Les meilleurs albums de 2017 selon Marcel Kunwu

La puissance de cet EP, derrière la modestie de son contenu, tient à la sagace composition de ces beats, entre rap, hip hop et dubstep franc, et à la plume aiguisée et percutante de son auteur, propulsé au top de la chanson française.

Je ne m'étonne pas de trouver cet album génial, en aimant autant "Candy May", "Etranger's Kiss", "The Chihuahua" et "Marlon Brando". Le Bowie des 80s est là revenu d'entre les morts, avec une vivacité colossale. Un brasier de joie !

Habité par des morceaux qui pourraient être autant d'élégies symphoniques et de bandes originales de film, ce grand album de Max Richter est à l'image de la vague qui l'illustre, un ras-de-marée impérieux et intime.

A la croisée du ragga ("Blah !"), de la musique orientaliste planante ou du meilleur du rock progressif ("Golden Age"), samplant Jodorowsky et "Cela s'appelle l'aurore" de Bunuel, Chinese Man assoit son album parmi les meilleurs de 2017 !

Mondkopf continue, une fois de plus, de tutoyer les sommets lyriques de l'électro ambient. Avec ce nouvel album en six phases "Vivere", se déplie une cosmogonie concrète et stellaire, planante et tellurique. Atomique !

Pas fan de QotSA (je n'avais pas aimé "...Like Clockwork"), cet album m'a cueilli avec son énergie rock qui tient autant du groupe même que de tout un champ de la grande musique rock anglo-saxonne (Stones, Stooges, Bowie).

La beauté de ce retour de Charlotte G tient à la présence brutale d'une composition électro ultra soignée et du contraste érotique de la voix murmurée. En résulte un profond sentiment sépulcral au charme profondément romantique.

Sur le sillon du Bob Dylan première manière et du Springsteen de "Working on a Dream", The War on Drugs (et particulièrement son chanteur Adam Granduciel) soulèvent des puissances secrètes, intérieures. Pour les fièvres nocturnes.

Après Reflektor qui m'avait laissé un goût d'inachevé frustrant, Arcade Fire semble comme renaître. Renaissance d'autant plus foudroyante qu'elle résonne pour eux comme un revival de la pop funk avec laquelle ils ont grandie.

Retour du Duc avec une ode à sa daronité au coeur de l'LP. Ce qui n'a pas amoindri son obsession de la schneck, de la misogynie (lui-même le dit au détour d'un track) et son virilisme. Reste que le flow, ultra-vocodé, est au rencard.

Une fois de plus, Wire signe un album essentiel et qui ne ressemble à nul autre qu'à eux-même. Du mal à imaginer comment il ne finira pas parmi les meilleurs de 2017. Spleenétique et furieusement rock, doucement intranquille.

Lana Del Rey est unique comme artiste dans son domaine. Reine du spleen glam, entourée de producteurs qui savent sublimer sa voix et son groove suave, elle affirme avec ce nouvel album sa place dans la galaxie US.

Cet album conceptuel de Danger contient plus d'un grand morceau qui sauront insuffler dans chaque instant (après-midi seul, soirée endiablée, concert, trajet en voiture) sa dose vitale d'énergie fiévreuse. Essentiel pour 2017 !

James Vincent McMorrow confirme avec ce "True Care" qu'il compte pour moi comme un des plus délicats chanteurs qui soit. Avec "Thank you" et "Bend your knees", il révèle la puissance que peut contenir cette délicatesse.

Composé de morceaux aux instrumentales riches, diverses, faites de ruptures et d'envolées aussi lyriques, dingues qu'expérimentales, ce "Black Origami" est un fabuleux miroir à multiple facettes, tantôt grisantes, tantôt profondes.

Le retour du grand punk de l'électro, avec sa pochette de dancefloor camp des 80s, donne un album composé de beats bien fat et en même temps de vrais envolées superbes (au meilleur de M83), comme avec "Eternity".

Habité par des morceaux formidables, à la dimension cosmique et en même temps intestine, cet objet musical singulier invoque autant les Pink Floyd que Can et assoit en même temps une singularité sans artificialité maline. Vertigineux.

Tyler, the Creator, loin des pointures hypes, compte quand même comme l'un des grands artistes du genre, iconoclaste. Ce "Flower Boy" notamment comporte deux morceaux superbes : "Who Dat Boy" et "I Ain't Got Time".

Très bien produit, cet album d'Imagine Dragons laisse présager toutes les puissances rendues par le live. Avec des morceaux comme "Believer" et "Thunder", cet LP a de quoi squatter les moods les plus grisants et les floor les plus électriques.

J'attribue 7 généralement quand se détachent quelques morceaux phares. Ici, aucun vraiment, tant tout est établi dans un grand flow électro 80s et downtempo à flux tendu dans une course musicale qui nous laisse "à bout de souffle".

Kid Ink devient l'auteur d'un des meilleurs albums de hip hop US de 2017. Avec cet EP, par des morceaux calibrés au cordeau et riches d'un flow sûr, il excelle et délivre une cohorte de morceaux pour dancefloor et nuits sans fin.

Derrière son titre à rallonge au sens sibyllin, sous couvert d'une pochette synthétique et simplissime, cet album regorge de boucles musicales hypnotiques, grisantes, post-punk et parfois dignes de The Wire.

Pas un grand fan de Depeche Mode, celui-ci jouit pourtant d'une fabuleuse production musicale. Accentués par les signatures sonores du groupe, les morceaux dégagent un profond sentiment de post-rock, dans un parfum de braises.

Sur le papier, ce MADE BY GOD (tout en capital) ne casse pas des barres : les instrus des tubes du groupe sud-africain. A l'écoute, c'est de la matière brute à remixe mais surtout un réservoir de grands instants de transe.

Cet album dont j'ai bien du mal à définir le genre (rap, reagge, pop, soul, dub...) fascine par ses chausses-trapes, ses effets de manche qui prennent à rebours les attentes de l'auditeur, d'une piste à l'autre, pour saisir l'oreille en la surprenant.

En plus du film, cette B.O. m'a fait revoir mon jugement sur Hans Zimmer. La majorité du suspense réussi par "Dunkerque" tient aux boucles angoissantes qui tiennent autant du symphonique hollywoodien que du krautrock pur.

Tour de piste très hétéroclite du meilleur de Can. Allant des très grands morceaux comme "Spoon" ou "Vitamin C" aux choses plus étonnamment pop comme "Can Can" ou "Hoolah Hoolah" qui closent ce beau best of.

Comme avec le dernier LP de Lana Del Rey, ce come back de MC Solaar a été annoncé avec ses plus mauvais tracks. Il en ressort pourtant un album riche, varié et particulièrement en phase avec son époque. Ad hoc, un album de capitaine.

Après les double LP de 2016, Fakear dépose au terme de l'année 2017 ce bel EP où se déploie, comme une fleur en éclosion, quelques tracks qui à force de délicatesse finissnte par toucher quelque chose de l'ordre de la superbe.