Re:Zero
7.1
Re:Zero

Anime (mangas) TV Tokyo (2016)

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Lorsque j'ai débuté Re:Zéro, j'étais pris dans le torrent des Isekai et de leur principe très accrocheur de la découverte d'un nouveau monde : un genre creusé dans tout les sens et pas très nouveau mais garantissant une certaine tranquillité. Personnage plus ou moins puissant, dont la provenance dans un nouvel univers va entraîner anachronismes et quiproquos dans un ton généralement fantastique. Une valeur sure donc.
Et pourtant, Re:Zéro a pris le genre à bras le corps et lui a donné une bonne leçon de "story telling".
Ici, pas de héro sûr de lui, traversant les épreuves et gagnant une puissance exponentielle à chaque combat. Subaru est laissé, déposé, balancé dans le monde sans aucune aide, aucun pouvoir, aucune explications. Il nous accompagne donc, nous spectateur dans la recherche de cette explication, de cette raison d'être. Des pouvoirs ? Aucuns. Un fil rouge tissé en poils de scénario ? A peine. Débrouille toi tout seul.
Rapidement il rencontre Emilia et son adorable familier et le spectateur peut souffler. Ouf ! On a retrouvé le scénario, voici le love interest et la mascotte toute mignonne pour nous faire revenir dans notre zone de confort... Et bien non, PAF en moins d'un épisode, la gigantesque baffe de cet anime nous arrive dans la figure sous la forme d'un massacre brut et sans aucune anesthésie, et Subaru découvre son "don" : revenir en arrière dans le temps a chacune de ses morts.


Et c'est là que la grande valse commence.


En effet cet anime construit admirablement bien les "sessions" de Subaru en deux temps : le premier joyeux, adorable et optimiste, où Subaru découvre, apprend, vit avec ses amis, ou l'innocence des scènes réchauffe le cœur et où le ton est léger et humoristique.
Et puis la seconde face, sombre, pendant la nuit, en un claquement de doigts les couleurs choisies changent, la musique et l'ambiance sont glauques, où la terreur est omniprésente, les figures souriantes se sont transformées en faces grimaçantes de bourreaux et se termine par la mort sanglante et cruelle de Subaru.


C'est cette binarité forcée qui fait le sacre de cette histoire. Tout au long des épisodes, Subaru ne cesse de vouloir repousser et éviter ce destin fatal. Alors que n'importe quel héro d'anime standard utiliserait le pouvoir de l'amitié pour surmonter ses obstacles avec le sourire et tout le tintouin, Subaru a des réactions humaines et tisse ainsi un lien assez proche avec le spectateur. Il met par exemple plusieurs épisodes à se rendre compte de sa capacité à revenir en arrière, panique, tente de fuir, mais se retrouve implacablement lié à chaque fois à l'histoire.


Ses expériences le font grandir, mais aussi le marquent profondément, à un point qu'on est en droit de s'inquiéter pour sa santé mentale.
Chaque "session" cache derrière son insouciance l'horreur de la mort et de la souffrance de voir ceux qu'il aime souffrir et chaque moment de répit n'est là que pour enchaîner sur d'autres épreuves. Cette danse dont la dichotomie entre vie et mort sonne puissamment, comme la mécanique d'une horloge déroulant infatigablement les épreuves.


Les deux arcs (Subaru rencontrant Emilia et Subaru au manoir ) se constituent du même schéma de progression faisant évoluer les deux faces de manière liée dans l'intrigue.
Tic
Découverte, amitiés, expériences, joie
Tac
Brutalité. Cruauté. Mort.
Tic
Analyse, combativité, optimisme.
Tac
Panique. Folie. Mort.
Tic
Lumière, couleurs vives, beauté.
Tac
Noirceur. Aveuglement. Mort.


Et toujours la plainte lancinante de Satella, gémissante, omniprésente dans la bande son, sans que l'on puisse savoir si elle est là pour aider ou bien punir...


La qualité est très correcte, les dialogues un peu clichés ne sont pas handicapants, l'intrigue est bien ficelée, les scènes d'action sont puissantes et théâtrales, chaque fin d'épisode laisse le souffle coupé.
Cet anime se compose comme une gigantesque symphonie où chaque élément est un fusil de Tchekhov, un subtil mélange de chaleur et de terreur froide, une danse éternelle autour de la fatalité, une terrible valse.

Diskianterezh
9
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le 5 avr. 2018

Critique lue 332 fois

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Diskianterezh

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