To Your Eternity
7.6
To Your Eternity

Anime (mangas) NHK (2021)

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6 épisodes et déjà une série à voir et à revoir !

C'est l'adaptation d'un manga en cours (14 volumes déjà parus) qui m'intrigue depuis quelque temps mais que je n'ai pas du tout commencé. Ce manga est écrit par l'autrice du manga en sept volumes A Silent voice qui a été adapté en film d'animation. J'ai bien aimé le film, j'ai bien aimé le manga, mais j'ai des réserves au sujet de A Silent voice. Le scénario est forcé avec un peu de complaisance et il y a des passages qui sonnent faux, soit à cause des discours d'analyse de soi-même invraisemblables, soit à cause de réactions complaisantes qui vont tantôt dans un sens, tantôt à l'opposé. Cependant, A Silent voice fait passer une certaine expression fine des émotions et a de très bonnes idées pour alimenter le récit. Mais, ici, avec To Your eternity, là, l'autrice devient vraiment géniale.
Un être divin qui, au départ, s'exprime en voix off avec pour la version japonaise la voix fort grave toute particulière du joker de Fire Force, nous explique le minimum. Il a lui-même introduit un être immortel sur la planète. Au départ, il ne s'agit que d'une sphère, mais au contact des éléments, elle évolue, elle devient une pierre, puis elle devient mousse, ou à la fois la pierre et la mousse. Puis un chien vient mourir sur elle et elle devient ce chien, et à partir de là les transformations vont se faire à partir de cadavres. La sphère ne confisque pas les vies, elle les reprend.
Cette sphère, on le comprend sur l'ensemble des six premiers épisodes d'une série qui pour l'instant en comptera vingt dans une première saison, a été mise là dans le but de sauver notre monde, mais tout cela reste encore bien mystérieux.
Pour l'instant, nous constatons que cette sphère apprend petit à petit ce qu'est la vie au contact de la réalité, au contact des êtres qu'elle rencontre, et à force d'intégrer différents corps. Mais les corps qu'elle sélectionne sont plutôt liés pour l'instant à un respect du vivant. La sphère peut prendre la forme d'un être qu'elle aime et qui est mort, ou d'un être qui a été ennemi mais qui n'a pas été consacrée comme mauvaise en vertu d'actes compassionnels.
La sphère ne revient plus vraiment dans les six épisodes. Le premier raconte son premier vrai devenir. J'en raconte une partie sans rien cacher, mais je raconte la fin sous un cache. Sous la forme d'un chien, elle rejoint un jeune garçon qui vit seul dans un village abandonné dans une sorte de décor pour eskimos. Le garçon a une bonne volonté inflexible et faire toujours montre d'un bon visage souriant face à l'adversité. Ce garçon est le maître du chien qui est mort et qui ignore évidemment la substitution qui s'est opérée. La sphère sous forme de chien est séduit par ce garçon et ses valeurs positives. Son souhait est de rester à vivre là avec lui pour toujours. Mais le garçon est désespérément seul. Les autres habitants du village l'ont laissé derrière lui pour aller au-delà des lointaines montagnes trouver les terres plus accueillantes du paradis. On ne saura jamais pourquoi ils l'ont laissé seul derrière lui, seul ! Toujours est-il que le temps est long et que le garçon décide à son tour de partir.


Et il part, mais il n'a plus qu'une tente et la marche est éprouvante, il tombe dans l'eau glacée et se blesse. Il découvre les restes du convoi et comprend qu'ils ont échoué. Trop malade et triste, il fait demi-tour, mais il est déjà trop tard. Trop mal en point, il ne revient que pour mourir, mais parle à son chien avec le sourire en lui demande de se souvenir de lui, et le chien face au cadavre de son maître aimé se transforme en ce garçon et marche en direction du paradis rêvé, en route aussi pour de nouvelles expériences formatrices.


L'épisode avec son registre fantastique est tout simplement fascinant. C'est l'introduction de l'histoire et on se demande d'ores et déjà de combien de cadavres de personnages auxquels nous ne pourrons pas longtemps nous attacher va se jalonner cette saison de 20 épisodes.
Le premier épisode a un dosage réussi pour ce qui est du comportement de l'être divin inexpérimenté. Le garçon est surpris de devoir lui réapprendre à manger. Le chien ne parle pas, demeure attentif, et on a bien la confusion possible entre le comportement normal d'un chien et les bugs d'une sphère qui a tout à apprendre de la vie.
Les épisodes 2 à 5 vont former une autre histoire, puis le sixième épisode annonce un nouveau tournant dans l'oeuvre.
Or, les épisodes 1, 2 et 5 sont particulièrement exceptionnels, les épisodes 3 et 4 étant eux-mêmes d'un excellent niveau. Or, on pouvait s'attendre à ce que le sixième épisode soit de transition, et il n'en est rien. Lui aussi est surprenant et fait pour l'instant de ce récit une articulation fascinante sans temps mort.
Je vais parles des épisodes 2 à 6 derrière un cache. 6 épisodes, c'est peu à regarder avant de revenir lire cette critique. Et si cette série est à voir et à revoir, autant ne pas se louper dans les émotions de découverte des épisodes 2 à 6. C'est dans le cours de ces épisodes que le héros qui change d'apparences selon les êtres qu'il assimile va prendre un nom, "Imm", forme abrégée pour "Immortel".


Les épisodes 2 à 5 racontent finalement la deuxième expérience intime de notre être immortel avec un humain. Nous avons un village avec des maisons en bois, et ici nous avons une fille qui fait quelque peu songer à une indienne, même si ce sont des repères plus imprécis. Il s'agit d'une société qui ne sait ni lire ni écrire. Une petite fille nous apparaît, elle joue avec des poupées de chiffon aux formes animales de crabe ou de lièvre. Elle a un côté mimi et un côté ingrat. On sait par des projections qu'elle est une jolie fille, mais elle a le côté joufflu disgracieux du bébé, avec quelques dents qui manquent. C'est la fille qui devrait être jolie, mais trop nourrie par ses parents peut-être. La fille joue à la maman avec ses poupées de chiffon et avec un personnage nommé Palona qu'elle fait passer pour son mari, bien qu'en réalité il s'agisse d'une fille habillée en garçon.
La fille nous touche par ses yeux et son désir de mordre la vie. Elle a du caractère et elle a aussi un objectif : devenir rapidement une femme adulte. Elle jalouse une de ses amies qui ne doit plus se peindre le visage, n'étant plus considérée comme une enfant. Malheureusement, les filles sont peu nombreuses dans le village et un rituel horrible sévit : il faut sacrifier une jeune fille au dieu Ursiliath et elle est choisie. Sa révolte contre la mort est superbement exprimée. On voit son visage se défigurer avec presque des crocs qui en jaillissent, et elle tape en criant l'étrangère qui lui dit de manière désinvolte qu'elle va mourir. Toute la scène des faux-semblants en société est superbement conduite. On a aussi une scène fascinante où le père crie sur sa fille et lui dit : "Sois sage !" Les parents éduquent leurs enfants pour qu'ils grandissent, là l'éducation est une sommation à ne pas troubler l'ordre du village en acceptant de mourir.
La petite fille va chercher à s'évader avec l'aide de celle qu'elle considérait comme son mari. L'horreur physique caractérise aussi cet épisode, puisqu'en s'échappant la petite tombe sur le cadavre de notre héros qui a la faculté de ressusciter et de guérir de ses blessures rapidement. Décidément, cette petite fille vite des choses très dures et ce n'est pas terminé. Ici, il y a une part d'incohérence. En humain, l'immortel baptisé "Im" par la jeune enfant est moins réactif que quand il est un chien, mais ça passe tout de même. Il était affamé, il apprend à se nourrir de fruits, il apprend aussi à dire "Merci" même si ce n'est pas encore ça. Or, à la toute fin de l'épisode 2, la petite fille dont on sait qu'elle veut devenir adulte et mère se retourne vers lui qui la suit bêtement, elle fait un sourire fier avec un port de tête relevé, et elle lui dit : "Je ne suis pas ta maman !" En réalité, elle est folle de joie d'être dans ce rôle. Voilà en gros de quoi faire sentir que la construction du deuxième épisode est redoutable au plan du récit, et des idées et des émotions à faire passer.
Je ne vais pas raconter les épisodes 3 et 4. Mais, dans l'épisode 5, alors qu'on a fini par s'attacher à cette jeune fille, et même à considérer qu'elle se sortait à chaque fois du danger, elle meurt brutalement, et elle meurt en se sacrifiant pour sauver son amie plus âgée et forte Palona. La scène est sublimée par deux faits. D'abord, sans que ce ne soit dit directement aux téléspectateurs, on découvre par indices que le chariot dans lequel ils s'enfuient est assailli, avec un départ d'incendie sans doute causé par une flèche enflammée. Et Palona demande à March d'imaginer sa vie adulte, et celle-ci raconte ses aspirations, sans voir que ça se bat autour. Mais cela ne dure pas longtemps. Comprenant la situation, March se demande ce qu'elle doit faire, et elle qui a échappé au sacrifice auquel on l'a condamnée, elle qui dit ne pas vouloir mourir, elle dit : "je sais !" et elle se jette pour protéger sa grande amie et prend une flèche mortelle sur le côté. Im trop peu réactif jusque-là entre dans une transe de colère et se transforme en un énorme ours considéré comme une divinité et tué à l'épisode 4, et il ravage la ville à la manière d'une punition céleste. Et quand invité par Palona il se calme, nous revenons à une nouvelle scène de maestria sur la mort de la petite March. Celle-ci se voit sortie de son corps et regarde Palona au moment de se suicider en se tranchant la gorge. March vient à nouveau de dire qu'elle ne veut pas mourir, mais en voyant Palona qui veut se suicider elle veut lui arracher le bout d'épée, sauf qu'elle n'est plus de ce monde et que Palona ne la voit pas, ne sent pas sa présence. La petite se tourne vers notre héros qu'elle rêve encore en gros ours, alors qu'il n'est déjà plus sous cette forme et lui demande de faire quelque chose, puis March tend la main vers Palona mais la main humaine d'Imm la dépasse. C'est Imm sous son apparence de garçon qui empêche Palona de se trancher la gorge, et cela fait sens, puisque le chien a compris que March s'est tuée pour sauver Palona précisément.
Et comme si cela ne suffisait pas, on a encore droit dans ce ciqnuième épisode à un autre instant de maestria, puisque dans un épisode précédent March qui vient d'un peuple qui ne sait pas écrire ni lire avait eu l'idée de mettre l'empreinte de sa main sur une feuille pour dire à ses parents : "Je suis March et je vais bien !" Palona va ramener ce dessin au village.
Enfin, au début de l'épisode 6, on s'attend à ce que ça reparte plus lentement. Im erre de nouveau seul. Il retrouve une vieille que nous connaissons déjà, et ils partent ensemble pour un pays par-delà un bras de mer à traverser. Im apprend petit à petit à parler, et même à écrire. La vieille et Im débarquent dans le pays en question qui est en guerre, et alors qu'on s'attend à ce que l'épisode ne soit décidément pas aussi époustouflant que les précédents nous avons une scène inattendue où Im se fait attaquer par un autre être fantastique. Le combat dure un certain temps. Im se fait déposséder de pratiquement toutes ses formes, sauf celle de la petite fille, mais il a su découvrir le point faible de l'ennemi et mettre au point à temps une tactique pour que même sous la forme d'une petite fille il puisse gagner, il vainc son ennemi et récupère toutes ses formes. Lors de ce combat, le dieu qui l'a mis en ce monde est intervenu, cette fameuse voix off du Joker a enfin montré son apparence d'humain âgé encapuchonné. Cette fois, le récit change quelque peu de nature puisqu'il y a plusieurs entités fantastiques avec des adversaires en présence. On attend avec impatience la suite.


L'animation, les musiques, les dessins, tout cela est très bon également, mais ce n'est pas non plus excellent, il y a d'ailleurs parfois des profils de personnages qui passent plutôt pour des esquisses sommaires à l'arrière-plan. Mais rien de choquant, la qualité est au rendez-vous.

davidson
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Créée

le 18 mai 2021

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davidson

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