Un Cas pour deux
3.7
Un Cas pour deux

Série ZDF (1981)

Je n’aime pas faire des critiques sur une œuvre qui n’est pas terminée – au moment où j’écris ces lignes, « Un cas pour deux » est toujours en tournage, donc je vais centrer cette critique sur la période Matula située entre 1981 et 2013, s’étendant sur 300 épisodes.

J’ai grandi avec cette série, tout comme d’autres séries allemandes (« Derrick », « Le renard ») que je regardais lorsque je n’allais pas à l’école et j’ai développé une affection pour ce personnage qu’est Josef Matula. A l’âge adulte, il m’est arrivé de revoir certains épisodes et y trouvant toujours du charme. Ces derniers mois, j’ai redécouvert la période Matula.

Le pitch d’« Un cas pour deux » est aussi simple qu’intemporel : un détective privé et un avocat font équipe pour innocenter une personne accusée de meurtre. Les avocats sont interchangeables (quatre se sont succédé), moins les détectives (jusqu’au reboot de 2014 en tout cas…).

La formule est donc toujours la même : la police arrête, souvent avec peu de preuves une personne qui fait appel à son avocat. Ce dernier contacte ensuite son détective privé afin de trouver des preuves innocentant son client. Qui est le plus souvent vraiment innocent, très rarement coupable.

C’est immuable, en 300 épisodes, il y a peu de variations. Ce qui, faut le reconnaître, surtout lorsqu’on regarde plusieurs épisodes à la suite est répétitif.

Mais chaque épisode est différent puisqu’il nous entraîne dans un nouveau milieu (financier, mafieux, etc.) et c’est une nouvelle histoire que l’on découvre.

La longévité de la série s’explique surtout grâce à son personnage principal : Josef Matula, véritable tête brûlée, prenant des risques – se bagarrant ou se faisant assommer ou traiter de « fouineur », s’invente de fausses identités, de faux métiers pour passer partout, se déguise aussi mais très rarement. Ses mésaventures sont ponctuées de traits d’humour, du au côté roublard du personnage, de ses punchlines dont la célèbre est « Vous dérangez pas, je connais la sortie ! ».

Le physique de son interprète – Claus Theo Gärtner – assez petit (1 m 70), minces cheveux roux qui ne sont pas sans faire penser à un cocker, passe partout y est pour quelque chose.

Il émane vraiment quelque chose de sympathique chez lui.

L’autre intérêt de la série est justement même sa longévité : nous voyons vieillir Matula, passant de 38 à 70 ans, ainsi que les changements d’une ville : Francfort où se déroule l’action, même si elle ne joue pas un rôle très important (la série pourrait sans doute se dérouler ailleurs). Et donc les évolutions des décors, habits, coiffures : car en 32 ans le monde a beaucoup changé !

Et le public, qui a suivi la série à un moment, est nostalgique d’une époque – comme moi qui ai grandi avec le duo Matula – Franck (1988-1997).

Les scénarios abordent des thématiques propres à leur époque, voire même précurseurs (évoquant l'homosexualité dès les années 90 ; jusqu'au hacking dans les années deux milles).

La mise en scène, elle, a peu évoluée durant les vingt premières années : souvent des plans fixes, de longues scènes, ce qui lui donne un charme, puis progressivement, la série s’est « américanisée », et c’est particulièrement « violent » dans les toutes dernières années : panoramas sur la ville de Francfort, caméra portée, montage très cut, utilisation de bandes-sons parfois dans un but émotionnel et aussi des scénarios plus sombres – il y a très peu d’humour à la fin de la période Matula. Perso, je préfère vraiment la période prè-2000.

La série a débarquée en France en 1991, dotée d’un très bon doublage, rempli à la fois de ténors comme Jacques Deschamps (qui double Renz, le premier avocat) et de futurs stars comme Thierry Ragueneau, mais surtout Jean-Luc Kayser : la voix française de Matula. Qui colle Parfaitement au personnage.

C’est une rencontre entre un personnage et une voix. L’équivalent disons d’un Patrick Poivey pour Bruce Willis. Si bien, qu’en 2005, lorsque France télévisions, allait faire appel à des comédiens belges (question d’économies…) : le personnage de Matula, plus doublé par Kayser de fait, avait perdu son identité en vf – qui était un parallèle étrange avec le changement de ton de la série (alors discret). Et même lorsque la série a été redoublée en France : Kayser ne fut pas remis, et son successeur, bien que très bon, n’avait pas sa gouaille…

En 2013, Claus Theo Gärtner et Paul Frielinghaus (maître Lessing) quittent la série dans un épisode appelé « La conclusion ». La série est terminée. Mais Zdf trouve le moyen de rebooter, à peine quelques mois plus tard, avec un nouveau duo. Qui se poursuit toujours actuellement, avec succès.

Dans l’image populaire – et à raison - « Un cas pour deux » restera toujours associé à Matula.

Derrick528
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le 22 juin 2022

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