Amateur jusqu’au bout.

Préavis : Pourquoi RWBY ? Ça se prononce ruby et c’est le nom de l’équipe composée des 4 jeunes héroïnes combattantes, ainsi que l’acronyme de leurs prénoms : Ruby, Weiss, Blake & Yang. Chacune a une couleur thématique associée, respectivement : Red, White, Black & Yellow.

Il y a quelques jours je vois apparaître le 1er épisode de la saison 4 de RWBY sur la page « nouveauté » de Crunchyroll, je me dis que c’est l’occasion de me lancer dans cette série qui a l’air d’avoir pas mal de succès, un fandom assez conséquent et dont j’entends parler depuis plusieurs années. J’y vais assez enthousiaste, mais je déchante vite.

On comprend dès les premières scènes que RWBY est bel et bien un travail d’amateurs. Ce n’est pas forcément un mal en soi, il y a des amateurs qui font du très bon boulot. Mais là, il faut être honnête : la qualité n’est pas au rendez-vous.

Je vais commencer par l’univers, vraiment très bateau. En gros on est dans un monde rempli de monstres bouffeurs d’humains et on suit une équipe d’étudiants à l’académie de la chasse au monstre, d’où tu ressors diplômé gros badass défenseur de la veuve et de l’orphelin. On est clairement dans un monde modern-fantasy, tout le monde a un téléphone portable, les jeunes lisent des bandes-dessinées et jouent à des jeux de société, ce qui n’empêche pas de se battre à l’épée et de croiser des hommes-bêtes dans la rue. Il y a un peu de SF avec des cyborgs et des androïdes mais c’est à peu près tout. Les jeunes se battent avec des armes qui se transforment en arme à feu ou arme de corps à corps selon les besoins. Il existe deux formes de magie, une qui est innée et unique à chaque personne mais qui se travaille (Semblance) et une autre qu’on manie en consommant de la poudre magique combustible (Dust). Pas grand-chose d’autre à dire sur l’univers qui est somme toute assez-pauvre.

Bref, c’est FF8 avec une cuillère à soupe de Soul Eater pour les persos et une pincée de Tower of God pour le mélange fantasy/SF.

Les personnages, parlons-en, ont des designs qui font beaucoup plus j-rpg qu’anime. Les tenues qu’ils portent ont plus leur place dans un défilé de mode que sur un champ de bataille, les mecs exhibent leurs pectoraux et les filles ont le choix entre la mini-jupe et le mini-short, rien que de très classique dans le genre. En tout on a 3 équipes d’étudiants récurrentes, une dizaine d’adultes « gentils » avec pas mal de professeurs, dont le directeur qui n’est pas du tout Dumbledore, et une poignée de méchants qui se la pètent. 3 des filles principales ont un design plutôt sympa pour qui aime les froufrous (genre moi) mais la 4ème, miss noire, est quand même bien fade. Une des filles secondaires (Pyrrha) sort un peu du lot avec son design de déesse guerrière qui sent la feta.

Le gros problème des personnages c’est qu’ils sont extrêmement fades, pendant les 3 saisons il y en a un seul qui a eu droit à un développement notable : Jaune (pas la fille jaune qui s’appelle Yang, mais un autre personnage qui lui s’appelle Jaune…), et c’est un personnage qui est censé être secondaire et est une des cautions comiques de la série. C’est très probable que Jaune soit une projection de l’auteur à mon avis – fanfic-style -, ce qui expliquerai pourquoi il prend autant de place, mais au moins ce n’est pas un Gary Sue donc ça passe.

Mais les 4 filles principales… on apprend quelques trucs sur le passé de Blake mais c’est très évasif, et Weiss a droit à un peu d’évolution, mais c’est très maladroit et son personnage a une attitude assez inconstante, ce qui tue les tentatives de développement. Le pire reste Ruby et sa sœur Yang, dont on ne sait à peu près rien si ce n’est que leur maman respective a disparue (même papa, deux maman, mais pas en même temps). Ruby est quand même sensée être le personnage principal, mais à part être une image de l’ado de fiction « normale », être excitée et courir dans tous les sens on ne la voie pas faire grand-chose. Après 3 saisons Yang n’est toujours pas beaucoup plus que la blonde à gros-seins costaud et protectrice.

Quand je parle de la maladresse des tentatives de développement des personnages, il y a deux passages particulièrement révélateurs : l’épisode de la saison 2 où un prof demander successivement et explicitement à chacune des filles de l’équipe RWBY « Pourquoi as-tu choisie la voie du combat ? » et elles vont toutes (sauf Ruby) bien gentiment nous expliquer leurs motivations. Ensuite il y a le passage du bal de promo - parce que tout de même c’est bien une série américaine -, qui va servir à développer en parallèle toutes les relations amoureuses potentielles, pour ne plus ou très peu en reparler ensuite.

Pour ce qui est de l’intrigue principale, elle ne démarre que vers la moitié de la saison 3, ce qui est quand même très tardif. Jusque-là c’est du tranche de vie entrecoupé de combats d’entraînement et d’affrontements contre le boss n°1, qui fait des trucs de méchants comme voler de la poussière magique et rire bêtement derrière sa frange, sans qu’on comprenne jamais vraiment à quoi ça rime (la réponse peut-être dans la saison 6 ?). Mais même lorsque ça démarre c’est rien de très folichon, il y a des méchants qui veulent plonger le monde dans le chaos touça touça.

Visuellement on a une 3D assez moche, du genre jeu de Playstation One, les personnages et les décors sont grossiers, les ombrages et textures presque inexistants. Les modèles humains bougent de façon peu naturelle, mais le plus gênant reste l’environnement, avec une ville trop propre et trop vide (quelques badauds par-ci par-là) et une nature en plastique. Le ciel est étonnement assez catastrophique lui aussi. On comprend tout juste quand c’est la nuit, mais on n’a pas vraiment de notion de météo. Fait-il beau ? Fait-il gris ? Je ne me souviens pas avoir vu une seule fois de la pluie de toute la série.

Les combats sont sans doute le seul point vraiment positif du bouzin, comparé au reste ils envoient pas mal et ont des chorégraphies sympas. Malheureusement je trouve que les capacités de chaque personnage et les rapports de forces sont très flous voir inconsistants. Un coup un personnage va galérer contre un petit monstre, et quelques épisodes plus tard il va trucider des vagues d’ennemis ou un monstre géant. Un autre exemple qui m’a laissé perplexe c’est l’héroïne qui est super balèze avec son arme mais qui devient une faible gamine quand elle ne l’a pas. En fait le gagnant d’un combat dépend clairement de qui doit gagner pour le besoin de l’intrigue et pas du rapport de force supposé, et ça je n’aime pas. Mon autre reproche sur les combats ce sont les effets pyrotechniques qui sont vraiment ratés. Il y a un répertoire d’une ou deux animations d’explosion différentes et elles sont toutes transparentes et ne ressemblent vraiment à rien, le moindre jeu-vidéo a des effets plus réussis que ça aujourd’hui.

Honnêtement les combats sont cool mais font trop jeux-vidéo à mon goût, c’est au point où j’avais envie de saisir une manette pour contrôler les personnages. Ils auraient gagnés à être un peu plus esthétisés, avec des effets pyrotechniques plus « cartoon » voir des bulles et onomatopées à la Viewtiful Joe ou Scott Pilgrim. Ils auraient aussi pu jouer sur la caméra et les angles de vues, ce que la 3D permet de faire facilement. Il y a bien une tentative de découper l’écran façon «BD » lors de la saison 2 mais elle est assez ratée et jamais réitérée.

Bien que l’aspect visuel soit médiocre, c’est l’audio qui m’a le plus gêné lors de mon visionnage. Le volume est très mal géré entre les phases avec et sans musique. La gestion du volume des voix est également à la ramasse avec des acteurs qui semblent hurler quand d’autres sont à peine audibles. Cela m’a obligé à mettre des sous-titres quand bien même je n’ai pas de problèmes d’ordinaire pour comprendre les dessins animés en anglais. Il y a assez peu de musiques d’ambiance, ce que je trouve dommage, mais pas rédhibitoire. En revanche cela crée un gros contraste avec les musiques pop-rock un peu excitées qui nous agressent les oreilles lors des scènes d’action, les rendant encore un peu plus traumatisantes.

Je vais m’attarder un peu sur le jeu des acteurs. Là c’est clairement la cata. La pire étant probablement la méchante Cinder et sa voix ultra-monotone, le robot Google Traduction est plus expressif. Mais la monotonie et l’inexpressivité se retrouve chez la majorité du casting. L’héroïne ne s’en tire pas trop mal à ce niveau-là, parce que le personnage est une gamine surexcitée qui piaffe toutes les 30 secondes, la rendant tout de suite forcément plus expressive que les autres. Et Jaune est tout de même pas mal, c’est probablement celui qui a droit à la meilleure performance. Mais aucun n’est vraiment convaincant, ils récitent un texte beaucoup plus qu’ils ne jouent un rôle, et font passer très peu d’émotions.

Il y a apparemment une version japonaise avec un casting d’acteurs de voix professionnels (à ne pas confondre avec la version japonaise amateure, qui existe elle-aussi), dont notamment Saori Hayami, Youko Hikasa, et Ami Koshimizu qui jouent respectivement Ruby, Weiss et Yang. Je n’ai vu que le PV mais c’est probablement à préférer à la version anglaise, sauf si le changement de langue vous dérange. Mais comme c’est de la fantasy avec aucun ancrage culturel particulier (un peu de texte à l’écran en anglais mais c’est tout) que les personnages parlent anglais, japonais ou chinois on s’en fout, non ?

Bref, tout ça est très médiocre au début, mais ça va forcément s’améliorer par la suite, me disais-je, alors continuons ! Mais non, de saison en saison on ne voit presque aucune évolution, tout reste au même niveau de médiocrité, la seule différence notable entre les premiers épisodes et la suite c’est que les personnages d’arrière-plan ont droit à de vrais modèle avec une texture et ne sont pas juste des ombres. Les acteurs ne font pas beaucoup de progrès non plus.

Je crois que je viens vraiment de critiquer durement RWBY, mais honnêtement il y a pire. Et surtout ça a un côté sympathique, peut-être parce qu’on sent que les gens derrière ont pris plaisir à le faire (sans doute au détriment du plaisir du public malheureusement). J’avais vraiment envie d’aimer RWBY, et je crois qu’au fond je l’aime bien quand même. C’est comme un chaton pas très malin et un peu sale, ça reste un chaton donc c’est mignon même s’il pue légèrement. D’où le 5/10.

Finalement l’expérience RWBY c’est à peu près celle de regarder quelqu’un jouer à un j-rpg peu inspiré du début des années 2000, avec un doublage anglais assez honteux. Ça reste mieux que de regarder un mur (encore qu’il y a de beaux murs), mais à moins d’avoir beaucoup de temps libre, il y a quand même des tonnes de séries d’animation plus intéressantes. Jetez plutôt un œil à Bubuki/Buranki, dont la 2ème saison est en cours actuellement (novembre 2016), c’est aussi une série d’action en 3D avec des équipes de jeunes qui se mettent sur la tronche, mais c’est beaucoup plus beau et mieux écrit, et même si ça ne brille pas non plus par son originalité, on ne se noie pas dans les poncifs.