Witchblade (l'anime), série que j'ai dévorée dans mon adolescence… j'en gardais d'excellents souvenirs — déformés, sublimés. Force est de constater que le produit n'est pas à la hauteur du petit piédestal qu'il a dans mon cœur.


Au début, c'est l'histoire d'une femme amnésique, Masane, qui se bat pour conserver la garde de sa fille adoptive, Rihoko. En effet, les services sociaux reprochent à notre héroïne sa situation socio-professionnelle très instable, même si Rihoko est en parfaite santé et qu'elle souhaite envers et contre tout rester auprès de sa maman.


(Ah oui : et il se trouve que Masane porte un bracelet qui la transforme en arme vivante. Bon.)


Plus tard, c'est l'histoire d'une génitrice qui se bat pour obtenir la garde de sa fille avec laquelle elle souhaite créer un lien (autre que génétique).


Rihoko ayant été adoptée dès sa naissance, elle ne connaît pas Reina et ne la considère pas comme sa mère ; mais du point de vue des services sociaux, Reina fait une bien meilleure mère que Masane car elle a une excellente situation socio-professionnelle et, cerise sur le gâteau, c'est la génitrice…


Encore plus tard, c'est l'histoire d'une orpheline qui veut être reconnue comme fille par sa génitrice.


Cette fois, Reina n'éprouve pas de sentiment pour l'enfant : elle n'a absolument aucun désir de faire connaissance avec Maria. Celle dernière le vit d'autant plus mal qu'elle constate la grande différence de traitement entre elle et sa sœur génétique (Rihoko) avec laquelle Reina cherche à créer un lien.


On constate donc un thème récurrent tout au long de la série : qu'est-ce qu'une mère ? qu'est-ce qui fait la relation mère–fille ? (En filigrane, si on plisse les yeux, entre deux clignements, on peut aussi entrapercevoir le sujet du père absent.)


Entre l'amnésie, l'adoption et l'orphelinat, transparaît également le thème de l'identité : qui suis-je sans mes souvenirs ? sans mes racines ?


Ça, c'était le tendre souvenir que je gardais de Witchblade : des sujets sérieux, des situations familiales où nulle solution n'est parfaite, une petite tragédie en anime. Avec, oui, pour alléger le ton, des femmes à gros seins s'affrontant de temps en temps (à moitié nues ou dans des tenues couvrantes en bodypainting, selon que vous regardez la version normale ou censurée) et une héroïne vénale comme c'est pas permis (sa cupidité étant mue par l'amour qu'elle porte à sa fille dont elle veut conserver la garde à tout prix, ayant compris comment réfléchissent les services sociaux dans cet univers…).


D'ailleurs la cupidité de Masane donne lieu à l'un de mes moments favoris dans la série, lors d'une scène de tension dont je trouve la résolution comique et touchante à la fois : Masane, totalement hors d'état de nuire sur un lit d'hôpital, est ramenée d'entre les morts par une « formule magique » : on lui a chuchoté que le patron lui donnerait un million de yens si elle remplissait sa mission (revenir vivante). Cet argent, elle l'aura coûte que coûte, car elle est mourante et c'est tout le bien matériel qu'elle pourra léguer à sa fille.


Ce que je viens de décrire, c'est du potentiel en barre pour une histoire (nanas à forte poitrine et à moitié nues mises à part). Et je n'ai même pas abordé les personnages secondaires qui ont également du potentiel.


Malheureusement, Witchblade n'est pas une série explorant véritablement la psyché de ses personnages. Witchblade, c'est une série d'action où la force de l'héroïne est son courage — alors que la Witchblade de cet univers devrait en faire rien de moins que LA force inarrêtable, point barre à la ligne (mais non, a dit la série). Witchblade, c'est une série d'action au rythme inégal et aux combats assez insatisfaisants (du fait du manque de puissance de l'héroïne). (Witchblade, c'est aussi une série qui nous montre l'héroïne sous un angle de caméra libidineux lors d'un moment de tension émotionnelle, histoire d'éviter que vous preniez trop les sentiments des personnages au sérieux.)


Witchblade, c'est un chef d'œuvre en puissance et un beau ballon percé en acte.


Et c'est un peu triste.


Je parle de la fin.


(Une note plus honnête serait 6/10. Je mets 7 parce que j'aimerais bien que la moyenne monte un peu…)

Olucubration
7
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le 28 avr. 2021

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