sort son épingle du jeu par des thèmes plus profonds que ce à quoi je m'attendais.

Dès les premiers épisodes, la réalisation nous fait vivre des moments vraiment très malaisants : je me suis personnellement beaucoup reconnue dans l'héroïne qui tente de vivre une nouvelle vie après un passé difficile de harcèlement scolaire, et qui doit affronter son anxiété sociale couplée à son manque de confiance en elle. Évidemment, elle est dès le départ la cible d'un mec plus vieux qui la manipule et la coince dans une situation qu'elle ne souhaite pas. Et à côté de ça, on a un protagoniste masculin de vingt ans qui se saoule en solitaire (avec une décontraction née de l'habitude qui rend vraiment cette consommation malaisante) et qui semble vraiment complètement déconnecté de ce premier jour de fac.

Un cocktail pour le moins surprenant, puisqu'on aborde des sujets finalement assez sombres d'entrée de jeu.

Les thèmes évoqués et leur traitement m'ont vraiment (agréablement) surprise, je ne m'attendais pas à ce que ce soit aussi "profond" dans un drama romantique. Je pense que ça aurait pu aller encore plus loin, mais le boulot fait à ce niveau n'est déjà pas si mal. Encore une fois, il y avait des moments de malaise intense, parce que trop réels : les remarques sur les corps des femmes, le fait de ne pas leur laisser le choix, l'ambiance un peu "bizuth" de l'université avec les anciens qui font leur loi mais aussi la violence conjugale, le harcèlement scolaire, les troubles alimentaires, les pensées suicidaires, la pauvreté (même si ce sujet est trop vite oublié et expédié à mon goût)...

La série prend vraiment le parti de défendre les femmes, et j'ai trouvé ça rafraîchissant. En dénonçant les diktats d'une société beaucoup trop ciblée sur l'apparence, elle redonne le pouvoir à ces jeunes étudiantes qui se confrontent à ces obstacles au quotidien. Et petit à petit, leur sororité amène des changements dans leurs groupes d'amis et dans le contexte universitaire. Girls support girls, et ça fonctionne.

La romance en elle-même est longuette et très naïve. J'étais embarrassée pour les personnages (que je surnommais Dumb et Dumber) et leurs bourdes commises dans des tentatives de séduction hasardeuses, mais c'était en raccord avec leurs personnalités et leur passif. Leur maladresse avait quelque chose de très frustrant, mais aussi d'assez touchant, même si je n'ai pas forcément été très sensible à l'aspect comique de certaines péripéties.

J'ai trouvé quelques sous-intrigues un peu expédiées, ce qui amenait à la disparition de certains personnages pendant plusieurs épisodes. Les évolutions des personnages principaux sont minimes mais présentes, même s'il faut réussir à attraper les indices pour le comprendre.

Je m'arrête d'ailleurs un instant sur le personnage de Do Kyung-seok, campé par un Cha Eun-woo impressionnant. Si le jeu de l'acteur m'a semblé parfois répétitif et presque coincé, il fallait surtout repérer les subtilités qui viennent changer son personnage. Il fait passer pas mal de choses en un simple changement de posture, et sortait vraiment du lot en incarnant ce jeune homme asocial et inadapté. D'ailleurs, les autres ne s'y trompent pas (et nous non plus) : le Do Kyung-seok du début n'est plus le même qu'à la fin et ça se ressent d'abord dans sa communication non verbale.

Globalement, j'ai donc passé un bon moment devant ce drama qui me fait l'effet d'un petit ovni.