Spice and Wolf
7.3
Spice and Wolf

Anime (mangas) Tokyo MX (2008)

“I am Holo the Wise Wolf so you shut up!”

Le jour où j’ai jeté mon dévolu sur Spice and Wolf j’étais encore jeune et con, comme le dit la chanson. J’étais dans une période où je pensais tout connaître de la japanimation, où j’avais vu tous les classiques, c’était faux, et où je pouvais me la raconter en disant à tout le monde qu’à côté de moi qu'ils n’avaient que des bribes de culture japonaise, c’était encore faux. C’était aussi l’époque où je regardais un peu tout ce qui me passait sous la souris, utilisant le torrent comme pas permis je voyais mon nombre de gigaoctets disponibles fondre comme neige au soleil. C’est donc durant cette période, dont je n’aime pas me souvenir, que je suis tombé sur Spice and Wolf.
Ma première réaction à l’égard de l’animé fut « C’est quoi cette merde ? ». Je voyais un personnage mi-loup mi-humain dans un champ de blé tenant un épi dans ses mains. Je me suis alors dit que cela devait être une autre connerie moe-shit qu’on allait servir aux fans de furry pour qu’ils se touchent dans leur coin. Oui j’étais con à l’époque mais toute cette haine accumulée de manière idiote n’a réussi à faire qu’une chose, accroitre l’amour naissant que j’allais peu à peu avoir pour cette série.


Donc ni une ni deux, voilà que je télécharge la série complète (j’ai aujourd’hui acheté les blu-ray, je n’aime pas « voler » de telles œuvres). Il faut savoir que j’aime tout ce qui est lent, contemplatif, c’est pour ça que j’aime énormément la série Aria. Mais voilà que je lance le premier épisode et…
Spice and Wolf est aujourd’hui une de mes séries d’animation préférées et c’est très difficile d’en faire une critique. Dès le générique l’ambiance prend, on plane avec ce que je considère comme un des meilleurs opening possible. La musique, l’ambiance, les couleurs orangées, la mélancolie et la joie, tout est déjà présent dès le début, au bout d’1 minute 30 on voit une grande partie de ce que va nous proposer la série.
L’animé nous happe directement et nous plonge dans un univers médiéval à l’occidental, surprise quand on sait que les japonais ne sont pas familiers de cette époque là.
Bref je vous passe les détails du 1er épisode avec l’héroïne, Holo, qui se retrouve à poil pendant presque 10 minutes ce qui aurait de quoi faire pâlir n’importe quelle série ecchi actuelle. Mais dans cette nudité il n’y a pas de mauvaise intention, le personnage se présente sans une once de honte lui donnant déjà un caractère singulier, de plus, sa façon de parler, assez particulière et directe, fait que l’on s’attache très vite à elle.


De base, l’histoire nous raconte la quête de Lawrence Kraft à travers un pays imaginaire pour récolter de l’argent. Ce marchand a envie de créer sa propre boutique mais en attendant, il va dans les villes s’approvisionner en marchandise pour les revendre. Durant une visite dans un petit village, il rencontre donc Holo, déesse-louve, qui va l’accompagner durant son voyage dans le seul but de rentrer chez elle, ou plutôt à sa terre natale.
La suite est attendue, une relation intime se crée entre les deux personnes qui se rapprochent toujours un peu plus l’un de l’autre. Mais il est très facile de faire une histoire d’amour mièvre et chiante comme la pluie, Spice and Wolf évite ça d’une bien belle manière. L’alchimie entre les deux compagnons fonctionne à merveille, le couple est charmant et surtout terriblement divertissant. Holo est une fille espiègle, farouche, cherchant toujours à avoir le dernier mot, elle se considère comme un sage ayant raison à chaque fois qu’elle ouvre la bouche. Seulement le héros ne se laisse pas faire et il en résulte des joutes verbales souvent jouissives grâce à un doublage proprement parfait. Les deux comédiens s’amusent à jouer ces personnages et cela se ressent à chaque instant même si le plus gros travail est fait par Ami Koshimizu qui joue à merveille la fille pleine de confiance mais qui reste une enfant dans le fond.
Si je voulais gaver les gens, j’écrirais des pages et des pages sur Holo qui apparaît à mes yeux comme le meilleur personnage féminin de toute la japanimation. Intelligence, espièglerie, humour, avec tout juste ce qui faut d’égocentrisme,… Elle semble parfaite à mes yeux.


Mais revenons-en à l’histoire et à ce que je considère comme le 1er, et principal, défaut de l’animé. En fait les péripéties se concentrent sur l’économie alors que l’histoire tourne autour d’Holo. En effet, l’animé parle d’économie… beaucoup trop même. Je suis pas le mec le plus futé sur cette planète, et je suis sûrement pas le plus con non plus, mais j’ai pas fait d’études dans l’économie du coup je me retrouvais parfois perdu entre les différentes monnaies, matériaux et marchandises que nous présentait l’animé. L’univers est très riche et son principal problème c’est de ne pas l’expliquer, quand on nous parle des différentes monnaies, de leur valeur boursière, de l’église et de la monarchie ainsi que l’importance de faire grimper les cours, je me retrouvais paumé, du coup je regardais l’animé pour ses deux héros plutôt que pour ses péripéties.
Expliquer l’univers aurait été trop long, fastidieux, mais il faut reconnaître que pour ceux qui ne s’intéressent pas vraiment à l’économie, y’a de quoi être perdu. Et quand une aussi grosse part de la série, la saison 2 accentuera encore plus cela, y est consacrée, parfois le spectateur lâche prise et je peux comprendre que Spice and Wolf en ait gonflé plus d’un.
Mais ce serait fermer les yeux sur cette histoire d’amour fantastique qui se joue à coup de clin d’œil ou de petites méchancetés que les deux héros se font. On se prend au jeu, et c’est d’ailleurs ce qu’on regarde, un jeu entre ces deux personnages attachants qui m’emmènent dans leur carriole.


Et cela joue beaucoup sur l’ambiance de la série en général. Alors oui c’est lent, on est pas devant un animé d’action et, souvent, l’angle de vue se place de manière à ce qu’on puisse observer ces décors, ces teints orangés que l’on retrouve partout. On s’imprègne alors de l’univers, de ces villes vivantes ou encore de ces animaux qui vivent dans la forêt. L’univers est réaliste et cohérent, du coup il n’est pas bien difficile de l’aimer car il reste simple et très agréable.
A ce titre, l’animé fait un très bon usage de sa bande-son qui rappelle le Moyen-âge. On entendra donc de la flûte à bec, ou double, du luth, de la citole et d’autres instruments qui viennent accompagner à merveille les images. Encore une fois c’est assez impressionnant car on sait que ce n’est pas du tout dans les habitudes japonaises de jouer ces mélodies. Et pourtant ils les adoptent et se les approprient en gardant ces sonorités très aigues et ce rythme souvent bondissant. Les musiques varient et offrent un vent de fraicheur constant à l’animé.


D’ailleurs au final c’est ce qui caractérise le mieux Spice and Wolf, de la fraicheur. C’est finalement assez rare de voir des animés qui sortent du caractère purement japonais, on pense forcément à La Rose de Versailles (si Titi passe dans le coin je le salue) mais c’est finalement plus rare qu’on ne le pense quand l’univers est réaliste.
Spice and Wolf est une série à l’univers contemplatif et poétique qui a un charme qu’on ne pourra jamais lui enlever. Alors certes l’animation a un poil vieillit, pourtant ce n’est pas si vieux, certes l’histoire ne se focalise pas toujours sur le plus intéressant… Mais ce serait enlever à cette série tout le reste. Une ambiance fantastique, des musiques exquises, des personnages adorables et une qualité d’écriture presque irréprochable.
J’aime cet animé, j’aime en parler mais j’aime par dessus tout la regarder, inlassablement. Chaque dialogue semble écrit avec passion et amour et c’est sûrement ce qui est ici le plus important.
Je ne pensais pas le dire mais je suis content d’avoir été con à cette époque, j’ai pu découvrir une série que j’adore. Putain j’aime cette série !

Ray
9
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le 23 août 2014

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Ray

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