Phoenix
7.3
Phoenix

Anime (mangas) NHK (2004)

Hi no Tori, c'est l'ultime création de Tezuka. Son manga le plus long, et l'œuvre qu'il considérait lui-même comme sa plus ambitieuse, et pour cause, elle l'est vraiment. Tellement d'ailleurs, qu'il n'aura malheureusement jamais le temps de la finir, et mourra avant.
L'histoire du Phœnix, Tezuka l'a pensée comme l'histoire du genre humain : longue, cyclique, à la fois complexe, vaste et terriblement simple. Il s'agit de longs arcs, se déroulant tantôt dans le Japon féodal, tantôt dans une galaxie lointaine (très lointaine...), entremêlant les mêmes destins au travers de réincarnations ou descendances, et avec pour seule véritable constante la présence du Hi no Tori, le tout se recoupant de plus en plus précisément vers une conclusion précise.


Est-ce que la série suit le même chemin ? Oui. Totalement, puisqu'elle adapte 5 des arcs du manga le plus fidèlement possible, mais parvient tout de même à garder une identité propre, notamment grâce à sa superbe OST.


Il serait difficile de parler d'histoire ou de scénario ici, puisque chaque arc se déroule à une période, ou dans un endroit tout à fait différent, et chacun, en plus de traiter différemment de la quête d'immortalité, aborde ses propres thématiques avec plus ou moins de talent, et surtout de temps pour le faire. Néanmoins, dans leur majorité, les histoires sont très réussies.

En plus d'être bien écrite, de suivre une continuité, et d'aborder des sujets divers et variés, la série vous proposera toujours un cast de personnages jamais complexes, mais toujours attachants et très humains. En d'autres termes, des personnages dignes de l'auteur, que vous prendrez plaisir à suivre, en vous demandant quel sera l'impact de l'oiseau de feu sur leur vie.


Qu'en est-il de l'animation, et du chara-design, si les personnages prennent une place aussi importante dans le récit ?

S'agissant de l'animation, j'aurais du mal à en juger. L'on voit clairement quelques erreurs, mais le tout m'a semblé tout à fait correct. Cela dit, vous noterez clairement une nette amélioration graphique la série progressant.
Le chara-design, lui, reprend ni plus ni moins tous les designs originaux de Tezuka, tout en en modifiant certains au fur et à mesure de la série.


Pour ce qui est de la bande-son, là on frôle la perfection. Entre le travail de doublage très convaincant et des OST proches du sublime, utilisées avec parcimonie mais savoir faire, on en prend plein les oreilles (et dans le bon sens du terme), avec des thèmes qui mélangent opéra et sonorités asiatiques envoûtantes.
La série n'échappe pourtant pas à quelques erreurs, comme je le disais plus haut, et qui paraîtront bien assez évidentes sans que j'ai besoin de les citer. La plus grande d'ailleurs, ceux qui auront eu le courage de me lire jusqu'ici l'auront probablement détectée : c'est le nombre d'arcs d'une série qui ne compte que 13 épisodes.

Et si certaines parties bénéficient d'une durée suffisante (4 épisodes pour la première, amplement satisfaisante), d'autres encore n'auront pas cette chance (1 épisode pour la troisième). Bien entendu ça en dérangera certains plus que d'autres, et dans l'ensemble le travail est accompli, mais tout de même, on a parfois (souvent ?) l'impression que tout va un peu trop vite, et on aurait aimé plus de temps pour saisir l'ampleur des sujets abordés.


Reste néanmoins une question que vous vous posez peut-être, quel est donc la place du Phœnix dans ce récit ?

À la fois centrale et inexistant. Le Phœnix est bel et bien là, on la voit, on l'entend, j'irais même jusqu'à penser que l'on observe tout au travers de ses yeux, pourtant elle parle peu et agit peu. Elle est à la fois omnisciente, sage, généreuse et magnanime ou très faible, cruelle et violente. Elle semble subir elle aussi son propre destin, mais avoir pourtant le pouvoir de connaître celui des hommes, et d'influer dessus plus ou moins directement.
Elle sert tout simplement d'objectif, de quête. Elle motive les hommes, et les punis parfois pour leur arrogance, et son pouvoir est tel que souvent, vous vous interrogerez sur ses motivations, tant sa vision de la justice est particulière. C'est un être divin qui possède une vision d'ensemble et le privilège de l'âge. Elle est celle qui dispense réellement au public les leçons de vie que Tezuka souhaite transmettre.


De là à y voir un lien entre la bête et son créateur, il n'y a qu'un pas que je franchis allègrement.


Pour faire court et conclure, est-ce réellement intéressant de regarder Hi no Tori ?
Question difficile. Personnellement je juge que oui, ne serait-ce que pour son auteur original. Mais si vous êtes déjà amateurs des œuvres de Tezuka, alors celle-ci ne vous semblera probablement pas bien différente, et pour cause.
Pourtant Hi no Tori est réellement l'une de ses œuvres les plus abouties (un comble pour une œuvre jamais achevée), et la série lui rend bien hommage.
Des personnages attachants, une superbe OST, une conclusion sublime et des sujets à l'échelle de humanité. Hi no Tori est une œuvre fondamentalement "Tezukienne", tant sur le fond que sur la forme, et je ne peux que la conseiller, tant elle vous laissera songeurs durant le visionnage.

Foxdawn
7
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Créée

le 17 janv. 2016

Critique lue 574 fois

Foxdawn

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