Ninja Slayer from Animation
5.1
Ninja Slayer from Animation

Anime (mangas) Niconico (2015)

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Voilà un bizness-move très Trigger finalement, que de présenter un produit tel que Ninja Slayer juste après le carton Kill la Kill, avec un teasing à la limite du mensonge pur et simple (trailer cache-misère ne montrant que les parties les plus soignées et friquées, orientées action) pour finalement sortir une espèce de sequel esthétique à Inferno Cop : figurines en carton, animation flash, gags absurdes à foison, plus ou moins lourdingues, ton extrêmement parodique… Quelque part, la quintessence punk de Trigger, avec ce je ne sais quoi de tout à fait particulier dans le ton qui fait qu'on ne le situera jamais tout à fait la pure parodie - c'est comme si une faune autonome s'était développée au sein de la dégénérescence auto-destructrice (et référencée de manière obsessionnelle) ; un cœur alternatif, qui bat bizarre mais qui bat quand même.


Ninja Slayer from Animation est adapté d'un light novel créé par deux traducteurs japonais sous le pseudonyme (inventé) de deux otakus américains. Le but étant de donner une espèce d'interprétation hollywoodienne dégénérée des clichés d'action series japonaises, alors vus par le prisme de la culture geek américaine. D'où une telle puissance dans le mouvement parodique de la série ; et malgré tout une montée en puissance (et un développement - tout relatif - dans la complexité des enjeux) très triggerienne. Quoique ce serait mentir que d'affirmer sans trembler que le show tient vraiment debout du point de vue narratif ; de nombreux chapitres du light novel n'ont pas pu être adaptés, condamnant de nombreux arcs et personnages (dont beaucoup apparaissent pourtant dans certains épisodes) à l'oubli pur et simple, égarés dans une ellipse de plus. Ces passages refoulés amènent d'ailleurs à un pénultième épisode ("The Best-of Ninja Slayer from Animation") qui reste comme le plus beau pied-de-nez au concept d'épisodes-récap que j'ai pu voir, de mémoire de Wazoo. Déjà Kill la Kill avait fait fort avec son récap balancé à 100 à l'heure et bouclé avant l'opening - là on est sur un autre level de raillerie jouissive.


Mais ce serait euphémiser à l'excès que de se contenter de relativiser la mauvaise réception de Ninja Slayer en avançant que c'est après tout une simple parodie faite avec du cœur. Ce serait passer sous silence les prouesses formelles de la série, qui est loin de se contenter de faire - comme j'ai pu malicieusement le laisser entendre plus haut - du cache-misère. Même dans ses projets les plus léchés, le crew Trigger a toujours su faire de l'or avec du cheap. Et avec une web série composée d'épisodes de 12 minutes, c'est comme si ils avaient gardé l'essentiel et mis l'accent là dessus. Des jeux de perspectives exagérés, personnages en plan rapproché qui se meuvent comme s'ils étaient collés au bout d'un panneau, utilisation hilarante du moindre écran/moniteur informatique… des traditions qui remontent déjà à Gurren Lagann, avant la création du studio, et dont le burlesque est toujours mis au service d'une puissance cinétique premier degré. Et c'est cela qu'on retrouve à profusion dans Ninja Slayer, dont la mise en scène se compose principalement d'allers-retours entre les petites figurines en carton façon Inferno Cop et des courts plans d'animation plus stylisée, très cartoon et anguleux. Un panel limité mais qui, mis entre les mains d'un réal dont le talent n'est plus à prouver, Akira Amemiya (Inferno Cop, SSSS.Gridman, co-réal de Kill la Kill et Space Patrol Luluco, responsable de l'animation sur nombre de projets similaires dont Gurren Lagann et Panty & Stockings), suffit à convoquer une créature audio-visuelle constamment excitante et galvanisante, qui - si le public n'était pas si ingrat et formaté - devrait faire date.


PS1 : Comme pour pas mal de productions Trigger, le fanservice est hélas présent - on me dira que ça fait partie de l'ADN de ce type de projet, ou que ça fait partie de l'acte parodique, mais ça me gonfle quand même. Il n'y a bien que Kill la Kill pour oser le confronter.
PS2 : J'ai pouffé à peu près à chaque fois qu'un ninja se présente à un autre ninja, dans un parfait miroir culturel déformant nippon qui ne se lasse jamais de son running-gag. Et ça arrive 5 à 6 fois par épisodes. Qui sont au nombre de 26.
PS3 : La bande son est honnêtement exceptionnelle. J'étais mort de rire pendant l'opening nu-metal, mais je me suis rendu à l'évidence à mesure que s'égrainaient les endings tous plus formidables les uns que le autres (du Boris, du Melt-Banana, du Guitar Wolf pour les plus connus, du bourrin, du contrepied tout doux).

TWazoo
8
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le 29 mars 2021

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T. Wazoo

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