Eh bien... Qui aurait cru un jour qu'une version série US tirée du film culte "What We Do in the Shadows" aurait pu tenir six saisons et ne pas avoir à rougir face à la comparaison avec son modèle ? Tout ça, on le doit sûrement en grande partie à Jemaine Clement et Taika Waititi (surtout le premier) qui ne sont jamais restés loin de cette adaptation pour conférer à ce nouveau clan de vampires logé à Staten Island toute la folie de l'esprit de leurs cousins néo-zélandais.
En effet, à part une ou deux très rares baisses de régime (le début de la saison 2 par exemple), "What We Do In Shadows" fait partie de ces rares séries comiques -fantastiques qui plus est- a être restée d'une constance qualitative assez exemplaire, trouvant toujours le moyen de renouveler l'éventail de ses intrigues absurdes ancrées dans un quotidien vampirique tout en créant un lien d'attachement irrémédiable avec ses composantes, à commencer évidemment par ses prédateurs de la nuit inaptés à notre monde, leur serviteur humain en quête d'affirmation et une nuée de créatures s'étant greffées au groupe au cours de leurs mésaventures (d'un ancien baron séculaire ridicule jusqu'à une créature de Frankenstein copulant avec un ours empaillé en passant par un conseil des vampires qui restera dans les annales par la présence de célèbres guests ayant interprété ce genre de rôle à dents longues, ce fut un bestiaire des plus fous !).
Si, personnellement, le couple Laszlo/Nadja (à jamais ma chouchoute) restera le vecteur de mes plus grands fous rires de la série, j'aurais tout autant adoré suivre ce grand gaillard naïf de Nandor se chercher un but existentiel et sentimental, voir Colin Robinson vider de leur énergie les humains les plus ennuyeux de la planète ou assister à l'évolution de Guillermo vers un statut d'égal avec sa famille de vampires.
Car, oui, au fil des ans, il s'est bien construit une famille dans "What We Do in the Shadows", certes des plus dangereusement dysfonctionnelles mais de celles que l'on aimait vraiment retrouver épisode après épisode, saison après saison, et dont on était finalement devenu un familier à part entière (dans tous les sens du termes) en tant que spectateur..
Ainsi, quand, lors du dernier épisode (un onzième pour cet ultime saison, généreux jusqu'au bout), sonne la fin du documentaire qui filmait ces vampires dans un délire méta cherchant à lui trouver la meilleure fin possible (à noter que trois séquences ont été tournées lors de la phase "hypnose/conclusion parfaite" de Nadja et sont disponibles sur Hulu), c'est toute la quintessence de la série qui s'y retrouve, entre gags ubuesques et de belles pointes d'émotions pour un adieu à toute la bande qui résonne comme celui à de vieux potes fous furieux devenus une famille de substitution avec le temps.
Merci pour tous les rires ensanglantés, "What We Do in the Shadows", on n'oubliera pas les nombreuses ténèbres d'hilarité dans lesquelles vous nous avez entraîné durant six années.