SensCritique
Cover Les meilleurs films de 2019

Les meilleurs films de 2019 selon Alfred Tordu

Sur un panel de 44 films vus cette année.

Liste de

15 films

créee il y a plus de 4 ans · modifiée il y a 4 mois

Parasite
8.3
1.

Parasite (2019)

Gisaengchoong

2 h 12 min. Sortie : 5 juin 2019 (France). Drame, Thriller, Comédie

Film de Bong Joon-Ho

Alfred Tordu a mis 10/10.

Annotation :

D'abord introduit comme une farce sociale, dans laquelle on prend plaisir à voir une famille de prolos usés de malice pour se faire tour à tour engager dans une maison de richous stupides et dédaigneux. Parasite déjoue ensuite nos attentes, avec un récit riche en rebondissements évoluant vers une tonalité plus dramatique qui renforce notre empathie vis à vis des personnages et de leur tragique destinée. Un virage inattendu qui reste néanmoins parfaitement cohérent avec les thématiques du long-métrage et leur permettent même un développement approfondie.

Car derrière cette histoire atypique, à mi-chemin entre la comédie, le thriller et le drame social, Bong Joon-ho dépeint avec brio les rapports de classe entre ses protagonistes. Le propos n'est pas nouveau, mais il est ici parfaitement représenté, avec pertinence et subtilité et ce, autant dans l'écriture que dans la mise en scène.

Aussi rien d'étonnant à ce que la dernière réalisation du cinéaste est remportée la Palme d'Or au Festival de Cannes. Car en étant à la fois inventif et superbement exécuté, tout en restant profondément accessible auprès du grand public, Parasite a de solides atouts pour faire l'unanimité autour de lui et devenir un beau succès populaire.

La Belle Époque
7
2.

La Belle Époque (2019)

1 h 55 min. Sortie : 6 novembre 2019 (France). Comédie dramatique, Romance

Film de Nicolas Bedos

Alfred Tordu a mis 9/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

Nicolas Bedos accouche d’une fable débordant de justesse et de poésie sur ce qu’est véritablement la nostalgie ; le fait de ne plus se sentir en phase avec son temps, le sentiment que ses proches ne sont plus les mêmes qu’autrefois et l’idéalisation d’une époque nous donnant l’illusion que les choses étaient plus « simples » auparavant. Une histoire qui s’inscrit non seulement dans une ère résolument tournée vers le passé, mais aussi dans un cadre narratif (celui d’une entreprise plongeant ses clients dans l’époque de leur choix), permettant de dresser un parallèle évident avec l’autre usine à rêve qu’est le cinéma.

Ainsi, la reconstitution de l’année 1974 adoptera systématiquement deux points de vue différents. Celui de Victor, relogeant avec émotion dans ses propres souvenirs et s’amusant à relever à voix haute, les imperfections et les tours de force de l’équipe technique. Puis, celui d’Antoine, le metteur en scène qui en coulisse, orchestre son spectacle d’une main de fer, s’évertuant à rendre le moindre détail « réaliste », quand bien même son spectateur est parfaitement au courant que tout est faux.

C’est de ce ping-pong permanent, aidé par un sens du rythme impeccable que naîtra les meilleurs moments de La Belle Epoque, ainsi que la réflexion qui en découle sur le monde du spectacle, le pouvoir de la mise en scène et la frontière ambiguë entre rêve et réalité, thème si cher à mon cœur.

Quelle surprise de voir que pour une fois mon enthousiasme n’est pas partagée par le plus grand nombre. Si certains préfèrent pinailler sur quelques facilités scénaristiques et des personnages caricaturaux, quand bien même ces derniers sont parfaitement incarnés et que des reproches similaires pourraient être adressés à d’autres films pourtant encensés (au hasard Joker). Je préfère vanter la qualité des dialogues, l’originalité du concept et la maîtrise avec laquelle il est mit en scène.

Marriage Story
7.3
3.

Marriage Story (2019)

2 h 17 min. Sortie : 6 décembre 2019 (France). Drame, Romance

Film de Noah Baumbach

Alfred Tordu a mis 8/10.

Annotation :

A la fois satire du système judiciaire et drame intimiste sur la séparation d'un couple qui s'aiment sincèrement mais dont les différences et les rancœurs rendent toute perspective de réconciliation impossible.
Malgré l'affection que les deux anciens amoureux continuent de se porter, la procédure de divorce les oblige à exposer au grand jour, le conflit douloureux qui les désunie. Le tribunal devenant ainsi le théâtre d'une effroyable bataille dont que seuls les avocats mènent avec dévotion, tant ils sont les seuls à en sortir victorieux.
La théâtralité assumée du film fait écho à la profession des protagonistes tout en permettant aux interprètes de montrer l'étendu de leur talent. Cela n'empêche cependant pas le récit de transpirer une justesse et un vécu incroyables, et dans lequel quiconque ayant vécu une rupture ou assisté au divorce de ses parents sera susceptible de se reconnaître.

Les Misérables
7.5
4.

Les Misérables (2019)

1 h 44 min. Sortie : 20 novembre 2019. Drame

Film de Ladj Ly

Alfred Tordu a mis 8/10.

Annotation :

Ladj Ly force le trait sur la caractérisation des personnages, mais c’est pour mieux les iconiser et cela va avec le ton too much du long-métrage qui, malgré la dureté du propos, apporte de vrais moments de comédie assez savoureux.

Au-delà de son côté excessif, il s’en dégage malgré tout un regard juste sur la banlieue et les problèmes qui la gangrène. Le réalisateur fait le portrait d’un Far West géant dans lequel les figures d’autorité dépassées par la situation se sont finalement résolues à suivre la loi de jungle et à œuvrer avant tout pour leurs intérêts personnels. Un système dont les principales victimes sont évidemment les jeunes générations qui, en réponse à l’injustice, n’ont d’autre choix que d’attaquer ceux qui étaient censés les protéger et qui ont faillit à leur mission.

Le film arbore une esthétique réaliste, avec un usage important de caméra épaule pour filmant les personnages de près dans une relative sobriété. Cela n’empêche pas pour autant le réalisateur de soigner ses cadres et de multiplier les idées de mise en scène. Son savoir faire se fait particulièrement sentir lors des scènes de confrontation reposant toujours sur le même principe : jouer avec l’espace pour créer une sensation d’étouffement. Ladj Ly nous donne systématiquement l’impression que ses protagonistes se retrouvent petit à petits encerclés, comme pris au piège, ce afin de rendre leur frayeur plus palpable et de nous faire comprendre comment ils peuvent en arriver à la violence alors qu’en soit, ils ont toujours l’avantage.

La filiation avec La Haine est évidente. A ceci prêt que le film de Kassovitz, en plus d’être bien plus inventif dans sa mise en scène, prenait uniquement partit pour les banlieusards en crachant ouvertement sur la flicaille.
En embrassant majoritairement le point de vue des policiers, Les Misérables se veut plus nuancé, ne cherchant à diaboliser personne. C’est tout à son honneur, mais cela en fait un film facilement récupérable, par les uns comme par les autres. Le commentaire de Macron à ce sujet en est la parfaite illustration.

Mais si le propos est plus consensuel, le constat dressait sur la banlieue et les dérives du pouvoir lui est sans concession.

El reino
7.2
5.

El reino (2018)

2 h 11 min. Sortie : 17 avril 2019 (France). Thriller

Film de Rodrigo Sorogoyen

Alfred Tordu a mis 8/10.

Annotation :

El Reino n'est pas vraiment à considéré comme un film politique, dans la mesure où le sujet n'est jamais vraiment traité. Impossible de savoir dans quel camp se situe les protagonistes, on ne les voit jamais exercer leurs fonctions d'Etat et les magouilles provoquant la chute du François Fillon hispanique demeurons obscures pour le commun des mortels.
Le véritable but du film est de conter la chute d'un énarque qui, comme tous les puissants de ce monde, refuse d'assumer les conséquences de ses actes. Se considérant davantage comme le produit d'un système fondamentalement corrompu dans lequel il n'a fait que suivre le mouvement et qu'il projette d'entraîner avec la lui dans son auto-destruction.

De ce récit satirique sur les hommes de pouvoir et leur environnement nauséabond, Rodrigo Sorogoyen donne lieu à un thriller particulièrement haletant et immersif qui fait naître en nous une empathie presque dérangeante pour son anti-héros.

Si la mise en scène se montre globalement répétitive dans ses effets, avec une caméra épaule filmant l'action au plus près des personnages, un rythme nerveux et une bande-son grisante ; cette dernière révèle néanmoins l'étendu de son potentiel dans le dernier tiers tout simplement jubilatoire du long-métrage.

Once Upon a Time... in Hollywood
7.2
6.

Once Upon a Time... in Hollywood (2019)

2 h 41 min. Sortie : 14 août 2019 (France). Drame, Comédie

Film de Quentin Tarantino

Alfred Tordu a mis 8/10 et a écrit une critique.

Annotation :

Plus référentiel et moins viscéral

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Vice
7.1
7.

Vice (2018)

2 h 12 min. Sortie : 13 février 2019 (France). Biopic, Comédie, Drame

Film de Adam McKay

Alfred Tordu a mis 7/10.

Annotation :

Après une première partie utile à la présentation du personnage, mais beaucoup trop longue, le film entre enfin dans le vif du sujet. Décryptant avec brio l'arrivée à la maison blanche de Dick Cheney, la manière dont il s'est accaparé le pouvoir présidentiel et les raisons de sa politique dévastatrice, ainsi que les conséquences de cette dernière sur le long terme.

Réalisé par Adam McKay, pilier de la comédie US et réalisateur de The Big Short, on y retrouve les qualités que dans sa précédente œuvre. Même goût pour la vulgarisation satirique et même traitement décalé utilisant constamment les effets de style et le brisage de 4° mur.
La recette fonctionne toujours mais l'effet de surprise n'est plus là et le film paraît donc moins innovant que son ainé. On pourra également regretter que les années Bush ne soient pas plus traiter en profondeur. Certaines thématiques sont à peine évoquées alors qu'il y avait matière à faire quelque chose de beaucoup plus exhaustif, quitte à écourter ou réécrire entièrement la première partie du script.
Mais d'un autre côté, le principal y est et McKay parvient surtout à donner beaucoup de relief à son héros, superbement interprété par Christian Bale.

Portrait de la jeune fille en feu
7.4
8.

Portrait de la jeune fille en feu (2019)

1 h 59 min. Sortie : 18 septembre 2019. Drame, Historique, Romance

Film de Céline Sciamma

Alfred Tordu a mis 7/10.

Annotation :

Brokeback Mountain féminin mettant en scène la naissance d'un amour inattendu et impossible. L'histoire est assez classique et son déroulé assez prévisible, même si le cadre du récit permet à son auteure d'aborder également le sujet de l'art, de la représentation et du rapport artiste/muse.
Ce n'est pas le genre de films auxquels j'adhère facilement mais, aussi surprenant que cela puisse paraître, je me suis progressivement habitué au rythme lent et à l'ambiance austère du long-métrage, pour être finalement ému par le sort des protagonistes à l'écran.

Malgré l'aspect très théâtrale de l’œuvre, fortement accentué par les dialogues ; la finesse d'écriture, la subtile mise en scène de Céline Sciamma et surtout l'interprétation tout en justesse des comédiennes ; tout ceci forme un ensemble d'éléments positifs qui participent à rendre cette relation parfaitement crédible.

En cela, il dépasse légèrement sa condition de "Brokeback Mountain Like" pour devenir une œuvre plus générale sur l'amour, dans laquelle chacun peut se retrouver et ce, malgré le point de vue typiquement féminin qui s'en dégage.

La Fameuse Invasion des ours en Sicile
6.9
9.

La Fameuse Invasion des ours en Sicile (2019)

La famosa invasione degli orsi in Sicilia

1 h 22 min. Sortie : 9 octobre 2019 (France). Animation, Aventure, Fantastique

Long-métrage d'animation de Lorenzo Mattotti

Alfred Tordu a mis 7/10.

Annotation :

D'une inventivité visuelle ahurissante, autant par le dessin que dans la mise en scène. J'aime particulièrement les effets de perspective, la manière imagée avec laquelle certaines scènes clés sont représentées et le découpage de l'action, notamment durant ce superbe montage alterné entre une bataille militaire et un numéro de cirque.

L'auteur propose également une deuxième partie inédite à l’œuvre originale de Dino Buzzati. Cela créer d'ailleurs une structure un peu étrange.
En effet, après une premier acte presque trop rythmé où les péripéties s'enchaînent avec un humour et une légèreté très affirmés. Un autre film lui fait place, beaucoup plus posé et mélancolique que le précédant.

Un parti prit un peu déroutant, mais qui s'explique par le fait qu'il y est deux narrations distinctes au cours du récit. La première étant celle beaucoup plus enjouée et spectaculaire des deux conteurs humains, tandis que la deuxième fait plus figure de légende racontée au coin du feu par un vieux sage.
En cela, la seconde partie fonctionne très bien, en plus d"enrichir le propos originel et d'apporter de surcroit une petite réflexion sur la notion de comte et de conteur.

Le film n'est cependant pas exceptionnel en soit et sa structure fait que l'on reste un peu extérieur aux deux histoires qui nous sont racontées, mais cela reste une jolie adaptation qui réussie parfaitement de ce qu'elle entreprend.

Douleur et Gloire
7.2
10.

Douleur et Gloire (2019)

Dolor y Gloria

1 h 53 min. Sortie : 17 mai 2019 (France). Drame

Film de Pedro Almodóvar

Alfred Tordu a mis 7/10.

Annotation :

Au vu de la com, on pourrait craindre de voir Pedro Almodovar se regarder le nombril pendant 2h et on aurait pas tort puisque c'est exactement le cas.
Sauf qu'à l'inverse de La Mauvaise Education où le réalisateur parlait de lui de façon détournée, à travers un drame excessivement alambiqué. Ici, il ne se cache plus et aborde plus frontalement sa propre personne.

Comme il le dit lui-même, Douleur et Gloire n'est pas une autobiographie, mais plutôt une autofiction dans laquelle Almodovar utilise des éléments de son vécu ou de sa psyché pour ainsi les intégrer dans une histoire totalement romancée. La démarche est séduisante et nous invite à constamment tenter de démêler le vrai du faux ce qui, en soit, constitue déjà un grand intérêt pour le long-métrage.

Mais Douleur et Gloire c'est avant tout le portrait d'un cinéaste vieillissant, dont l'état de santé l'empêche de s'évader en réalisant de nouveaux films et qui se retrouve donc contraint d'affronter les névroses d'un passé douloureux. Un portrait touchant qui devient d'autant plus passionnant lorsqu'on le met en parallèle avec la figure de son metteur en scène. On comprend alors qu'Almodovar utilise son art pour exorciser ce qu'il a sur le cœur. Que ce soit les fêlures de son enfance, sa relation avec sa mère, ses rapports avec les comédiens, son rapport à la création ou la grande solitude dans laquelle il se complet depuis des années. Et pour peu que l'on connaisse un tantinet le cinéaste alors cette introspection ne peut laisser indifférent.

D'autant qu'elle est porté par Antonio Banderas, Pénélopé Cruz et Julieta Serrano, trois figures mythiques de son cinéma, chacun parfait dans son rôle taillé sur mesure pour lui.

Midsommar
7.2
11.

Midsommar (2019)

2 h 27 min. Sortie : 31 juillet 2019 (France). Drame, Épouvante-Horreur, Thriller

Film de Ari Aster

Alfred Tordu a mis 7/10.

Annotation :

Malgré une première partie un peu longuette et des acteurs inégaux dans leur interprétation, le film parvient à nous captiver à la suite d’un évènement imprévisible qui remet en cause notre perception de la confrérie dans laquelle on échoué nos héros.
En effet, c’est un mec de la bande qui invite ses camarades à découvrir la tribu dont il est issu. Un garçon qui ne s’est pas distingué du lot et dont on a à priori aucune raison de se méfier. De plus, lorsque les jeunes étudiants arrivent à destination, ils font la rencontre d’une communauté accueillante vivant dans un cadre extrêmement lumineux et dont les uses et coutumes collent avec la vision qu’un américain se ferait d’un peuple étranger vivant reclus, avec leurs traditions ancestrales. Aussi, rien ne nous prépare à ce qui va suivre, d’autant que la seule source « d’angoisse » se résume jusqu’alors aux tourments intérieurs de l’héroïne, dont on présuppose que ce sera elle, l’élément déclencheur du récit.

Or, à partir de ce retournement, le malaise s’installe. Chaque coutume de la communauté, jadis pittoresque, paraît désormais suspecte. L’angoisse monte crescendo au fur et à mesure que les étudiants disparaissent mystérieusement, ce jusqu’à un dernier tiers perturbant, duquel nous embrassons pleinement le point de vue des autochtones, contemplant avec un regard complice, leur terrible se mettant à exécution Un changement de point de vue qui va de paire avec l’évolution de l’héroïne. Cette dernière peinant à se reconstruire après la mort de ses parents, trouve cette tribu, le soutien et la place qui lui manquait auprès de son groupe de baltringues.

Evidemment, le scénario n’est pas des plus fouillis. L’intérêt du long-métrage résidera surtout dans son ambiance particulièrement réussie et ce, grâce à la mise en scène d’Ari Foster, tenant d’une main de maître son film de bout en bout.

Le Daim
6.7
12.

Le Daim (2019)

1 h 17 min. Sortie : 19 juin 2019. Comédie, Thriller

Film de Quentin Dupieux (Mr. Oizo)

Alfred Tordu a mis 7/10.

Annotation :

Le Daim amorce une nouvelle fois un renouveau dans le cinéma de Quentin Dupieux. Alors qu'habituellement, le réalisateur aime mettre en scène des personnages loufoques s'insérant parfaitement dans des univers absurdes. Ici la folie vient de son protagoniste principal, dont la démence perturbera peu à peu l'environnement banal dans lequel il se trouve.
Dupieux ne verse plus ici dans le surréalisme. Le film est donc logiquement moins absurde et il s'en dégage une ambiance différente, teintée de mélancolie, avec un soupçon de thriller rappelant fortement le cinéma de Polanski, même si on en est tout de même loin niveau réalisation.

Mais que l'on se rassure, Le Daim reste avant tout une comédie. Simplement c'est une comédie noire, avec un humour moins surprenant. La démarche se fait moins radicale, mais la quête de sens ou plutôt de non-sens qui parsème tous ses films, est toujours bien présente.

Car Le Daim c'est l'histoire d'un mec seul, paumé dans un bled grisatre, dont la passion pour les vêtements en daim va redonner un sens à sa vie. Une quête absurde et illogique, à laquelle une monteuse amateure tente d'y apporter une certaine cohérence afin de transformer ce délire en une grande oeuvre cinématographique, reprenant ainsi pas à pas les rênes du projet qui finira par survire à son créateur.
On retrouve ainsi les thématiques récurrents sur le cinéma, sa perception par le public ou sa représentation du réel. Des questionnements jalonnant la filmographie de réalisateur, tous réunit dans un film qui semble très personnel, dans la mesure où il y parle explicitement de lui, de son art et de sa (ré)interprétation postérieure.

Dupieux reste donc fidèle à lui même et parvient à se renouveler dans une œuvre assurément plus grand public, ce qui peut potentiellement le faire sortir de sa niche d'initiés dans laquelle il est enfermé depuis le milieu des années 10's.
Mais en se renouvelant, il perd également une part importante de son cinéma. Accouchant d'un film moins fou, plus référencé et à mes yeux, un peu moins mémorable.

Hors Normes
7.2
13.

Hors Normes (2019)

1 h 54 min. Sortie : 23 octobre 2019. Comédie dramatique

Film de Olivier Nakache et Eric Toledano

Alfred Tordu a mis 7/10.

Annotation :

Si le début peut sembler pesant de misérabilisme, le film se bonifie à mesure que nous apprenons à connaître les différents protagonistes, partageant ainsi leurs victoires et leurs échecs dans cette grande fresque débordante d’authenticité où, comme dans la vie, la comédie côtoie le tragique au sein d’une même séquence.
Le fonctionnement des deux associations et de l’entraide qu’elles s’apportent mutuellement est volontairement confus, étant donné que ce sont également des questions que se posent les deux inspecteurs dont l’enquête constituera l’un des fils rouges du long-métrage. Le film a l’intelligence de nous placer du point de vue de ceux qui aident les jeunes autistes au quotidien, ce afin de centrer notre attention sur l’essentiel : la nécessité d’accompagner ces êtres différents dont personne ne veut, ainsi que les bienfaits qu’apportent ces accompagnateurs aux jeunes autistes.

Comme d’habitude, Nakache et Toledano n’ont pas leur pareil pour dépeindre des personnages attachants parfaitement incarnés et dont leur alchimie joue énormément dans notre appréciation du film. La mise en scène se veut quant à elle assez sobre, accentuant la proximité avec les protagonistes par une esthétique réalise, tout en apportant quelques idées qui amplifient l’efficacité de certaines séquences.

Le tandem aura ainsi mit leur savoir faire au service d’un sujet difficile, mettant en lumière des personnalités rarement médiatisées, le tout avec tendresse. Sans moquerie ni misérabilisme.

Adults in the Room
6.6
14.

Adults in the Room (2019)

2 h 07 min. Sortie : 6 novembre 2019 (France). Biopic, Drame

Film de Costa-Gavras

Alfred Tordu a mis 7/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

Une certaine idée de ce qu'aurait donné le plan A de Mélenchon pour la renégociation des traités européens. A savoir, la domination insidieuse d'une oligarchie qui met tout en œuvre pour remettre une simple nation à "sa place", quand bien même sa présence dans l'EU est profitable à tous.
Je craignais un téléfilm didactique et je tombe sur un superbe thriller politique dans la veine de l'Exercice de l'Etat, pétrie de mise en scène et d'audace formelle.
Un vrai de film de cinéma engagé comme en voit peu par les temps qui courent.

La Favorite
7.2
15.

La Favorite (2018)

The Favourite

1 h 59 min. Sortie : 6 février 2019 (France). Historique, Drame, Comédie

Film de Yórgos Lánthimos

Alfred Tordu a mis 7/10.

Annotation :

Belle redécouverte de ce film que j’avais grandement sous-estimé lors de mon premier visionnage.

Ce qui me dérangeait le plus à l’époque, c’était de ne pas ressentir d’empathie à l’égard des trois protagonistes principaux, ignorant alors que cette distance critique vis-à-vis de la comédie humaine se jouant à l’écran, était totalement voulue par le réalisateur. Et même si, à titre personnel, je pense avoir toujours besoin de compatir un minimum à la psyché des personnages pour être pleinement impliqué dans leurs aventures, je suis aujourd’hui bien plus réceptif à la mise en scène de Yorgos Lanthimos et au propos qui la sous-tend.

Car pour son premier film hollywoodien, Lanthimos gagne en pertinence ce qu’il perd quelque peu en exubérance ; dépeignant une monarchie britannique où le carriérisme, les alliances de circonstances et l’interdépendance entre certaines personnes de pouvoir, ne sont pas très éloignés des tambouilles politiciennes de notre monde politique contemporain. A la différence que, dans un système politique où le pouvoir est concentré autour d’une seule personne, ceux qui le convoitent se voient obligés d’investir la sphère privée pour parvenir à leurs fins. D’où une complète déshumanisation des rapports humains, réduits à de viles manipulations, calculs politiques ou rapports de force permanents, étouffants dans l’œuf toute perspective de relations authentiques, même quand elles sont également motivées par des sentiments sincères.

Alfred Tordu

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