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Fiction sans grand réalisme et beaucoup de romantisme

Cette mini-série en six épisodes de 45 minutes se veut une sorte de docu-fiction où de nombreuses destinées d'une foule de personnages s'entrecroisent autour de la journée et de la nuit de l'incendie de la cathédrale Notre-Dame de Paris.

Voilà, ça c'est l'intention artistique et ça peut se défendre !

Quant à la traduction concrète au final... ça peut se discuter.


On suit avant tout des pompiers de la BSPP : une sous-officier, une officier, un général qui sont liés par des histoires personnelles dont ils n'ont pas forcément conscience au départ, autour d'un pompier mort au feu deux mois plus tôt.

C'est plutôt intéressant, les trois acteurs sont bons, leurs motivations sont dévoilées graduellement et s'avèrent assez complexes pour susciter notre intérêt.

Franchement, le scénario aurait pu se limiter à eux.


Mais non... Le scénariste Hervé Hadmar a cru bon de rajouter une intrigue amoureuse entre un jeune lieutenant de la BSPP et une journaliste de BFM-TV, avec en plus le rédacteur en chef de celle-ci avec qui elle a évidemment une relation. Cela n'apporte pas grand-chose à l'histoire, avec en plus son lot d'invraisemblances et de bons sentiments autour du thème de la rédemption.


Comme ça ne suffisait pas, le scénariste ajoute une histoire parallèle à la "Taken" avec un père héroïque, ancien boxeur reconverti en restaurateur mais qui sait toujours jouer des poings, en quête de sa fille junkie qui se prostitue pour payer ses doses, afin de la ramener auprès de sa mère mourante, justement hospitalisée en phase terminale à l'Hôtel-Dieu (juste à côté de la cathédrale donc, même si ça n'a aucun rapport). C'est mélo à mort...

Pendant que le père croise tour à tour un joueur du PSG plus con que nature qui lui donne sa Ferrari (comme ça, parce que) et toute une faune du Paris nocturne (escorts, barmen, combats de boxe illégaux, bars à chichas, dealeurs dans une épicerie 24h/24, etc.), la fille sauve de la noyade un gamin black du 9.3 et l'emmène avec elle dans son errance. Nouvelle incarnation du mythe de la pute au grand coeur.


Et il faut croire que ce n'était pas encore suffisant puisqu'on suit aussi - un peu, pas beaucoup - l'histoire d'un immigré syrien, médecin devenu couvreur sur le chantier de la cathédrale, à laquelle on ne comprend à peu près rien, parce qu'on ne sait jamais vraiment s'il est en train d'halluciner ou si c'est la réalité. Surtout que cela n'a absolument AUCUN RAPPORT avec l'incendie !

Très sincèrement, l'impression que ça me donne sur ce point est que le scénariste a voulu aborder le fantasme de l'incendie volontaire causé par un terroriste islamiste, pour le désamorcer. Bon, pourquoi pas ? Sauf qu'il s'est retrouvé bien embêté avec ce personnage sur les bras et qu'il a voulu en profiter pour envoyer un bon gros message bien lourdingue sur les migrants syriens...


Tous ces personnages (une dizaine au total) se croisent constamment, avant l'incendie (dans des flashbacks), pendant et encore après, souvent sans se connaître... Contrainte d'un scénario choral où chacun vit sa vie autour d'un événement fédérateur.

Mais quand même : comment font-ils pour arriver toujours à se retrouver ?

On les suit un peu partout dans Paris (c'est grand comme ville), sur moins de 24 heures. Ils parviennent à se déplacer sans aucun problème, sans contrainte de temps.

Mention spéciale à la journaliste qui part du siège de BFM TV à pied pour rejoindre le parvis de Notre-Dame en courant en moins d'une heure... et surtout à Victoire, qui passe en marchant du 18e au 20e, en pleine nuit, en mini-jupe et talons hauts, avec un gamin à ses basques, sans aucun souci !

Quant au périmètre de sécurité autour du parvis, c'est un vrai moulin. Tout le monde y entre sans difficulté. Les barrières de sécurité s'ouvrent ou se franchissent sans aucun mal. Tous ces gens qui n'ont rien à y faire y pénètrent quand même, ne se font jamais expulser... Il faut bien faire avancer le scémario.


Côté réalisme du combat des pompiers contre les flammes, on alterne le meilleur et le pire. L'intensité de ces heures terribles est bien rendue.

Mais certains plans sont visiblement créés pour faire beau et du "cool shot bro", sans aucune recherche de réalisme, comme celui où Alice (pompier pro) ouvre une porte sur une tour en flammes, entre et laisse bien la porte ouverte derrière elle.

En de nombreuses occasions, les pompiers évoluent au milieu des fumées sans masque, en toussotant à peine. Ben oui, faut bien qu'on voit leurs visages ! Même si c'est totalement irréaliste.

Autre chose : la journaliste télé qui arrive à entrer dans la nef en plein incendie sans autorisation, sans être accompagnée par un officier de presse, qu'un gentil pompier laisse entrer parce qu'elle a un joli sourire et qu'elle lui dit "juste pour dix secondes"... et qui reste seule pendant 10 ou 15 minutes, sans que personne ne vienne la sortir de là à grands coups de pied !


Le dernier épisode résoud tout en 30 minutes, tout finit bien pour tout le monde - ou presque, la maman cancéreuse meurt quand même. Tous ceux qui devaient se retrouver se retrouvent. Les tourtereaux s'embrassent. Même le méchant cynique et cupide se fend d'un bon geste. On a droit à un max de gros plans avec une musique qui en fait des caisses...


En près de cinq heures, il y a heureusement quelques moments de bravoure...

En dehors de belles images de l'incendie et de quelques moments émouvants autour de l'attachement de tous à ce monument, l'ensemble est à peu près sauvé par l'interprétation d'une poignée d'acteurs.


Roschdy Zem et Caroline Proust sont plutôt bons en officiers supérieurs de la BSPP que tout oppose, même si la colonel Gabrielle Varez (catholique et lesbienne) fait un peu "hystéro" à toujours contester et discuter les ordres.

Aline Isaaz et Simon Abkarian sont très bons dans leurs rôles. J'ai bien aimé Marie Zabukovec dans son personnage de Victoire et surtout le jeune acteur qui joue Billy, personnage parfois agaçant mais remarquablement bien joué.

J'ai été moins convaincu par Megan Northam et son personnage de pompier militaire qui refuse les ordres et n'en fait qu'à sa tête, déclarée apte au feu alors qu'elle est sévèrement perturbée psychologiquement et enceinte de deux mois (mais les médecins de la BSPP n'y ont clairement vu... que du feu !)


En conclusion : d'un côté, une fiction lourdingue qui enchaîne les poncifs woke et autres clichés bien-pensants et bien pesants ; de l'autre un faux documentaire qui manque cruellement de réalisme. C'est une série dite "catastrophe" qui s'avère catastrophique.

FlatFab
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le 25 oct. 2022

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FlatFab

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