Les meilleurs films de 2005 selon Marius Jouanny

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Je persiste et signe : ce troisième épisode est l'aboutissement inespéré d'une trilogie en demie-teinte. Et à tous les niveaux : réalisation, rythme, dramaturgie, décors, montages parallèles, et surtout une maturité et une noirceur dans le récit véritablement appréciable. Il y a toujours ce basculement d'Anakin quelque peu forcé, et une légère tendance à la surenchère des combats qui ne laisse pas le temps de respirer, mais tout le reste atteste de la volonté de Lucas de finir en beauté. Et pour le coup, il ne s'est pas moqué de nous. Il montre que le basculement du côté obscur n'est pas seulement due à la haine et la peur de perdre l'autre : c'est aussi par le mensonge, l'égoïsme mais surtout l'auto-persuasion d'une réalité fausse. Non, les jedi n'ont pas tenté de coup d'état, Anakin le sait très bien, mais il s'est persuadé du contraire. Le côté obscur comme endoctrinement, abandon à l'amertume et à la rage absolue.

Seul véritable regret : le délaissement total du personnage du comte Dooku, qui aurait pu être tellement plus substantiel et mieux exploité...

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Cela faisait longtemps que je voulais voir ce Spielberg (au point, croyez-le ou pas, d'avoir rêvé que je le regardais !) notamment car j'avais l'intuition qu'il était le film le plus sous-estimés de sa filmographie. Et le visionnage a confirmé cette intuition, si l'on excepte les dernières minutes du film qui se conclue malheureusement de manière assez navrante, comme si après avoir porte le film apocalyptique là où il n'était jamais allé Spielberg s'était senti obligé de remplir un cahier des charges dans la dernière ligne droite (héroïsme de l'armée américaine, retrouvailles familiales, etc.). Mise à part cela donc, le cinéaste ne réalise pas simplement un blockbuster à la réalisation peaufinée et virtuose (à l'image de ce plan-séquence dans la voiture, discret, efficace et bouleversant) qui exploite pertinemment les effets spéciaux numérique. Il réalise un drame familial très touchant, porté par Tom Cruise en père anti-héros pathétique et déshumanisé (un de ses meilleurs rôles) et par une noirceur qui trouve son paroxysme dans la confrontation avec Tim Robbins (très bon second rôle). Certes, certaines scènes tombent dans un spectaculaire un peu éculé, mais la mise en scène, parfois majestueuse et parfois beaucoup plus intimiste de Spielberg magnifie chaque scène.

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Comédie policière particulièrement réjouissante, "Kiss Kiss Bang Bang" déploie tout d'abord un mécanisme verbal terriblement bien huilé. Tout le comique du film repose sur cet art du dialogue, du jeu de mot, du quatrième mur brisé et du détournement intelligent des codes du film policier et du film noir, qui sait trouver le juste milieu entre subtilité raffinée et vacherie proche du vulgaire, mais toujours bien tourné. Certes, l'écriture nous perd un peu pour l'aspect policier, complexe, mais dans la pure tradition du "Grand Sommeil", ces brouillages de pistes constants font partis du charme et l'intérêt principal se trouve de toute façon ailleurs.

En effet, outre une réalisation au poil, avec montage inventif et très bien rythmé, ainsi qu'une photographie bien chiadée, c'est autour des personnages, écriture comme interprétation, que se joue le cœur du film. Le duo d'enquêteur est parfait, Robert Downey Jr. en tête (je m'identifie d'ailleurs au personnage de manière assez troublante) et Val Kilmer n'est pas en reste, campant un homosexuel hilarant. La superbe et ingénieuse blonde Michelle Monaghan complète le tout avec panache. Il y a dans leurs développements un soupçon de drame bien amené, qui complète et abreuve les différents registres et aboutissants du film comme la cerise sur le gâteau.

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Sam Mendes sonde avec "Jarhead" l'ambivalence du désir guerrier, ici totalement frustré par six mois de mobilisation au Koweït pour quatre jours de combats. Si la part psychologique du film n'est pas un monument de profondeur et de subtilité, un bon développement des personnages permet de bien s'attacher à eux, et comprendre leur attrait pour la guerre jusqu'à la folie. "American Sniper", dans le même genre, est tout de même plus abouti de ce point de vue.

Il faut enfin ajouter que le réalisateur dote à son film un certain sens du rythme, du montage à la bande-son, en passant par une narration en voix-off très efficace, qui rend "Jarhead" captivant malgré le manque d'action intentionnel à l'écran. Certaines images, des puits de pétroles en feux aux scènes nocturnes, restent d'ailleurs en tête. A noter quelques petites touches d'humours éparpillés ça et là appréciable.

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 Le secret de Brokeback mountain : Ang Lee filme dans « Borkeback Mountain » une romance holywoodienne plantée dans un (superbe) coin de l’Amérique sauvage. Les deux jeune cow-boy Heath Ledger et Jake Gyllenhaal ne vont effectivement pas mettre longtemps avant de faire tente commune, mais leur amour sera piquant : tandis que l’un part se marier, l’autre ravale son amertume. La psychologie contrastée des deux personnages est peinte avec suffisamment de subtilité pour rendre le visionnage agréable et attachant. Cependant Ang Lee propose une fois de plus un script et une réalisation maîtrisés mais foutrement lisses, comme les joues de Jake. Le récit tire en effet uniquement son originalité de l’homosexualité plus ou moins assumée de ses personnages, et s’il construit bien sa dramaturgie, ne sort jamais des clous.

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Comme dans Les Eternels, Jia Zhang-Ke pose un regard d'une lucidité folle sur la société chinoise de son temps. Le partis-pris y est encore plus explicitement documentaire dans celui-ci, qui observe longuement un lieu symbolique de la transformation à marche forcée de la société chinoise : un parc d'attraction réunissant tous les grands monuments du monde, de la Tour Eiffel aux pyramides égyptiennes, en taille réduite. Il déroule ainsi sa série de personnages symboliques d'un déracinement douloureux, d'une perte de repère irrévocable qui semble sans espoir. Mais comme pour Les Eternels, la narration est étirée à outrance, entre scènes d'animation, montage un peu avare en coupures, etc. laissant le spectateur un peu dubitatif entre quelques scènes dont l'émotion surgit avec fulgurance.

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Niccol se dote de toutes les bonnes intentions du monde avec ce film, mais l'exercice reste beaucoup trop didactique. Certes, la réalisation est plutôt irréprochable, le film est moins cynique qu'amère, mordant de lucidité et d'ambition dénonciatrice. Mais à l'image de cette voix-off constante qui rend la narration instantanément éculée, le tout manque de panache, reste beaucoup trop sage. Il lui manque la mélancolie de "Bienvenue à Gattaca", même si on l'entrevoie parfois, suffisamment pour qualifier ce film d'humble ode au tragique. Niccol n'aura finalement jamais passé le cap de son premier film, imparfait mais fascinant, substantiel et indéniablement marquant, et en tout cas bien plus que le reste de sa filmographie. Nicolas Cage reflète d'ailleurs bien le manque de vigueur du film par son jeu.

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Par ses libertés prises avec l'oeuvre originale, "V pour Vendetta" est une adaptation quelque peu décevante. Facilité, raccourci et amputé d'une bonne partie de sa subtilité, le scénario d'Alan Moore garde néanmoins son essence : l'ode à l'anarchie qu'il transmet est presque intacte. Visuellement, rien de bien surprenant, ce ne sont pas les Wachowskis qui ont réalisés le film eux-mêmes et cela se sent.

Reste un récit bien mené et bien interprété, qui n'atteint en aucun cas les sommets du comics mais dont les intentions sont plutôt louables.

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L'aspect visuel est une réussite indéniable. Le problème est que sur le plan rythmique tout va beaucoup trop vite : Miller et Rodriguez ont voulu condenser trop de récits en 2H, ce qui ne laisse pas le temps de s'impliquer émotionnellement (à part pour le segment avec Bruce Willis) même si cela confère au film un cachet cartoon. La surenchère dans la violence est jouissive, il faut bien l'avouer. Dans l'écriture enfin, il est décevant de constater à quel point l'aspect choral de la narration est sous-exploité. Là où on aurait pu s'attendre à des allers-retours et allusions permanentes aux différents personnages à la manière de Pulp Fiction, les différents récits restent hermétiques les uns aux autres.

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Petite déception. Ce western a beau être bien orchestré, très bien interprété, la bande-son vaut certes le détour à elle seule... Mais suis-je le seul à trouver cette histoire de fratrie très convenue. Et la représentation de la violence un brin tape-à-l’œil ? C'est dommage, tant les personnages ont un certain potentiel, tout comme le décor autralien.