She-Ra et les princesses au pouvoir
7.4
She-Ra et les princesses au pouvoir

Dessin animé (cartoons) Netflix (2018)

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Qui l’eût cru ? Et pourtant, c’est bien avéré, je rédige la critique sur un dessin animé que je n’aurai imaginé regarder voici encore quelques mois. Il faut dire qu’en tant que pauvre millenial, je n’ai pas connu les anciennes séries She-Ra, Les maîtres de l’univers et co. Bien sûr, quelques « vieux dessins animés » passaient à la télé au début des années 2000, tels que Dragon Ball et les Chevaliers du Zodiaque, mais ceux-là ont passé une différente postérité. Trop kitsch ? Souffrant d’une réputation de n’être que des publicités pour jouets, à l’instar de Transformers et GI Joe.


She-Ra aurait subi un reboot un jour ou l’autre. Néanmoins, je n’appartiens pas à la catégorie de personnes condamnant systématiquement les « vilains remakes Netflix ». Mes préjugés vis-à-vis de cette licence était d’une différente nature : j’imaginais juste qu’il s’agissait d’un simple « dessin animé de princesses », ce alors que je suis le premier à affirmer que les dessins animés ne sont pas seulement adressés aux enfants. Mais quand plusieurs personnages m’ont conseillé ce She-Ra, je m’y suis engagé… et ai ingurgité la quarantaine d’épisodes répartis sur quatre saisons en deux semaines.
Les premiers épisodes me confortaient dans ma position. Scénario classique : une jeune soldate récupère une épée magique qui fait d’elle une élue, avant de rejoindre les rangs d’une rébellion contre la horde à laquelle elle appartenait. Un univers coloré et manichéen, un schéma « une princesse par semaine », le trio de gentils à savoir Adora, Bow et Glimmer, contre des méchants bien méchants, dirigés par Hordak et Ténébra, sans oublier la rivale Catra, tout semblait tracé. Et pourtant…
Ce dessin animé m’a emporté.
Il ne s’agit pas d’un remake sans âme, surfant sur une vague nostalgique, échouant à conquérir des cœurs qui se lamenteront alors du manque d’imagination de ses créateurs. Au contraire, ces derniers ont insufflé beaucoup de passion dans l’élaboration de leur univers et dans le développement de leurs personnages. Il y a un travail minutieux sur l’écriture des épisodes qui, loin d’égaler l’excellence, offre une aventure et des thématiques variées.
Car quand j’évoque la variation, je parle bien de cette galerie complète de personnages. J’en tire deux aspects remarquables d’une vue globale. Premièrement, bien que le manichéisme demeure présent, certains méchants surprennent et deviennent attachants, sans pour autant tomber dans l’angélisation, je pense notamment à Ténébra à qui le passé révélé profite grandement. Deuxièmement, ce dessin animé incarne la preuve qu’une majorité des personnages féminins n’implique pas forcément que l’atmosphère sera « niaise » et « girly ». Au contraire les personnages masculins même minoritaires ont le droit à leur moment. Bow me plait vraiment malgré quelques traits communs avec Sokka tandis que Sea Hawke m’a fait rire à plusieurs reprises. Et qui aurait cru que Hordak se libérerait de son carcan de « méchant unilatéral » ?
Mais impossible d’évoquer cette série sans parler de son héroïne elle-même. Évitons le jeu de mot pour dire qu’Adora est adorable et m’intéresser davantage à son personnage. À une époque où on accuse la moindre héroïne forte d’être une Mary-Sue, elle s’inscrit de nouveau en faux. C’est une adolescente comme une autre, et même quand elle se transforme en She-Ra, elle n’est pas toujours l’héroïne que tous réclament. Elle est faillible et vulnérable tout en restant forte. Chacune de ses relations, tant avec ses amis qu’avec ses ennemis, est construite de sorte à la renforcer. L’histoire elle-même se joue de son statut d’élu, et utilise à merveille un cliché pourtant tant usité en fantasy et science-fiction.
Et comment ne pas mentionner Catra qui, d’après la fanbase, est un des personnages emblématiques de la série ? Au départ j’imaginais qu’il s’agirait simplement de la « Végéta » de la série. Comme je me fourvoyais ! Bien vite ses multiples confrontations avec Adora révèlent toute l’ambiguïté du personnage. Jalousie et obsessions tiraillent ce personnage figurant parmi les meilleurs anti-héros/antagonistes qu’il m’ait été donné de voir dans une série animée, ce à quoi je ne m’attendais absolument pas ! Elle a même été comparée à Zuko et Azula, mais n’exagérons rien tout de même ! Toujours est-il qu’elle a des moments tragiques, poignants, et j’en passe : jamais je n’aurais cru pouvoir haïr et ressentir de l’empathie pour un personnage en même temps.
Disserter sur toute la galerie de personnages prendrait longtemps, alors je vais me contenter de quelques mentions particulières. Scorpia, que j’imaginais rude, est en réalité l’une des plus mignonnes et marrantes de la série. Entrapta mérite une mention aussi, car si le portrait d’une scientifique excentrique abandonnant sa loyauté pour des technologies n’est pas originale, elle est aussi très drôle et arrive à avoir des moments à elle aussi. Enfin, malgré ses faibles apparitions, le personnage de Micah m’a bien plu aussi. Oh et le pauvre Kyle fait vraiment de la peine à être victimisé par les siens…
Avec ses personnages attachants, ses intrigues variées, ses thématiques pleines de sens, She-Ra collectionne les scènes drôles, rythmées, épiques, voire tragiques. Certes je ne le classerai tout de même pas parmi mes dessins animés favoris, mais il se défend bien et j’attends avec impatience la suite.
Saidor
7
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le 10 nov. 2019

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Saidor

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