Héros Non Officiels au service de la Critique

Au royaume des geeks de tout poils, il'y en a pour tout les gouts, pour tout le monde, et pour toutes les passions...
Nombreux sont, en France, les adultes de la Géneration Club Dorothée qui ont toujours gardé une place pour les anime et autres mangas, et ce, même si pas mal de monde pourrait dire qu'on a "passé l'age"... Que dire alors des otakus hardcore vivant au Pays du Soleil Levant ? Pour eux, c'est encore plus important, c'est un pan complet de leur culture populaire, et comme partout, certains continuent de vivre leur passion bien au dela de l'adolescence...

Au premier abord, on peut voir cette serie comme une satire critique et parodique de l'univers et des codes des series "Super Sentai".
C'est souvent drôle, il y a pas mal de guest et de caméos, on en apprend pas mal sur l'envers du décor.
Mais en y regardant de plus près, la série parle aussi (et se moque gentiment) des fans de ce genre de séries et ose mettre en avant la passion (allant parfois jusqu'à l'obession et l'adaptation du mode de vie) de ces 'otakus' adultes, amateurs de séries tokusatsu destinées aux enfants.
Elle nous plonge dans leur monde, met en avant l'enthousiasme de ceux qui ont gardé le même engouement pour ces choses apparemment pueriles.

Mais la série va plus loin que ça, en critiquant ouvertement la façon dont le monde capitaliste s'emploie à utiliser la passion de ces gens à des fins purement commerciales.
Ici les méchants utilisent tout les phenomenes de modes, du kawaii au hentai, afin de mettre le grapin sur des otakus pour en faire leurs esclaves...
Il y va autant de la critique sociale directe (meme si ils auraient pu mettre au programme bien plus de deviances et de perversions, mais ça n'aurait peut etre pas parlé au public visé) que de la métaphore, et rares sont les satires réalisée avec autant de brio...
Il fallait en effet beaucoup de recul, de passion et de second degré pour arriver à autant de subtilité pour faire passer une critique aussi virulente sans dénaturer tout ce qui fait le charme si particulier des sentai aux yeux des fans. Ici c'est vraiment fait avec beaucoup de respect et un amour clairement affiché au public. Une satire sur les fans écrite par des fans, et ça se voit.
On critique, on se moque, mais ce n'est jamais mechant ou gratuit. Ça fourmille de détails, de précisions et de clins d'œil sur les anciennes series de Super Sentai, sur leurs tournages, sur leurs codes, mais aussi sur le quartier de Akihabara, sur les otakus, sur les produits dérivés, etc...

Le point le plus admirable, c'est déjà d'avoir osé faire cette série.
En effet, si une societé de production occidentale se permettait ce genre de chose, ça pourrait être mal interpreté, les fans de la premiere heure pourraient prendre ça comme une offense, et ceux qui ne sont pas des fans pourraient penser qu'on crache ouvertement aux visages des fans...
Imaginez si la BBC créait une série pour se moquer ouvertement des adultes qui regardent encore Doctor Who, montrant un fan proche de la quarantaine, anglais moyen de la classe populaire vivant encore avec sa mère, amoureux de cette série originellement destinée aux enfants, qui avec une cosplayeuse plutot idiote arrivant sur la trentaine et une étudiante en fac qui s'ennuie, s'invente des voyages imaginaires dans le T.A.R.D.I.S pour combattre des ennemis fictifs... On y passerait au cribles les conventions, les produits dérivés et on collerait aux fans tout les défauts et clichés possible de trouver à leur sujet...
Et bien c'est exactement ce que la Toei a fait ici.
Et ils ont fait en sorte que meme si on se reconnait, meme si toutes les critiques sont vraies, ça nous fait rire... Juste pour ça, cette serie est un vraie tour de force.

Après, inutile de préciser que cette série parlera certainement plus aux amateurs de Super Sentai qu'aux sepctateurs moyens. Néanmoins, je pense que quiconque a déjà vu un épisode de Power Rangers pourra trouver cette serie tres drole et fort divertissante.
Oui, c'est un sentai, avec tout ce que ça implique, des costumes kitch aux explosions de fumées multicolores en passant par les pseudos monstres géants dans des décors en cartons...
Donc si vous n'etes pas pret à encaisser ça, passez votre chemin.
En revanche, si ça vous parle, si vous avez envie de rire en surfant sur une vague de nostalige, si vous avez une prédisposition au kitch ou au nanardesque, ou simplement si vous voulez découvrir une des satires les plus brillantes de ces dernieres années par simple curiosité, alors il ne faut pas hesiter une minute.
Les deux saisons passent tres vite, il y a peu de baisses de rythme, on apprend beaucoup de choses, on rit souvent, et en plus le scenario propose parfois des retournements assez surprenants qui font qu'on ne s'ennuie jamais.
Ça fait parfois du bien aux adultes de devenir de grands enfants, meme si c'est juste le temps d'une serie.