Les meilleures BD de Franquin selon Muffinman

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1954-55

Cet album est un des fleurons de l’âge d’or de SPIROU & FANTASIO. Rien n’est raté. Tout est savamment imbriqué et le récit coule de source grâce au talent narratif de Franquin (auteur complet de l'album). Ses trouvailles sont fameuses et l’intrigue est de haut vol. La description graphique des fonds marins est oppressante à bon escient et le nouveau méchant, John Héléna, pourtant peu présent, est suffisamment marquant pour impressionner durablement l’imaginaire du lecteur. Un des trois meilleurs SPIROU de Franquin. Un chef-d’œuvre de la BD. Indubitablement.
L'idéal pour découvrir l'authentique SPIROU & FANTASIO, n'ayant rien à voir avec les machins bienpensants actuels (Bravo, Vehlmann, Yann, Durieux...)

N.B.: Ne pas se le procurer dans l'édition actuelle aux couleurs dégueulasses. Cette remarque est d'ailleurs valable pour tous les albums d'avant 1960.

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1954

Franquin s’attaque cette fois au polar. Au vrai, au bien sombre, baignant dans les intrigues et la manipulation, la vengeance, le pessimisme et l’austérité. Les traits d’humour se font plus rares (la course de vélo) et la résolution de l’aventure se fait vraiment dans les derniers instants, même si la clé de l’énigme est révélée bien plus tôt.
LA MAUVAISE TÊTE est un des albums les plus nerveux et palpitants de la série. Quasiment cinématographique. Un des tomes indispensables que d’ailleurs les auteurs actuels seraient bien inspirés de relire pour se rappeler que SPIROU & FANTASIO n’est pas uniquement une série de SF puérile.

Le Marsupilami est absent de cette histoire. D'où peut-être l'ajout de "Touchez pas aux rouges-gorges" (1956) en complément.

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1958-59

LE PRISONNIER DU BOUDDHA est prépublié dans le Journal de Spirou tout au long de la seconde moitié de l'année 1958 jusqu'aux premiers jours de 1959. C’est un récit beaucoup plus sombre que ce à quoi nous avait habitué Franquin et qui place le contexte dans la réalité de la Guerre Froide, même si les noms des pays sont imaginaires.
On n’avait pas ressenti d’ambiance aussi pesante depuis LA MAUVAISE TÊTE. Cela n’empêche cependant pas les auteurs (Franquin, Greg et Jidéhem) de faire preuve d’humour grâce à une invention d’apparence loufoque mais potentiellement dangereuse, le G.A.G.
Spirou & Fantasio partent cette fois-ci en Asie pour délivrer un savant étasunien co-concepteur de l’objet en question et s’introduisent clandestinement en territoire ennemi.
LE PRISONNIER DU BOUDDHA est une des trois meilleures aventures de SPIROU & FANTASIO de la période dorée qui nous plonge dans le domaine de l’espionnage politique, fait resté unique dans la série jusqu’à SPIROU A MOSCOU de Tome & Janry en 1990 et SPIROU CHEZ LES SOVIETS de Tarrin et Neidhardt en 2020.

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1956-57

Originellement titré "Le Film de l'année" dans le Journal de Spirou, ce récit incroyablement créatif prolonge l’esprit documentaire déjà ressenti dans LE GORILLE A BONNE MINE, dont il est la suite immédiate (l’histoire débute par un dialogue entre Spirou et Fantasio avec un homme qui leur propose de faire une conférence sur leur récent périple africain au pays des gorilles). La paire de héros est cette fois-ci en retrait et quasiment absente de l’histoire au profit de Seccotine, qui fait un excellent come back, puisqu’il s’agit en fait d’un vrai-faux documentaire qu'elle a réalisé sur la vie des marsupilamis dans la jungle palombienne.
Franquin se surpasse une nouvelle fois en donnant littéralement vie à ces animaux issus de son imagination. C’est riche de trouvailles constantes et humoristiques parfaitement rythmées. À noter qu’une page spécial Noël était à l’origine présente dans "Le Film de l'année" (Spirou & Fantasio montaient sur scène pour souhaiter joyeux noël aux lecteurs) et qu’elle fût heureusement retirée de l’histoire lorsque LE NID DES MARSUPILAMIS est paru en album.

En complément de ce magnifique documentaire, l’album se conclut par une histoire intéressante de 1958 ("La Foire aux gangsters") dans laquelle on trouve une des plus belles planches de Franquin & Jidéhem (la planche 8 de l’accident de voitures). À noter la présence de Gaston Lagaffe (créé l’année précédente) dans cette histoire d’enlèvement plutôt réussie et dont l’issue achève de rendre ce récit tout à fait valable. L'épilogue originel, jugé trop violent, n’a cependant pas été conservé pour la parution en album.

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Dans la seconde moitié des années 1970, Franquin se montre de moins en moins prolifique en histoires de GASTON. Il se consacre plutôt à de nouveaux projets seul (Idées noires) ou en groupe (ISABELLE ou l’éphémère Trombone illustré). C’est pourquoi cinq ans séparent LE GANG DES GAFFEURS (1974) de LAGAFFE MÉRITE DES BAFFES (1979), album qui clôt l’âge d’or de GASTON.
Le tome 13 regroupe les derniers gags parus depuis 1974, augmenté de planches oubliées ou rejetées à l’époque de leur création, mais l’album conserve toutefois la même homogénéité que dans la "paire jaune" (tomes 11 et 12) ou que dans LE GÉANT DE LA GAFFE. On y trouve encore d’excellentes choses, comme les gags ayant lieu dans les archives, le résumé du match de foot évoqué dans le tome précédent ou la suite des aventures de Gaston-Robinson Crusoë et le génial gag de Delporte avec la mouette qui remet des sous dans le parcmètre (j’ai toujours adoré de gag vicelard). Dans la série "efficacité visuelle & puissance d’évocation", on a droit cette fois à la mini-tondeuse pour tailler le gazon entre les pâquerettes. Et ça ne loupe pas, dès que je vois un parterre de pâquerettes dans un jardin quelconque, je pense à ces quatre cases. Par gag interposé, Franquin fait également part à son rédac’ chef (et au lecteur) de son point de vue concernant les maquettes d’avions de guerre vantées dans le Journal de Spirou et qu’il trouve de mauvais goût.

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Un des incontournables albums de GASTON ! C’est dans celui-ci que Lagaffe exprime sa passion des crêpes (à la grande joie de Raoul Cauvin) ou celle du yoga (avec le concours de son ami Rhavikan Tiroupi) et qu’il prépare un appétissant soufflé pour son déprimé copain Bertrand Labévue (à chaque fois qu’on me parle de soufflé au fromage où que j’ai l’occasion d’en manger, je visualise systématiquement cette planche). Franquin renouvelle également le gag de l’essuie-mains.
Et puis, rien que pour la fameuse dernière case du gag n°739, p.27, cet album se révèle indispensable car il s’agit (j’ose !), ni plus ni moins, du meilleur dessin de toute la carrière de Franquin, non seulement pour sa qualité graphique pure mais aussi pour sa puissance d’évocation.

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1977-81

Pour beaucoup, dans notre belle société actuelle, dans laquelle on se doit de se sentir toujours "concerné" par les horreurs de ce monde (sinon, on n'est pas un bon humain), il est de bon ton de considérer que IDÉES NOIRES est le meilleur album de bédé de Franquin. Et que c'est même au-delà de la BD. Ça fait partie de ces livres que les adultes ne lisant généralement pas de bédé sont fiers d'exhiber dans leur bibliothèque pour montrer qu'ils ont l'esprit ouvert et même un peu subversif (aux côtés de MAUS, du JOURNAL D'UN INGÉNU, LES CELTIQUES et autre FEMME PIÈGE).
Mais, même si effectivement le "black album" de Franquin dévoile sa face sombre au public de façon magistrale et splendide, c'est la couleur et l'humour de ses oeuvres classiques qui ont avant tout fait l'artiste de génie qu'il était. Sans elles, IDÉES NOIRES n'aurait jamais pu exister.

IDÉES NOIRES est indispensable à toute bibliothèque de qualité (et de bon goût), mais si on ne réduit Franquin qu'à cet incontournable, c'est qu'on n'a pas vraiment compris la nature réelle du talent de cet artiste essentiel.

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Plus classique que le précédent, LE GANG DES GAFFEURS contient toutefois quelques gags de grande qualité. Il y a notamment cet excellent gag (n°784, p. 28) purement visuel en quatre cases qui à l’époque avait fait la une du Journal de Spirou. On y trouve aussi une méthode de rangement d’armoire, la promenade de Bubulle le poisson rouge dans les locaux de la rédaction grâce à un aménagement très poétique de Gaston, qui commence à rêver de naufrage et d’île déserte aux côtés de M’oiselle Jeanne.

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Ici, Franquin inaugure les signatures illustrées et l'âge d'or de LAGAFFE.

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1955-59

En rupture de Dupuis et Spirou, Franquin est parti à la concurrence au Journal Tintin pour lequel il crée MODESTE & POMPON. Ce n'est certes pas sa série la plus connue (seulement trois albums originaux), mais elle mérite une lecture, ne serait-ce pour découvrir les prémices de GASTON ou les versions originelles de gags que Greg reprendra parfois ensuite dans ACH!LLE TALON. Goscinny a également fourni quelques gags, mais l'entente créative avec Franquin était moins évidente.
Une curiosité soooo fifties qui mérite le coup d'oeil.