SKY Castle
8
SKY Castle

Drama jTBC (2018)

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Bienvenue à SKY Castle : Cette résidence de la Haute-Société coréenne vous ouvre les portes de son univers impitoyable. Nous suivons le parcours de 4 familles bourgeoises séoulites, vivant dans une prison dorée, où leur préoccupation majeure est la réussite scolaire de leurs chérubins. Les mères sont toutes femmes au foyer, tandis que les pères occupent des postes prestigieux.


D’un point de vue occidental, le contexte peut paraitre saugrenu/exagéré sans intérêt. Pour ceux qui ne maitrisent pas les codes de la société coréenne, cette introduction vous aidera à interpréter certaines situations de vie qui pourraient vous être incompréhensibles. La Corée voue un culte exacerbé pour la réussite scolaire/professionnelle :



  • La compétition est féroce dès le plus jeune âge, où le but suprême de tout coréen est de décrocher le fameux Suneung (équivalent du Bac) afin d’accéder à l’une des 3 prestigieuses Universités du pays connues sous l’acronyme de SKY (*S*eoul National University, *K*orea University et *Y*onsei University).
    La pression est tellement forte ce jour-là, c’est tout un pays qui retient son souffle (ex : la police est mobilisée pour aider les retardataires et, durant l'examen, les avions ne décollent et n'atterrissent pas). La sélection à l'entrée de ces universités est telle qu'en être diplômé est considéré comme un passeport pour le succès dans la société sud-coréenne.


  • Le patriarcat : L’image de la femme (idéale) est celle qui s’arrête de travailler une fois mariée afin de s’occuper des enfants (et des parents). L’homme a lui, la lourde responsabilité de trouver un travail rémunérateur pour subvenir aux besoins de sa famille. C’est la raison pour laquelle les jeunes hommes subissent une énorme pression pendant leurs études. Ils se doivent pour réussir leur vie, d’intégrer les meilleures écoles.



En complément, je vous recommande ces deux reportages qui résument très bien la situation :
https://vimeo.com/ondemand/reachforthesky
https://www.dailymotion.com/video/xll3bn
Voilà pour poser le contexte de la série, qui met en lumière les dérives de ce système scolaire poussé à l’extrême encouragé par les parents, où chacun trouvera normal de mettre une croix sur toutes activités personnelles, sous peine d’être vu comme un fainéant. Ce qui engendre une pression malsaine avec un taux de suicide élevé.


Le réalisateur aborde ce thème épineux, à travers un fil conducteur haletant, où nous partons à la rencontre de ce quatuor familial élitiste, aux personnalités diverses, avec une progéniture à la sensibilité diamétralement opposée. Non seulement la pression exercée par la société est écrasante, mais les parents en rajoutent une couche, où certains projettent leurs rêves anéantis sur leurs enfants. Pensent-ils à leur bien-être? Qu’en est-il réellement du désir de leurs enfants? Vont-ils se remettre en question?


Nous sommes plongés dans une richesse opulente, qui cache en vérité une misère affective. Chaque famille a son lot de déboires, et garde des secrets inavouables. L’argent est un passe-droit, peu importe le prix « à payer » (dans les deux sens du terme), tous les coups bas sont permis.


Un nombre conséquent d’acteurs défileront sous vos yeux (bon courage pour mémoriser tous leurs noms à rallonge Lol). Le casting brillant de qualité, aucun n’était rédhibitoire, tous ont rempli leur rôle avec brio et délectation.
Les couples sont présentés avec l’art et la manière, où le caractère des parents/enfants s’oppose ou se ressemble, d’une manière à renforcer les défauts/qualités de chacun. Certains sont le reflet de leur mère, tandis que d’autres sont l’exact opposé du paternel. Deux exemples parfaits :
* Le père des jumeaux est joué par Kim Byung-chul, son interprétation d’un père tyrannique est grandiose à souhait. Doté d’un tempérament rigide et colérique, d’une soif de pouvoir insatiable, il est dénué de toute empathie (la scène de la pyramide est jubilatoire comme tout, un grand moment) Son épouse est tout ce qu’il n’est pas : mère poule, bienveillante, douce. Leurs jumeaux ont hérité du caractère de leur mère. Fera-t-il de ses agneaux ... des loups?
* A l’inverse, la famille phare où la fille, une peste pourrie gâtée, obnubilée par la réussite, est le sosie de sa mère machiavélique. Ce duo exaspérant, de par leurs attitudes méprisables, est criant de vérité. On est curieux de savoir jusqu'où leur jalousie peut les pousser.



  • Un autre personnage, vient chambouler la partie : La tutrice glaciale. Elle hérite d’un portrait peu flatteur, et joue un rôle prépondérant avec une influence terrifiante dénuée de toute empathie.


L’éventail de personnages divers et variés, avec une pointe d'exagération, tente de coller au mieux à la réalité, j’en aurai beaucoup trop à dire sur chacun(e), je vous laisse la primeur de tous les découvrir.


On éprouve une énorme compassion envers ces adolescents dociles qui portent un poids considérable sur leurs épaules fragiles, afin de ne pas décevoir leurs parents, tout en mettant aux oubliettes leurs envies. Isolés dans une tour d’Ivoire, leur vie est d’une austérité ennuyeuse, sans la moindre joie, ni contact extérieur ou loisir essentiel à leur épanouissement. Cette course effrénée et obsessionnelle vers l’excellence dépeint des travers non négligeables, ils subissent les incessantes comparaisons, la pression constante de faire toujours plus et mieux que l’autre : un trait typiquement asiatique, je parle en connaissance de cause ;)


Chaque épisode s’enchaine sans ennui, et nous réserve des péripéties, qui tombent dans l’excès (ce serait mon reproche). On se prend au jeu pour détecter la moindre faille, en espérant une évolution positive des personnages détestables, ou la rébellion des enfants. Les relations enfants-parents sont décortiquées avec une finesse psychologique, où le vécu du passé en dit long sur nos actes du présent/futur; certains ne se remettent jamais en question, d’autres aboutissent à une transformation totale.


J’en aurai bien trop à dire sur cette série, tellement les personnages sont paradoxaux : odieux vs attachants (on aime les détester / on se prend d'affection pour certains) les intrigues incessantes. Certaines scènes hilarantes m’ont fait esquisser des sourires, d’autres m'ont donné des frissons d’effroi. On retrouve ici la qualité des productions coréennes, la facilité déconcertante de créer deux salles, deux ambiances (légères/dérangeantes), de l'humour à la violence. En conclusion, une série prenante, habilement maitrisée, à la photographie esthétique, pour que l’on s’accroche jusqu’au bout. A voir impérativement si le sujet vous parle/intrigue.

Julhee
10
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le 10 mars 2021

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Julhee

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