Pistol
6.9
Pistol

Série Disney+, FX (2022)

Le retour de Danny Boyle: Pistol, préquelle à Trainspotting ?

Un biopic sur les Sex Pistols, ça a déjà été fait, il y a bien longtemps, superficiellement en arrangeant le récit de toute part, bien plus que les biopics actuels, donc il fallait clairement en refaire un. Y a t il matière à développer ? Oui !

C'est pour ça qu'un film aurait pu être un format non approprié, et que celui de la mini série choisi par FX et Danny Boyle est un bon choix en soi.

Après, bien sur, quand on parle biopic, il y a les aficionados de l'Histoire avec un grand H et autres Alain Decaux en herbe qui débarquent avec leurs fourches pour juger de la chronologie d'évènements minoritaires dans le récit ou de l'exactitude de certains éléments; si vous cherchez ça: laissez tomber.

Si certains, voir la plupart des cinéastes prennent le parti de parfois tordre la vérité exacte, ce n'est pas pour l'embellir, c'est souvent pour une question de rythme dans le récit, éviter les passages vides ou autre nécessité dans le background de l'histoire qu'ils racontent, mais on n'est pas dans le révisionnisme non plus comme certains peuvent le sous entendre parfois.

Si je prends le temps de développer ce point, c'est pour bien mettre au point une chose:

Pistol est l'adaptation du roman de Steve Jones, guitariste des Sex Pistols, qu'il a co-écrit avec quelqu'un de plus capable que lui. C'est avant tout un point de vue, le sien, donc il sera difficile d'y trouver une certaine neutralité quant à l'histoire de son groupe d'un point de vue global. De plus, son co-auteur a pu éventuellement y mettre son grain de sel au niveau littéraire. Après tout ceci a été adapté par d'autres personnes pour la télé et son format, ce qui fait plusieurs filtres entre la réalité et sa représentation.

L'histoire des Sex Pistols y est développée dans 6 épisodes par le cinéaste british Danny Boyle, dont le style à l'anglaise s'adapte parfaitement au sujet, un style qui a pu bouger avec le temps, mais ici, on retrouve ce que l'on avait pu découvrir il y a plus de 25 ans à travers le film qui a propulsé sa carrière: Trainspotting.

Vous savez, ce royaume uni des pubs, ce royaume uni sale, ses recoins gorgés de pauvreté dans des quartiers de prolos: une représentation punk que l'on pouvait déjà voir dans son film de camés.

Au delà du cadre du pays, de ses moeurs et de son contexte politique et économique, le récit prend le temps de bien nous encrer le groupe et ses membres au sein, d'un milieu, une bande d'individus mêlant artistes, business man, parias et journalistes. C'est l'entièreté d'une époque, d'un mouvement de de sa dynamique qui nous sont ici dépeint.

Certains pourront toujours dire qu'il est dommage que The Clash, d'autres groupes british ou le mouvement new-yorkais ne soient pas ici représentés, mais je pense sincèrement, que c'est dans un but de donner certaines limites au cadre et ne pas développer de façon anarchique l'histoire du fer de lance du mouvement punk (oui je sais c'est un comble), le format ayant tout de même une durée à respecter.

Les acteurs sont bien castés, Johnny Rotten est surréaliste, on dirait une version boosté par un filtre film d'horreur de l'original tellement son regard, sa présence et son attitude peuvent être parfois malaisants. Les mimiques iconiques sont là, Sid Vicious et sa bouche de travers, le jeu de scène du groupe: c'est très fidèle, l'attitude est là. Ou encore Vivienne Westwood ou l'illustre journaliste Nick Kent, pas réellement mis en valeur...

Techniquement, Danny Boyle a su à l'aide de différents filtres intégrer des images d'archives à l'image usée, crépitante, à des scènes qu'il a tourné plus propres de base, qu'il a salit pour l'occasion, ce qui donne un rendu plus raccord. Cela aide à ancrer réellement certaines scènes dans une réalité historique, tout en donnant une esthétique punk, nous plongeant dans une potentielle réalité passée perçu en direct à travers le prisme du mouvement, comme pour récupérer notre attention entre deux actes.

Pistol nous dépeint une époque, la genèse d'un mouvement à travers un groupe mythique, d'une façon réaliste tout en ayant une esthétique adaptée, tout en restant réaliste ce qui n'est pas une mince affaire. Il n'y a pas besoin d'avoir connu cette époque pour en sentir les émanations de nostalgie qui s'en dégage, ce qui prouve que ses auteurs et sa réalisation ont su capté l'énergie de son sujet.

Loys_G__Bakemono
9

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à sa liste Les meilleures séries de 2022

Créée

le 10 nov. 2022

Critique lue 54 fois

2 j'aime

Critique lue 54 fois

2

D'autres avis sur Pistol

Pistol
ldekerdrel
7

Personne ne sortira de cette aventure indemne

Les biopic d'artistes musicaux sont un genre désormais à part entière :Les Doors, Elvis, Queen, Richie Valens, Jerry lee lewis, Johnny cash, Ray charles, Motleycrue, Notorious big, Gainsbourg, Soeur...

le 12 juil. 2022

5 j'aime

Pistol
FredFTW
8

God save The Sex Pistols

Un bon biopic complet sur le groupe le plus controversé de l'histoire du Rock à l'origine du mouvement Punk au royaume uni , même si Iggy Pop en est plus le précurseur avec les Stooges.Les 6 épisodes...

le 7 juil. 2022

3 j'aime

Pistol
Loys_G__Bakemono
9

Le retour de Danny Boyle: Pistol, préquelle à Trainspotting ?

Un biopic sur les Sex Pistols, ça a déjà été fait, il y a bien longtemps, superficiellement en arrangeant le récit de toute part, bien plus que les biopics actuels, donc il fallait clairement en...

le 10 nov. 2022

2 j'aime

Du même critique

Willow
Loys_G__Bakemono
6

Disney se casse pas le uc avec l'oeuvre de Lucas.

Une suite pour Willow ? Bon nombre de gamins des années 80 en ont rêvé, et après 3 décennies, on ne l'attendait plus. Mais le rachat de Lucas Films par Disney devait obligatoirement entrainé une...

le 21 déc. 2022

9 j'aime

Doctor Sleep
Loys_G__Bakemono
5

Doctor Sleep: Jaune devant et ... (démerdez vous avec ce titre pourrave)

Film attendu de la fin d'année 2019, Doctor Sleep est la suite, de l'adaptation du roman de Stephen King Shining,par Stanley Kubrick. Et déjà rien qu'à cette phrase, on sent déjà que la montagne sera...

le 12 févr. 2020

8 j'aime

Pourvu
Loys_G__Bakemono
4

A quoi ça sert un Gavroche sans balloche: il tire à blanc ?

Cas particulier que de celui qui nous a été vendu (et oui) comme le Renaud de sa génération, autant par le sus nommé que de par la critique: alors qu'en est il ? Alors oui, on reconnait la parenté...

le 20 janv. 2018

8 j'aime

4