Les meilleurs albums de 2017 selon Rainure

Annotation :

Incroyable, une folk viscérale, crue, fragile qui déconstruit ses mélodies aussi vite qu'elles sont construits ; trace ses thèmes moyen-âgeux en pataugeant parfois presque grossièrement, en alourdissant les accords, les cordes de la guitare, le tout enregistré de manière directe, et portée par la voix fabuleuse de Richard Dawson qui part dans tous les sens, qui hurle à n'en plus pouvoir... Des sursauts de cordes en cordes, de rythmes en rythmes, freak folk sauvageonne.

Et ces mélodies, une fois trouvées, ces mélodies imparables : Weaver, Shapeshifter, Scientist...

https://www.youtube.com/watch?v=G54_PYN1Sp4

Annotation :

Encore une merveille pour The Necks ; 4 monts brumeux différents, quatre couches aux aspérités marquées par les mêmes piano, batterie, contrebasse, mais utilisés de manières très différentes pour chaque morceau. Toujours très envolé, lumineux, envoûtant ; des ricochets de motifs, et des ricochets ; des raclements aigus, des bruits, des notes qui ne se trouvent pas, et se perdent à l'infini ; des résonances, et les battements revenant à intervalles plus ou moins régulier. Un régal cotonneux, et Blue Mountain, enfin, Blue Mountain, une merveille insensée, un convoi qui ne cesse d'être rejoint de nouveaux marcheurs, une rivière qui est rejointe de tonnes de bras, pour une lente et imposante extase.

https://www.youtube.com/watch?v=-3gmyJGBMgY

Annotation :

C'est passionnant dans toutes ses fêlures - ce "Death is real" prononcé dans un effondrement de la voix sur My Chasm...
On assiste à un exercice aux paroles très impudiques dans leur justesse, à l'instrumentation dépouillée, à la tristesse sèche, incomblable en l'instant (de manière semblable à Ghost Tropic, de Songs : Ohia) ; d'un côté le verbiage mortuaire ici, de l'autre la réserve des paroles ; deux aridités, deux modèles.
Ca pourrait être foncièrement bouleversant - ça l'est surtout en réécoutant Ô Paon juste avant pour se fondre dans le concept, sans ça c'est juste touchant. C'est déjà beaucoup.

https://www.youtube.com/watch?v=4wHHgFz23pI

Annotation :

Ici, on dessine des paysages fantomatiques, froids, à grand coup de réponses de voix, de violons dronesques ; il faut le temps pour y adhérer, encore là je pense que je passe un peu à côté.

Edit : Vraiment super beau en fait, la voir en live m'a fait redécouvrir plein de subtilités, c'est une longue promenade glacée entre les spectres, les reflets, les rebonds...

https://www.youtube.com/watch?v=IgFTXnzuJPg

Annotation :

"L’en faut, des Pauvr’s, c’est nécessaire,
Afin qu’ tout un chacun s’exerce,
Car si y gn’ aurait pus d’ misère
Ça pourrait ben ruiner l’ Commerce."

Vîrus redonne naissance à un poète du siècle dernier, qui relève des propos toujours d'actualité - la pauvreté, la précarité, le profit sur le dos des plus faibles, les "écrasés" de la société ; toujours sur ces instrus arides et hargneuses, basses sèches, éclats de guitares, choeurs des enfers, relents industriels, et toujours ce flow lancinant, intraitable... Accompagné de la voix (il m'en aura fallut du temps pour apprécier ces instants) lourde et grave de Jean-Claude Dreyfus.

Mais décidément, c'est surtout la plume de Jehan-Rictus qu'il faut applaudir, et remercier Vîrus de l'avoir accouché - petite réappropriation et mise à jour, mais l'intention est la même. Refuser, et vouloir une construction autre.

"J’ suis su’ la Terr’, c’est pour y vivre,
J’ai des poumons pour respirer,
Des yeux pour voir, non pour pleurer,
Un cerveau pour lir’ tous les livres,

Un estomac pour l’ satisfaire,
Un cœur pour aimer, non haïr,
Des mains pour cueillir le plaisir
Et pas turbiner pour mes frères !"

https://www.youtube.com/watch?v=jyALvFOT5-o

Annotation :

Les membres d'Aquaserge sont meilleurs à chaque sortie d'album : du jazz-rock déluré, aux grandes phases de rage laissant le temps à des moments plus cotonneux charmer ; des paroles absurdes à la Albert Marcoeur, du synthé vieilli, des références senties à Robert Wyatt ; plein de bonnes choses données généreusement.

https://www.youtube.com/watch?v=K5wXvGQucSo

Annotation :

Superbe folk (et pas que), déconstruite, hantée (la fin de Philo, bon dieu) par les hululements, les stridences, les souffles. La voix en maître qui guide les escapades sonores, les escalades plutôt - et une batterie qui soutient sans masquer, et des éclats analogiques.

https://www.youtube.com/watch?v=OOSkOvcvhms

Annotation :

Je préfère l'album d'Oiseaux-Tempête je crois, mais ce monstre-là est très impressionnant : des hydres rampants, qui s'élèvent et frappent lentement, avec précision, avec parcimonie, j'allais dire en douce.

Annotation :

Superbe découverte grâce à Wazoo, il résume très bien ce que c'est, un medley des travaux de Charbel Harber, soit de la guitare préparée, des dérapages planants envoûtants (les 10 dernières minutes...), des ronflements orientalisants tout droit sortis des sessions avec Oiseaux Tempête, quelques gratteries folks plus ou moins joyeuses, le tout finement ordonnè et exécuté.

Annotation :

Remblais sonores, donc des nappes et des nappes de gaze. L'air empli de rondeurs douces, d'ambiances urbaines sous pluies et brumes. Plein de chouettes choses dans cette compilation, Yves Tumor en tête, des sons qui s'épanchent, ravissent., organiques ou métalliques.

Limerence (Yves Tumor) : https://p-a-n.bandcamp.com/track/yves-tumor-limerence
ok, American Medium (Jeff Witscher) : https://p-a-n.bandcamp.com/track/jeff-witscher-ok-american-medium

Annotation :

L'Effondras, ce n'est pas du bête Post Rock, c'est plutôt toute une mécanique suintante, crasse et énervée qui connait ses rugissements, ses ralentissements et accélérations ; qui claque au sol, et te donne un peu plus envie encore de rugir à ton tour.

https://www.youtube.com/watch?v=JO8HnKs7vEs

Annotation :

C'est un ensemble de complaintes moyenâgeuses noyées dans une brume, dans un flou immense, porté par la douce voix d'Eloïse Decazes, le couple guitare sèche / guitare réverbérée à l'infini, en échos perpétuels - impression des paysages froids de Natural Snow Buildings, d'une sorte de douceur effarouchée, ou d'une tristesse effarouchée, va savoir ; et on retombe chez Areski et Fontaine dans certaines intonations, certains sursauts ; puis les quelques surprises, la cornemuse qui surgit, les pincements du coeur, et la ritournelle d'Amour triste, les beaux et belles, et les animaux, comme une frise découpée dans le tulle noir, comme un conte raconté tendrement sur le coin de l'oreiller.

https://www.youtube.com/watch?v=VNFsjTjimOQ

Annotation :

Vraiment un superbe album/projet ; réussite franche dans la rupture / continuité avec Ici et là-bas ; on récupère les bouts plus ambiants de l'album précédent, on lâche le côté "qui s'y frotte s'y brûle", pas de Julien Ruffié à la batterie, mais une présence - rare puis plus marquée sur la fin de l'album - de boîte à rythme d'une classe monstre. Et surtout surtout, les motifs qui continuent, qui varient et bouclent dans tous les jeux de drones de guitare, la voix de Michel Cloup, sourde, contrebalancée par le souffle de Béatrice, la respiration ; le monologue morphé en dialogue ; le désespoir un peu froid de certains passages, quasi-portés uniquement par la voix, Musique tue.
Puis le rappel au passé, la récupération d'un morceau illisible, réinterprété de mémoire (Sedétacher 2017, passage le plus proche d'un Michel Cloup Duo comme on le connait du disque), les voix en litanies, en répétitions, qui s'intercalent, tandis que les sons se densifient (quelques murs brouillés de guitare), s'éclaircissent pour mieux laisser cour à la grande introspection du tout. Enfin, l'agencement final de l'échange :
"- Finir
- Ici
- Avant de recommencer
- Ailleurs
- Autrement. Finir
- Ici [...]"
Le crescendo final, l'espoir n'a jamais cessé, puis le clap final. Fin de scène, on peut continuer, on peut relancer l'album et ses "clacs".

https://www.youtube.com/watch?v=MOnMqYpoaNQ

Annotation :

Colin Stetson court après son son ici, sans cesse ; une poursuite effrénée se traduisant en percements du saxo, tapages sombres ou hurlements déjà connus mais toujours impressionnants. Parfois on aurait presque l'impression d'une techno tribale et acoustique : Between water and wind.

https://www.youtube.com/watch?v=T690rDJ7c80

Annotation :

Mélopées électro-acoustiques, plein de précautions, de douceurs arrondies, d'un mélange étrange de doute et de sûreté, comme le maître accompli qui regarde son oeuvre et y cherche toujours quelque chose à bouger, à faire trembler. L'inégalité le rend encore plus touchant.

https://www.youtube.com/watch?v=pygwK0sBUdM

Annotation :

Le coeur de la forêt qui bat. Superposition de temporalités différentes : celles des nappes, celles des instruments noyés, celles des beats modifiés et transis, gourds, épais, pleins d'écorces. Parfois, de la techno derrière des buissons, déguisées et soustraite à elle-même. De la stase, des choses lentes, répétées, qui se perdent dans les mousses de sous-bois, dans les tourbières.

Narkopop 5 : https://www.youtube.com/watch?v=FSsOwZwT6fU
Narkopop 8 : https://www.youtube.com/watch?v=E4w-ZjCy7lA

Annotation :

Rapidement, c'est quand ils s'échappent des pistes déjà visitées par Moondog sur Old Instrument que l'Ensemble réussi le mieux : une musique qui gagnerait à perdre en didactisme et à s'aventurer.

Chroniqué ici : http://www.adecouvrirabsolument.com/spip.php?article7376

Marche Funebre pour Vercingétorix : https://www.youtube.com/watch?v=vmHOlr3keE0

Annotation :

I Quite Like It When It Sings est de très très loin le meilleur morceau pop que j'ai pu entendre cette année... Magnifique.

Un album grandiose, perdu dans plein de spectres chancelant de tendresses ; de douceurs désincarnées traduites en hululements, en guitares se perdant au loin. Une sorte de machine-jouet qui avance sans rien craindre, et avance un peu en boitant.

https://www.youtube.com/watch?v=5Xa5A8MGxhc

Annotation :

Plus "échappé", moins construit que le précédent album, laissant une plus belle place aux acteurs autochtones, aux improvisations, et invités - le grand Mondkopf sur Carnaval...

https://www.youtube.com/watch?v=vkJ2NHAQGqA

Annotation :

Du bourdon, de l'intime, quelque chose de torturé et de très personnel, des cris, des choeurs : Mondkopf se surpasse pour offrir une fresque terrifiante, splendide.

Annotation :

(la première piste... Le plus bel hommage à David Bowie qui existe, tout simplement. Un étalement à l'infini des nappes ambiantes, cette ombre de saxophone qui se rajoute...)

https://www.youtube.com/watch?v=04n3WAtnudA

Annotation :

Petit coup de mou sur French Bashing / Bed Bugs qui passent mieux en live qu'en album, le reste c'est du gros grunge qui fait plaisir, qui arrache comme il faut, des mélodies instantanées qui font earworms instantanés (Venus Flytrap <3), on gagne en puissance de frappe dans cette nouvelle formation (Guilty Species, impressionnante dans sa lourdeur).

https://www.youtube.com/watch?v=QTBQgs6hJFA

Annotation :

Merveilleux dans l'ensemble ; la transition de la première partie (tapageuse, sans pudeur, mais pas sans cohérence) à la seconde partie plus mesurée est fascinante ; point d'orgue sur Choir où l'on convoque un semblant de spectre de Laurie Anderson sur un violon (comme Wazoo l'a souligné) qu'on verrait bien chez Sarah Neufeld, et sur Wreath un peu avant pour une dernière explosion avant de défaire les formes.
En embrassant tant de formes à la fois, le pari est audacieux ; Perfume Genius le réussit aisément ; dépassant toutes mes espérances. Quelques soupcons d'ennui parfois ; et encore un poil de mal avec l'exubérance des premiers morceaux, je crois que je m'y ferais (puis bon, il faut souligner tout le questionnement sur le genre, la sexualité, le corps très réussi).

https://www.youtube.com/watch?v=EPiiY4a1vf4

Annotation :

Jay Jay pose sur la pochette, comme surpris par l'objectif, devant le piano qui survient à presque chaque instant sur Bury The Hatchet, l'air comme d'attendre qu'on lui dise quelque chose, en présentant son travail. Attentif.

En ça, Bury the hatchet sera un disque attentif et douillet, sans doute un peu trop, beau dans sa prudence, et un poil trop prude, c'est un album sans fards car qui ne proposera rien de bien original, dans la formule Jay Jay. De l'introductive Paranoid au Major to minor, en passant par November, on retrouve les thèmes chers du suédois, les relations amoureuses, tristes, échouées (Wreck), tumultueuses... avec ce désir permanent du rachat, du pardon un peu naïf.

C'est donc un piano qui guidera quasiment tout l'album - deux pistes muettes, quasi une première pour Johanson, où l'enregistrement pourrait prendre des airs de musique minimaliste, avec des enregistrements de craquements au plus proche du piano (Nils Frahm, someone ?) ; juste abandonné sur November et partiellement Rainbow, où l'on retrouve une facette plus trip hop, et sinon des beaux accords, des surprises en références - le sample de White Noise sur Wreck, le duo batterie/piano de From Major To Minor qui prendrait presque des allures de New Grass, même si disont le ça en est très loin...

C'est très rangé, très maîtrisé, et ce n'est pas plus mal - Jay Jay a fait ses preuves, il fait bien tout ça. Et puis ça fini si bien, avec Nightmares Are Dream Too, une petite tempête qui vient bouger ce petit monde trop propre avec la voix déformée, les effets s'ajoutant, les percussions effrénées, superbe. Le piano conclue le tout, dans un grand silence.

https://www.youtube.com/watch?v=BPKC6YOA5Sg

Annotation :

Par moment presque énervant, sur certains accents de la voix, mais dans l'ensemble incroyablement prenant, instrus synthpop parfaites, et puis ces emportées énervées démentes... (la fin de Rolling Stone !)
Ca joue avec pas mal de retenue même parfois, on se rapprocherait presque de Perdition City sur des bouts de pistes, puis toujours même dans la pop, cette noirceur...

https://www.youtube.com/watch?v=gaCBkv_2Ht4

Annotation :

Comparé au précédent, on préfère attaquer que prendre son temps.
Du bruit DI-RECT. Comme dirait Programme.

https://www.youtube.com/watch?v=2OKauEZcubI

Annotation :

Do Make Say Think revient dans une formule un peu plus rentre-dedans que par le passé, et ça fonctionne à merveille. Plus de synthés déglingués, moins de côté "jazzy" intello que par le passé, ça forme de très belles choses qui prennent le temps, avec toujours cette batterie parfaite.

https://www.youtube.com/watch?v=GC_Vul8Hsro

Annotation :

Ca me fait tellement penser à l'OST de Lisa... De la techno sanguine, pulsionnelle, aux voix déformées, mélodies surprenantes.

https://www.youtube.com/watch?v=6MnoAEPNvHk

Annotation :

Beaucoup de bien d'entendre un album comme ça en ce moment. Malgré cela, un tout cohérent mais il manque quelque chose pour me captiver définitivement comme chacun des autres albums de Mendelson. Au final, les vidéos "Extensions politiques" sont plus intéressantes que l'album à mon sens.

https://www.youtube.com/watch?v=uBCSKocmqGY

Annotation :

Album con sept.

Donc sept.

Y a une bonne ambiance, merci à l'organisation.

https://www.youtube.com/watch?v=Y1edu-DJqbA