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le 20 déc. 2016
Bernard Werber aux États-Unis
Il paraît d'avance très délicat de critiquer The OA sans spoiler comme une brute tout le scénario, puisque la structure narrative de l'oeuvre repose intégralement sur le mystère : Quel est le thème...
Application SensCritique : Une semaine après sa sortie, on fait le point ici.
Le titre résume beaucoup mon avis, et je pense pas avoir besoin de beaucoup développer pour l'expliquer plus en profondeur.
The OA, on l'a qualifiée "d'ovni", de série "mystérieuse" et que c'est "du jamais vu". Y'a du vrai mais entre nous soit dit, je trouve les éloges un peu trop dithyrambiques pour une série qui au final fonctionne sur des principes narratifs et des thèmes qui ne sont pas aussi inédits qu'on nous le laisse entendre.
C'est un recul que j'avais bien avant de commencer la série, et de fait je ne m'attendais à rien en particulier.
J'avais même un peu peur du thème de la spiritualité et de la religion, forte de ces déceptions qu'ont été Les Chemins de Katmandou de Barjavel ou La Prophétie des Andes de James Redfield pour le livre, je n'ai vu que le film de Armand Mastroianni, ou encore The Tree of Life de Terrence Malick. Pour être honnête, à part avec The Fountain et quelques autres, j'ai toujours été déçue par ce genre de thématiques parce que toujours tournées dans une optique presque condescendante, moralisante, et pour le dire simplement: contemplatif et pompeux.
Ce n'est pas ce que j'ai ressenti avec The OA et j'en suis ravie. Il y a une certaine candeur et une simplicité dans la façon dont le sujet est traité, qui contraste beaucoup avec la situation racontée, très grave et pesante.
C'est raconté avec sincérité, et c'est ça qui fait toute la différence, et c'est principalement pour cela que cette série est comme je le disait en titre, d'une beauté saisissante, l'ambiance et l'esthétisme, de même que les jeux de sons, de respirations et de mouvements des corps, s'ajoutent à cette beauté. Cette série n'est pas belle seulement parce qu'elle a de belles images et de beaux effets spéciaux.
Dans cette série, on est plongés dans une sorte d'onirisme qui à aucun moment de rate le coche et n'ennuie, ni ne parait surfait ou ridicule. On croit à l'histoire de Prairie / Nina, même si de temps en temps on met en doute sa véracité. On a envie d'y croire, tout comme ses cinq amis ont envie d'y croire.
Notre expérience de cette histoire s'apparente à celle de ces cinq personnages, attachants et presque pathétiques dans leur vérité, qui voient en Prairie la réponse au vide qui s'était creusé en eux avec le temps, les déceptions, les difficultés.
Prairie leur apporte la foi. Ca sonne incroyablement cucul mais c'est bien ce dont il s'agit, et à aucun moment en regardant la série je n'ai ressenti ce fait comme déplacé, grotesque, ou ridicule, ça sonnait juste.
Ce dont ces cinq personnes avaient besoin était la foi, la foi en une après-vie, en un multivers, la foi en l'autre, la foi en eux-même, ou tout simplement la foi en Prairie, qui pour eux ne peut être qu'un ange puisqu'elle est une miraculée qui apporte sur eux toute la bienveillance qu'un ange pourrait offrir.
Quelqu'un dotée d'une aura si lumineuse ne peut mentir sur le fait qu'elle est un ange, et c'est pour cela qu'ils ont foi en elle.
Et de fait on se prend à avoir foi en elle nous aussi, spectateurs, la possibilité qu'elle mente n'est pas plus vive d'un simple rappel de notre logique que c'est une possibilité non négligeable. Mais ce doute persiste jusqu'à la fin, lors de laquelle - sans vous spoiler - on nous laisse sur un flou quant à l’interprétation de ce qu'il se passe.
Sans doute tout cela trouvera une réponse dans la saison 2, en production, mais pour l'instant le fait est qu'on ne sait pas ce qui est vrai ou pas. Peut-être que Prairie possède réellement un don et est réellement l'ange originel, peut-être qu'elle est psychotique comme ses parents le pensent, et que toute son histoire est le fruit de son imagination, on ne sait pas.
On nous laisse donc avec ce choix: que croire? Jusqu'à quel point pouvons nous avoir foi en son récit? Comme je le disait on vit l'histoire comme si nous étions les cinq élèves/ prof, on est face au même dilemme. Ca rappelle quand au tout début Prairie incitait les cinq à écouter son histoire comme s'ils en faisaient partie, comme s'ils étaient présents, comme s'ils la vivait à travers elle. C'est ce que nous faisons en tant que spectateurs.
Et c'est peut-être en cela que cette série fascine.
Pour finir j'ajouterais juste un mot pour les acteurs, très bons, et j'ai surtout eu plaisir à retrouver Brit Marling que j'avais beaucoup aimée dans Another Earth.
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Créée
le 24 mai 2017
Critique lue 243 fois
3
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