Une histoire humaniste

Le démon avec la main de Dieu. L'ange avec la main du Diable. Si les humains sont également capables de posséder les pouvoirs de Dieu, sommes-nous en mesure de transformer le monde ?

Aoi Ryôsuke est un professeur dévoué et au cœur pur qui possède la "Main du Diable", le pouvoir de tuer d'un simple toucher.

Ryûzaki Shinji est un condamné à mort taciturne et énigmatique qui possède la "Main de Dieu", le pouvoir de soigner d'un simple toucher.

Alors que Hasebe Nagisa, une policière déterminée, enquête sur la mort d'une lycéenne, elle va découvrir le pouvoir secret de ces deux hommes qui ne se connaissent pas et décider de les faire se rencontrer.

Mais une ancienne légende raconte que lorsque les deux Mains sont réunies, une grande bataille qui changera l'ordre du Monde commencera.

Quand le Bien et le Mal s'affrontent

Le drama est un peu long à se lancer, notamment à cause d'un premier épisode d'exposition assez longuet et de l'absence d'un fil rouge dans les premiers épisodes qui suivent d'un côté Ryûzaki qui cherche à vendre son pouvoir au plus méritant et Aoi qui cherchera à l'empêcher de s'allier avec de mauvaises personnes, tandis que Nagisa cherchera à retrouver Ryûzaki en fuite pour le remettre aux autorités. Diverses histoires viendront diriger les personnages vers un endroit ou un autre, Ryûzaki va se retrouver avec des gros bonnets, Aoi cherchera à protéger ses élèves, et Nagisa sa fille. Les personnages feront ainsi des chassés-croisés pendant la bonne moitié de la série. Si cela n'est pas inintéressant, on a tout de même un peu de mal à comprendre où veulent en venir les scénaristes, ce qui peut faire décrocher celui qui n'aurait pas spécialement l'envie de pousser plus loin.

Néanmoins le drama gagne en qualité d'un seul coup dans sa seconde partie. Cette fois-ci les enjeux sont plus définis donc on peut enfin réellement rentrer dans l'histoire. De plus, ils se font à une plus grande échelle, ce qui offre un sentiment de réel danger contrairement au début de la série qui s'attardait sur les petites affaires d'un peu tout le monde. Et c'est là que la série arrive à dévoiler tout son potentiel en mettant en avant des thématiques bien plus profondes qu'elle ne le laissait imaginer lors de sa première partie parfois assez surfaite. La fin est assez difficile à juger je dirai, il y en a qui aimeront et d'autres non. Pour ma part je m'attendais à quelque chose de plus grandiose peut-être mais je ne trouve pas ça décevant pour autant.

Des personnages ni bons ni mauvais

Parmi les personnages importants, nous avons donc nos trois héros.

Hasebe Nagisa est une policière qui n'hésite pas à braver le danger pour attraper les coupables mais a tendance à trop s'investir dans son boulot. Cependant ça ne l'empêche pas d'être une mère aimante et toujours présente pour sa petite fille malade qu'elle chérit plus que tout.

Nagisa est un bon personnage féminin, avec des valeurs et du caractère. Le gros problème c'est que l'histoire ne tourne pas autour d'elle, du coup elle se retrouve souvent à être là pour être là et ses actions n'auront généralement pas grande incidence. Elle reste néanmoins intéressante pour développer le personnage de Ryûzaki.

Aoi Ryôsuke est un jeune prof amical et bienveillant qui soutient ses élèves en toutes circonstances. Cependant il a du mal à tisser de vraies relations car il a toujours peur que l'on découvre son pouvoir.

Aoi au début est assez inintéressant, c'est le gars un peu paumé qui sait pas trop quoi faire et qui se fait mener par le bout du nez par tout le monde. Heureusement il s'améliore dans la suite où il prend enfin des décisions et nous montre un côté plus sombre mais aussi plus fiable.

Ryûzaki Shinji est une énigme. Très peu démonstratif et également très intelligent, il s'amuse à utiliser son pouvoir pour étudier le comportement humain. Mais en réalité c'est un homme qui souffre de sa solitude et cherche un endroit où il a sa place.

Ryûzaki est assez fascinant, on a vraiment du mal à savoir si il est bon ou mauvais car il peut totalement changer de décisions sans crier gare. Au fil des épisodes, il nous montre des facettes plus humaines de lui qui le rende bien plus profond. Je me suis vraiment beaucoup attaché à ce personnage que je trouve très touchant et bien écrit.

Quelques personnages secondaires viendront faire tourner l'intrigue comme des politiciens, des PDG d'entreprise, des policiers, des élèves d'Aoi ou tout simplement la petite fille de Nagisa. Il y en a peu donc tous sont assez bien utilisés au final.

Ce qui est intéressant dans Orthros no Inu, c'est qu'aucun personnage n'est tout noir ou tout blanc, ils sont tous tour à tour allié comme ennemi et ont des personnalités assez franche et appuyées. Les personnages secondaires ont peut-être un développement plus classiques et les trois héros ne changent pas trop drastiquement non plus pour ne pas prendre de risques mais dans l'ensemble, les personnages restent accrocheurs et loin des archétypes et/ou clichés manichéens qu'on retrouve trop souvent dans les dramas.

De mal en mieux

Le drama pourra cependant rebuter dans ses premiers épisodes assez surfaits avec une réalisation "à la japonaise", c'est à dire passablement kitsch avec ses scènes aux effets dark, ses zooms à outrance et ses codes couleurs assez enfantin (le rouge du mal pour Ryûzaki et le bleu du bien pour Aoi), ce qui peut nous sortir de l'œuvre vu qu'elle se veut assez terre à terre (ou plutôt moins sentimentale que dans les productions japonaises habituelles) et aborde des sujets assez matures.

Néanmoins le scénario assez peu convenu viendra gommer tout ça avec ses thématiques humanistes plutôt poussées pour un drama japonais. En effet, nos deux personnages sont confrontés à leur pouvoir et aux dilemmes et malheurs qu'ils peuvent engendrer pour eux-mêmes (qui sont obligés de se cacher ou qui se font approcher par des gens ne cherchant qu'à se servir d'eux) comme pour les autres (y-a-t-il vraiment des personnes qui méritent plus d'être soignées ou tuées que d'autres ?). Nagisa ici représente la justice mais se retrouve elle-même bien vite embêtée car tant Ryûzaki qu'Aoi ont de bonnes raisons d'utiliser ou non leurs pouvoirs, nous démontrant ainsi qu'il ne suffit pas d'avoir un don pour savoir comment l'utiliser à bon escient.

On saluera également la performance des acteurs. TAKIZAWA Hideaki (Ryûzaki) crève l'écran avec son charisme inébranlable habituel, NISHIKIDO Ryô (Aoi) nous montre à nouveau l'étendue de son jeu avec un personnage assez différent de ce qu'il peut jouer d'habitude, et MIZUKAWA Asami (Nagisa) joue cette fois-ci un rôle plus posé et mature qu'a l'accoutumé, permettant de la voir dans un autre registre elle aussi (certes il y a mieux comme actrice mais elle ne détonne pas avec les autres pour autant). L'idol YAOTOME Hikaru (qui joue un fils rebel du nom de Masaru) s'en sort également pas trop mal pour quelqu'un qui n'est pas forcément un habitué du cinéma et on saluera la performance toute en énergie de KUMADA Sea (qui joue Mio, la fille de Nagisa) qui ne manque pas de talent malgré son jeune âge et celle habitée de SASAKI Kuranosuke (le policier Sawamura) !

Une histoire humaniste

Ainsi Orthros no Inu est un J-drama qui met du temps à démarrer mais qui se bonifie réellement au fil des épisodes, nous offrant une série japonaise qui sort des sentiers battus et surtout qui donne à réfléchir, sur la notion du Bien et du Mal notamment, mais pas que !

Un véritable coup de cœur que je recommande vivement pour ceux qui cherchent un J-drama plus adulte et moins surjoué que ce qu'on trouve habituellement.