Un gros pétard mouillé et un potentiel salement gâché !

Dans le monde impitoyable (et saturé) de la série de genre, en voici une "made in Turquie" (pour le moins originale et atypique - mais pas forcément dans le bon sens du terme...) disponible actuellement sur Netflix : Yasamayanlar de son vrai nom (ne me demandez pas la traduction, ça va chercher dans "les mensonges & la vie" d'après Reverso ^^), ou Immortals ou Le Vampire d'Istanbul par chez nous (titre français ridicule, si vous voulez mon avis).

Me voilà bien embêtée car je ne sais qu'en penser.
Enfin, si, j'hésite entre pleurer de désespoir et la surprise horrifiée (un chouia agréable à regarder malgré tout - oui, un peu d'honnêteté, que diable ! ^^).
Peut-on faire pire que nos fictions de genres "made in France" ? Bah... je crois bien que oui. MAIS, y'a quand même du potentiel (si, un tout petit peu, faut juste parvenir à l'entrevoir).

Allez, on va se focaliser sur le positif (et ça va être vite torché) :

++ L'esthétisme et l'ambiance bien dark et glauque générale. De même que le ton froid et glam/chic de nos suceurs de sang d'Istanbul. Visuellement c'est plaisant à regarder (de même que la plastique de certain(e)s...). Le générique & le thème sont bien sympas, et le violon langoureux / tristounet ça passe toujours avec les vampires.

++ L'héroïne, Mia, bien badass et torturée, dévorée par son humanité malgré sa monstruosité non consentie.

++ Et... ben en fait on va s'arrêter là pour le positif (je vous avez bien dit que ça irait vite !)

Bon, et le négatif dans tout ça ? (je vous préviens, y'a de quoi faire...)

-> Le pitch : une pauvre jeune femme enfermée dans une obscure geôle au XIX° siècle s'est retrouvée transformée en vampire à l'insu de son plein gré. Deux siècles plus tard, se refusant à succomber à l'appel de la soif, elle survie en mode Dexter (comprenez par là qu'elle bouffe "ceux qui le méritent", genre les violeurs, les trous du cul...). Décidée à se venger et à retrouver son humanité (oui, tu tues celui qui t'a transformée et hop ! C'est magique, tu redeviendrais humain(e)... waouh !), elle décide de débarquer à Istanbul afin d'y tuer le super vilain vampire très vieux (au physique de mannequin) qui dirige la cité d'une main de fer, et qui serait responsable de sa damnation éternelle. Sauf que Dmitri (le vilain en question) est en train de préparer la révolution des vampires (pour l'heure condamnés à être persécutés par les humains), désireux que son espèce sorte de l'anonymat et prenne enfin ce qui leur revient de droit puisqu'ils sont tout en haut de la chaîne alimentaire. Pour ce faire, il est à la recherche d'une mystérieuse relique de vampire qui assurerait à son détenteur la vraie immortalité ! Mouais....
Je vous sens pas convaincu(s) ? Moi non plus, je vous rassure.

-> Outre le pitch, pas mal d'incohérences scénaristiques et des raccourcis : plusieurs vampires voient leurs créateurs être tués mais ne redeviennent pas humains pour autant... Ensuite, la mythologie vampirique reste plutôt floue : des origines assimilées à une mystérieuse peste (ou une mutation)... Des vampires qui partent à la révolution pour redevenir humain... Un Conseil d'Anciens (vampires) invisible mais qui ne semble s'intéresser qu'à Istanbul (on nous dit dès le départ que les vampires ne vivent qu'en ville, par peur des humains)...

-> Les dialogues convenus, les scènes de bastons d'un ridicule !!! Punaise, ils auraient pu faire appel aux chorégraphes des séries Buffy contre les Vampires/Angel, merde ! ^^

-> Le look et l'attitude des vampires : alors, un vampire ça porte obligatoirement du cuir (beaucoup), du noir (essentiellement), du make-up de pute (pour les filles), des lunettes de soleil (pour le super vilain pas si vilain que ça en fin de compte) pour la frime et ça arbore un regard noir et mystérieux (what else ! ^^). Ah, et puis ils aiment rire, pleurer, le soleil et quand on leur enfonce un pieu dans le coeur ils ne se désintègrent pas (ça change) bien que ça les tue, tout comme le sang de cadavre.

-> Le clan des humains (et là on est hyper bien représentés, j'vous jure !) : pathétique, risible, ridicule... Une bande de racailles des rues qui se prennent pour des tueurs de vampires de pacotilles, fumant clopes sur joints et vivant dans des cloaques faisant offices de zones de guerre où des gangs tentent de survivre quand ils ne servent pas de garde-manger pour les vampires (oui, les riches de la ville ont passé un pacte avec le vilain vampire). Leurs dialogues puériles et parsemés de gangsta rap à la sauce turque est juste indigeste (sorry pour les amateurs, mais c'est pas passé du tout - mes tympans saignent encore...). Rien qu'à les voir/entendre, on compatit pour les vampires et on se dit que si l'humanité devait se résumer à ces "rebelles"-là, ben autant tous les bouffer pour arrêter le massacre sans la tronçonneuse... Ouais, on veut nous vendre de la lutte des classes : les riches sont méchants et ont pactisé avec les monstres pour éradiquer les pauvres de la ville. Un peu trop plat... et too much.

-> Autre thématique plate : celle de la soif de vengeance de Mia qui sombre dans le syndrome de Stockholm très rapidement. Au bout d'un moment, la sympathie du spectateur à son égard s'étiole comme neige au soleil. Et le méchant (quand même badass au début) se transforme en caricature de lui-même...

En somme, un gros pétard mouillé pour moi. Il y avait indéniablement du potentiel mais il est salement gâché. La fin n'arrange rien et si la série s'arrête là (et c'est fort probable puisque le(s) scénariste(s) ont détruit l'occasion de pondre un super clifangher - et il y avait de la matière -), point de regret à avoir.