Southland
7.8
Southland

Série TNT (2009)

Créée en 2009 par Ann Biderman, tirée de faits-réels, et tournée en décors naturels dans les quartiers dangereux de Los Angeles, voici une peinture sociale percutante. Los Angeles la ville où se côtoient à quelques rues la richesse, la misère et le crime est ici à l’honneur. Filmée avec brio, chaque intrigue bénéficie d'une réalisation musclée, dynamique et surtout brutale, Une lumière naturelle, des plans nerveux et le choix de la caméra à l’épaule, qui ne s'embarrasse pas des nombreux contre-jour, pour être constamment dans le mouvement. Un genre "docu-fiction", et des plans au plus près de ses personnages, ne laissent pas de doute quant aux drames qui vont se jouer. La mise en scène joue sur la profondeur de champ pour retranscrire l’ensemble d’une situation et la géographie de la ville, accentuant la notion du vide et de solitude, utilisant les arrières plans de manière efficace. On y serait presque.


Le lot navrant et répétitif pour le quotidien d’une brigade de police, où chacun, en binôme, se retrouvera souvent dans des situations inextricables. Malgré une ambiance bon-enfant et teintée d’humour, l’ensemble est sombre et retranscrit le quotidien peu glamour de cette brigade. D’une enquête à l’autre, tout semble n'être qu'un éternel recommencement dans la destinée de tous, de flics à truands, chacun lutte contre une vie globalement assez misérable et sans échappatoire.


Souvent au volant de leur véhicule, le rythme pourrait sembler faire défaut. Les grandes fusillades n’ont pas de place, laissant le champ libre aux dialogues parfois inspirés ou émouvants,, entre contrôles de véhicules, crises de voisinage et autres délits parfois bien peu excitants. Pourtant, la qualité de la réalisation de Christopher Chulack et du scénario de Jonathan Lisco, arrivera à ce que cette banalité de tous les jours nous captivent. Peu de musique, seuls les bruits environnants sont là pour nous rappeler à la volonté des créateurs d’être au plus près de la réalité. De même les enquêtes se déroulant à chacun des épisodes, dans divers quartiers, ne sont pas forcément résolues et les sons encore une fois sont là pour nous décrire les lieux et les personnages en jeu.
Quelques scènes plus énervées de conduite ou de poursuite, apportent l’action sans que celle-ci ne soit ni excessive ni à rebondissement multiple. Là encore le mélange est savant.


Car l‘accent est également mis dans les rapports humains, leur vie quotidienne et les difficultés vécues. En filigrane il est question de la place que l’on se doit de trouver dans sa vie, du rapport à la mort, aux pertes, aux traumatismes passés mais aussi au bien-fondé de ce métier, de la fin de carrière et du vide qui peut en résulter. Les préoccupations des uns rentrera bien souvent en résonance avec les enquêtes à élucider pour brosser intelligemment la ligne ténue qui les séparent. Du vétéran au jeune idéaliste en passant par la manipulation et le prix de la loyauté, jalousie, camaraderie, prises de risques, drogues, reconnaissance, manipulations, et vie chaotique, cette série est constamment sous tension et jongle habilement sur les tons, mettant en valeur chaque personnage qui aura son moment de « gloire », se croisant parfois dans la légèreté autant que dans une profonde noirceur.


Tout débute avec John Cooper (Michael Cudlitz) et sa nouvelle recrue Ben Sherman (Benjamin McKenzie) et leurs rapports compliqués, personnages récurrents. Lydia Adams (Regina King) excellente en inspecteur de choc, investie dans la lutte contre le crime sera particulièrement féroce. Shawn Hatosy se démenant entre devoir et vie privée, en passant par Lucy Liu parfaitement à l’aise elle aussi, pour un personnage pour le moins insupportable, tous sont justes voire pour certains, excellents.
Les 5 saisons se renouvellent, mais l’ambiance dramatique restera tout du long pointant une certaine déshumanisation environnante, qui évitera l’aspect romancé, lot de bien des séries.


Un générique inventif où une succession d‘images fixes à l’instar des photos de police est renforcé par la couleur sépia pour rappeler à ces scènes de crimes des années 50. Servie par une musique instrumentale lancinante et parfaite, chaque image retranscrit le crime, la violence ou l’adversité. Chaque ouverture d’épisode met ensuite en image une scène inconnue, sans nous donner de piste, et s’achève par une voix-off et ses quelques bonnes phrases qui donnent le ton. On est pris dans le déroulement et tout finira par se croiser au fil de l’intrigue et maintient le suspense.
 
Malgré que cette série ne semble pas avoir trouvée son public, on retrouve les ingrédients du succès avec de beaux acteurs, qui malgré un souci de réalisme se trouve assez loin de la véritable population policière que ce soit les femmes, ou les afro-américains. La ville semble par contre assez authentique, avec une belle vue d’ensemble notamment sur ses quartiers pauvres, peu engageants et peu esthétiques...et peu mis en avant dans le cinéma. Un hommage au LAPD assez flagrant mais la diversité des lieux mettant en avant les différences ethniques - et les différences tout court d'ailleurs -et un atout indéniable.


Chaque épisode et chacune des saisons sont une réussite tant visuelle que d’écriture. Un final qui clôt si justement, toute la violence et le pessimisme des 5 saisons. A -vraiment- découvrir.

limma
9
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le 8 avr. 2017

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