" Un monde meilleur...." (saison 1 à 5).

Découvert sur le tard, cette série impressionne par ses qualités innombrables. Un couple américain bourgeois et standard avec deux enfants le jour, un couple d'espions du KGB la nuit qui accomplit les missions assignées par " le centre" . Cette famille presque parfaite, habitant une banlieue tranquille va sympathiser avec un nouveau voisin qui est agent du FBI; ce dernier revient d'une mission d’infiltration dans un groupe de suprémaciste radicaux. La narration est lancée et embarque le spectateur dans une véritable odyssée du quotidien, de l'espionnage, du contre espionnage. A coup d'agent simple, double, triple voire quadruple l'action se déroule des deux côtés du mur politique. Le couple d'espions et sa famille formidable fait office de ciment narratif dans une construction solide, efficace, haletante avec aussi l 'action que peut demander ce type d'activité.

" Chez nous, tout est gris". L'action de déroule sous le mandat Ronald Reagan, alors qu'au même moment les pays satellites de L'Union Soviétique se désintègrent un à un. Il est impressionnant de constater qu'à aucun moment la trame narrative ne tombe jamais dans un manichéisme benêt. Le spectateur est emporté dans cette description réaliste, très humaine ou l'on voit l’efficacité des Jennings pour manipuler des citoyens américains dans le but de récupérer des renseignements. Les deux premières saisons sont intraitables avec la CIA qui donne l'apparence d'une passoire. Une passoire qui réussit néanmoins à marquer des points face à leurs ennemis jurés en usant des mêmes méthodes, au nom de l’idéal défendu par chacun des camps. La performance de Keri Russel et Matthew Rhys est parfaite, géniale! Ils réussissent à maintenir la qualité de leur jeux tout au long des 5 saisons disponibles. Le spectateur risque de les trouver tour à tour attendrissant, courageux, effrayants, ignobles et manipulateurs ainsi qu'ultra violents et peut-être sadiques au nom de la cause. On ne pourra s' 'empêcher de les prendre en affection, mais il y a toujours ce moment ou la part d'ombre revient et remet le spectateur à sa place. Les agents américains présentent bien sur les mêmes symptômes, bien qu'ils semblent parfois faire preuve d'une certaine naïveté.

Humains trop humains. La principale arme des espions est l'humain, sa manipulation par les sentiments, le sexe, l'amitié, la fabrication de relations qui se soldent assez souvent dans un bain de sang mais pas toujours. Bien que la série traite aussi le sujet des enfants d'espions, elle n 'est pas à mettre devant tous les yeux. Mais la encore, la série distille avec justesse et finesse ces éléments qui trouvent toujours leurs justifications dans les arcs narratifs proposés au spectateur.

Cette série est tellement bien écrite, qu'elle trouve par hasard un écho dans l 'actualité du moment avec cette mystérieuse intoxication d'une agent russe en Grande Bretagne.

Une série parfaite, qui se déguste comme un roman. La qualité de la narration confine à la littérature audiovisuelle. Une série qui s'achèvera avec une sixième saison. Je recommande en mode +1000, sachant que l 'action finit par se dérouler aussi à Moscou avec focus sur une famille russe appartenant à la nomenklatura de l'époque.

Chaque camps use de méthodes plus que discutables, mais toujours au nom d'un monde meilleur.