The Crown
7.6
The Crown

Série Netflix (2016)

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En tant que fane de l'Histoire britannique , j'attendais avec grande impatience cette série. Et je n'ai pas été déçue !
Tout d'abord la reconstitution historique est brillante , les manoirs utilisés pour faire apparaitre les résidences royales sont magnifiques et on ne voit pas le subterfuge. On se croirait vraiment à Buckingham parmi nos personnages et à leur époque tant le soucis du détail est poussé loin. On retrouve cette ambiance de l'après guerre mais d'assez loin puisqu'on nous présente une famille à part , très spéciale. Les costumes sont tous sublimes et fidèles , les meubles constituant le décor le sont également. J'ai adoré le fait qu'on puisse voir ce que les télés diffusent grâce aux images en noir et banc crées pour l'occasion. Ces télés nous permettent de sortir un peu du cadre de la royauté et d'étendre notre vision pour découvrir quelle est l'opinion générale sur cette famille royale que l'on suit de près. Sans compter que l'opinion , le regard extérieur sur la royauté sont des thèmes très abordés dans cette série car ils déterminent les choix de la monarchie. Pour le peu que j'en sais , j'ai l'impression que la série est plutôt fidèle à l'Histoire , son créateur ayant tout fait pour , ce qui la rend d'autant plus intéressante et intelligente.
La réalisation est parfaite , autant que les décors.


Mais n'oublions pas l'essentiel , les personnages sont authentiques ! On peut avoir tendance à l'oublier mais tous ces problèmes , dilemmes etc... ont existé et cela rend certaines scènes encore plus impressionnantes quand on pense à la réalité historique.


Nous avons donc ici l’histoire de la reine actuelle , Elizabeth the second. Ou plutôt d'elle et de la femme qu'elle était avant de devenir Reine. Car en effet , la série ne cesse de faire la différence entre les 2 de façon extrêmement ingénieuse. Nous découvrons à son mariage une jeune femme heureuse , simple et qui n'attend pas grand chose que le bonheur. Hors ,


a la mort de son père , elle doit devenir reine.


A peine remise on lui fait part de l'importance de devenir quelqu'un d'autre , de tuer l'ancienne elle , tuer la femme pour faire apparaitre la reine. Toute la série tourne autour de cette notion , de ce dilemme intérieur qui tiraille la jeune reine. Les " 2 Elizabeth " rentrent constamment en conflit parallèlement à un autre dilemme , également venu avec la royauté , celui de choisir entre devoir et volonté. On a alors une superbe évolution du personnage et une vision du couronnement passionnante. Ce dernier n'est alors pas du tout vécu comme une consécration comme on le penserait , mais comme une obligation douloureuse s'apparentant à la mort de la personne que l'on avait construite et la mort des relations personnelles. Car ce sont bien les membres de la famille royale qui obligent Elizabeth à mettre ces 2 personnalités en confrontation. Car ces membres ,ne pouvant pas comprendre , ressentir ce qu'il se passe en elle , ne peuvent pas deviner ce grand changement. Ils continuent à faire appel à la soeur , à l'épouse et l'amie avant la reine , ce qui ne leur amène que déception alors qu'ils se heurtent non pas à Elizabeth Windsor mais à Elizabeth Regina qui doit faire passer son pays avant tout. La saison 1 nous montre donc cette délicate transition , d'une personnalité à une autre. Au début toutefois , notre héroine pensait être capable d'être les 2 ( d'où peut être la volonté de garder son nom en pensant qu'elle ne deviendrait pas quelqu'un d'autre ) , mais elle s'est vite rendue compte que c'était impossible et que ça ne faisait qu'empirer les choses , comme le montre son conflit avec Margaret.


Elizabeth en tant que soeur aurait adoré donner sa bénédiction à Margaret pour son mariage mais son statut l'en a vite empêchée. En tant que reine , elle ne pouvait se permettre de valider un tel engagement pour ne pas mettre la monarchie en péril. Evidemment ce fut très dur à comprendre pour sa soeur puisque pour elle la position de reine ne changeait rien à l'affection que lui portait Elizabeth et qu'elle avait alors toutes les clés en sa possession en tant que chef de l'Eglise et du gouvernement.


Toutefois , le dernier épisode nous montre une transition achevée ,


avec la réponse à Margaret , plaçant le devoir et la reine en elle avant les liens du sang , comme l'exige la couronne. Elle rompt alors une promesse faite à son père , promesse faite quand elle était son ancienne elle , prouvant que cette concernée est définitivement partie , laissant place à quelqu'un de nouveau.


Philip ne comprends pas non plus le comportement de sa femme lui rappelant sans cesse qu'elle est est un être humain avant sa fonction sans accepter qu'elle est désormais sa fonction et que la femme qu'il a épousé n'existe plus ou du moins disparaît petit à petit.
On a au début l'image d'une femme douce et gentille et à la fin on la trouverait presque cruelle et froide.
L'opinion du peuple a une place importante dans son règne , elle vit dans la peur de causer une catastrophe ruinant la monarchie comme ce faillit être le cas avec son oncle. Les similitudes entre l'histoire de Margaret et celle de ce dernier étaient sûrement un facteur ayant pesé dans la décision finale bien que le monde et les mentalités aient évoluées. La reine ne pouvait pas se permettre de faire un aussi grand scandale et risquer tant.
Sa relation avec ses enfants ne nous est pas montré.
On apprend également que la reine est peu cultivée car , ayant été élevée pour devenir une princesse , elle n'a acquis que quelques notions pratiques. Elle veut alors s'instruire pour cesser d'être menée en bateaux par ses ministres et avoir d'autres sujets de conversation que ses animaux. On découvre une partie de fierté chez Elizabeth qui prend son destin en main et décide d'assumer pleinement son rôle.
On a également droit à la vision d'une part plus sombre chez Elizabeth. Une part de jalousie. Une envie envers sa soeur qui n'a pas eu à changer et est toujours libre et cette jalousie dormante du à la préférence de leur père qu'elle essaye de nier en transformant



Elizabeth is my pride BUT Margaret is my joy



en



Elizabeth is my pride AND Margaret is my joy



afin de se mettre sur un pied d'égalité avec sa soeur , d'atténuer l'effet de rupture et de sembler aussi proche de son père que l'était Margaret. Jalouse peut être aussi de l'éloquence de sa soeur et de sa capacité à se faire aimer de tous au premier contact d'où les réprimandes sévères lors de son remplacement. Elle réalise avec tristesse que sa soeur en tant que reine de quelques mois est plus appréciée qu'elle qui détient le pouvoir.
Comme dit précédemment , la transformation d'Élisabeth ne s'achève donc que dans le dernier épisode par une phrase vraiment puissante et très très clair :



Forgetting Elizabeth Windsor now. Now , only Elizabeth Regina.



En parlant de Margaret , c'est un personnage pétillant , actif et très attachant. J'ai eu beaucoup de compassion pour elle et son histoire. Elle a finit par céder douloureusement par obligations et avec un sentiment d'abandon profond , jalousant elle aussi sa soeur qu'elle pense en mesure d'avoir tout ce qu'elle veut dont l'homme qu'elle a choisi.


Sa relation avec son père était très touchante , dans l'épisode où il meurt je trouve sa scène très forte. La tension est palpable , ma musique monte , l'agitation est énorme autour d'elle mais elle sort et reste pas tout a fait immobile dans l'incompréhension puis se fige quand elle saisit. Son monde arrête de tourner , elle se déconnecte du présent et la mise en scène de ce moment est extraordinaire !


Par la suite elle se rend compte qu'elle n'a pas perdu que son père , mais sa soeur également. Tout change autour d'elle alors qu'elle elle ne change pas. C'est très dur.


Cet homme , Philip nous est montré quand un homme fort et plein de fierté qui sait cependant quand il faut faire des concessions , se résigner. Il sait rester à la place où on le met mais ne cesse de la remettre en question. Il a l'impression de donner beaucoup de sa personne sans rien en retour.


Il se voit dans l'obligation d'abandonner la maison qu'il avait mis du coeur à rénover , ses enfants perdent son nom alors que ça lui tenait tant à coeur etc...


Il arrive à mettre fierté et caractère de côté et à faire des choses désagréables pour son épouse alors il voit forcément comme une profonde trahison le fait de vouloir l'éloigner pour le changer. Il estime être assez conciliant et s'éloigne de plus en plus de sa femme qu'il ne reconnaît pas car il a l'impression qu'elle n'est plus que sa reine. Elle a changé et l'actuel lui ne va pas avec la nouvelle Elizabeth , il doit donc changer aussi pour de nouveau s'entendre avec elle mais cela ne semble pas faire partie de ses projets.


Il est proche de ses enfants et chaque voyage semble lui faire autant de peine ( même si la reine mère essaye de faire croire l'inverse ) . Il essaye de s'amuser ce qui ne plaît absolument pas à la famille d'Élizabeth qui ne le voient pas comme intégré. Il a également du mal avec tout les enjeux politiques qu'engendrent les dilemmes de sa femme. On essaye parfois de le manipuler mais il garde une méfiance constante et s'alarme rapidement


comme lorsqu'il pense que sa femme le trompe/ne l'aime plus.


J'aime ce personnage projeté dans les jeux de la cour qu'il ne saisit pas , dont il ne voit pas les enjeux , étant en plus un nouvel anglais ayant du mal avec les traditions du pays. Il se fie à son instinct et ce côté fait peur à la famille royale qui préfère tout avoir sous contrôle. C'est également un homme tournée vers l'avenir , qui croit en l'évolution , des mentalités notamment.


Au tour de Churchill maintenant : C'est un personnage complexe que l'on voit ici vieux , malade et fatigué. Il assume pourtant un autre mandat et fait de nombreuses erreurs , coutant , pour certaines , l vie de milliers d'innocents. Il reste néanmoins très fier et devient alors raisonnable en constant que son travail est fait. Là aussi on a une superbe évolution passionnante. Celle d'un homme dont la prise de conscience se fait très durement. Il a dû prendre conscience de ses erreurs et surtout de sa vieillesse et fragilité.


D'autres personnages m'ont beaucoup touché : l'oncle de l'Elizabeth , Edward VIII ,par exemple. Rejeté à cause de la femme qu'il aime , qu'il a choisi au dépend de la couronne. Haï par sa propre famille , exilé , exclu , et même terriblement comparé à un meurtrier injustement. On nous dévoile alors une facette inattendue de la monarchie , une sévérité sans bornes.


George VI fait également parti des personnages que j'aime. Il est droit , mais en même temps on ne peut s'empêcher d'éprouver une certaine tristesse quand on le voit face à son sort et à la désolation éprouvée à l'abdication de son frère.


La série ne nous montre donc pas du tout une image utopique de la royauté comme on pourrait l'imaginer mais comme un fardeau tel que ça déchire des familles , apporte une grande détresse émotionnelle des concernées car ils ont l'impression de disparaitre. Et le fait de se heurter à l'incompréhension de sa famille qui ne peut savoir sans avoir expérimenté n'est que pire.
La série ne prend pas parti , elle nous expose différent point de vue et c'est à nous de " choisir " pour qui l'on est. Elle n'encense ni ne diabolise la monarchie , n'émet pas de subjectivité ou jugements , elle l'expose juste comme elle est. Et c'est une grande force.


Les acteurs sont Extraordinaires !
Claire Foy est bluffante passant de l'adorable , joyeuse et compatissante princesse à la reine froide et obligé de penser avant tout à son royaume.Une vraie découverte !
Matt Smith est comme d'habitude excellent , campant un rôle sérieux , ce qui dû être plus dur pour lui qui est de nature très enthousiaste et joyeuse.
John Lithgow est absolument impressionnant , il est Churchill !
J'ai adoré également l’interprétation de Jared Harris , Vanessa Kirby et Alex Jenning.


Concernant la musique j'ai adoré le travail de Rupert Gregson-Williams , completement dans le ton et le Main Theme de Hans Zimmer était magnifique et adéquat.


En bref , une série peu ordinaire tout comme ses héros , vivement la suite !

Infinity
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le 6 nov. 2016

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Infinity

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