Les meilleurs films de 2018 selon JulesCny

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Mitchell déboule sur la scène filmique après son entrée fracassante avec It Follows (2015), et offre une oeuvre foutraque, complètement déjantée et onirique. Un fabuleux rêve éveillé, à la fois pur délire de mise en scène (probablement sous influences) et ode à la "sous-culture" de la fin du 20ème siècle qui continue de bercer nos imaginaires. L'univers est dense, trop dense, les personnages trop fous, pour ne citer qu'eux : la femme aux ballons, le roi des sans-abris, la femme chouette, le compositeur... Mitchell souffle puissamment sur la poussière accumulée sur les antiques codes du film noir, recycle Hitchcock, De Palma, Lynch, et réussit à dessiner son propre style visuel à l'aide d'effets sales et jouissifs : travellings accélérés, distorsions de l'image, demi-bonnette... Tout est bon pour traficoter dans un délire purement fétichiste... Une tuerie !

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CINEMA EST DANSE

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Paul Thomas Anderson livre un de ses films les plus beaux, une oeuvre raffinée et complexe qui raconte bien plus qu'une histoire d'amour : la condition de l'artiste. Une mise en abîme monumentale non seulement de la vie de son auteur mais aussi de celle de son acteur, Daniel Day-Lewis. Outre son travail sur le cadre, une maîtrise parfaite héritée entre autres du papa Kubrick, Phantom Thread nous laisse dans un flou émotionnel complet, mais témoigne d'une très profonde nostalgie. Le déclin progressif d'un homme possédé par son art.

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En filmant à l'iPhone, le visionnaire Soderbergh challenge son art, met son style à l'épreuve, et offre une œuvre plutôt avant-gardiste et expérimentale. Les quelques défauts de Paranoïa, qui sont surtout des défauts d'écritures, sont largement excusables au vu de la proposition que fait le film. En se servant des nouvelles technologies, Soderbergh imagine un nouveau rapport aux images et pose, avec ce premier grand film tourné avec un smartphone, une sorte d'essai, de brouillon, qui pourrait ouvrir, qui sait, une toute nouvelle voie au cinéma.

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"Il tutoyait les anges, ce garçon, et il n'avait l'air de rien. Il avait offert sans presque s'en douter à une petite fille vaguement parente des années de torture, l'annihilement de sa pauvre vie dans cette monotonie torride, sans conditions, sans marchandage, sans intérêt que celui de son bon cœur. Il offrait à cette petite fille lointaine assez de tendresse pour refaire un monde entier et cela ne se voyait pas.
Il s'endormit d'un coup, à la lueur de la bougie. Je finis par me relever pour bien regarder ses traits à la lumière. Il dormait comme tout le monde. Il avait l'air bien ordinaire. Ça serait pourtant pas si bête s'il y avait quelque chose pour distinguer les bons des méchants."
Céline, Voyage au bout de la nuit

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Certainement le film le plus poétique de Guillermo del Toro, La Forme de l'Eau est une déclaration d'amour fougueuse au cinéma. Entraînée par une direction orchestrale, la caméra flottante de Del Toro peint une relation amoureuse extrêmement touchante et met en avant des personnages souvent faibles de par leur position et issus de minorités. Directement hérité de la forme du conte (on pense de suite à La Belle et la Bête), et truffé de références bibliques (le poisson symbole du Christ : l'homme-poisson du film est un délivreur de paix et d'amour), La Forme de l'Eau est surtout un film hybride qui puise ses racines dans des genres cinématographiques variés et anciens. C'est finalement en croisant ce réseau complexe de références que Del Toro réussit à livrer une ode vibrante et profonde à sa mythologie cinéphile.

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Ce film de science-fiction, qui n'est pas sans rappeler le Stalker de Tarkovski, n'a rien à envier à son immense modèle en terme de complexité et de profondeur. Alex Garland nous offre des pistes qu'il ne poursuit pas totalement, et livre au final une oeuvre obsédante pour qui cherchera à la comprendre, mais qui pourra laisser certains perplexes. Esthétiquement, le film balance, selon les moments, entre beauté sculpturale et mise en scène tristement convenue. Finalement, là où Annihilation réussit réellement, c'est lorsqu'il cherche à perdre le spectateur en brouillant ses repères et en troublant le récit, et en le plongeant dans une atmosphère pré-apocalyptique crépusculaire (aidée par la superbe musique de Geoff Barrow et Ben Salisbury).