SensCritique
Cover Les meilleurs albums de 2022

Liste de

20 albums

créee il y a environ 2 ans · modifiée il y a plus d’un an

Dragon New Warm Mountain I Believe in You
7.4
1.

Dragon New Warm Mountain I Believe in You (2022)

Sortie : 11 février 2022 (France). Indie Folk, Folk Rock

Album de Big Thief

Annotation :

Indie Folk / Folk Rock / Americana / Indie Rock / Alt-Country
(Après plusieurs écoutes) J'écoute cet album en continu depuis sa sortie et il m'étonne toujours autant, à la fois par son extrême humilité, sa simplicité limpide, et la richesse des morceaux, la subtilité avec laquelle le groupe module à volonté le folk et l'americana. J'ai rarement écouté un album qui dure 80 minutes (certains continuent à parler de double album) où il n'y a aucun déchet. Pourtant il y a aussi très peu de coups d'éclats, de morceaux immédiats - exception faite du fabuleux Time Escaping -, la plupart des morceaux se dévoilant dans la nuance. En apparence la musique de Big Thief n'a pas la richesse mélodique ou les arrangements foisonnants d'un Sufjan Stevens, de Wilco ou de Magnolia Electric Co. (exemples non exhaustifs d'artistes folk et/ou americana que j'aime bien). C'est parfois très simple, très direct, voire carrément country par moment, mais l'âme dégagée par le groupe est presque palpable, ça rayonne tranquillement (purée, Change en intro), ça prend le temps de poser les ambiances, de dérouler le fil en sillonnant avec beaucoup de grâce le territoire de la musique folk américaine, en grande partie évidemment grâce à l’interprétation sublime d'Adrianne Lenker qui est à l'aise dans tous les registres. Mais aussi avec la versatilité du groupe, capable de toutes les variations - de manière presque invisible - car c'est ce qui fait du titre éponyme un sommet de folk mystique lumineux et cristallin, avec ses myriades d'arpèges à chialer, ou de Sparrow un titre minimaliste envoutant et déchirant. Même les déroutants Blurred View et Wake Me up to Drive ajoutent des couleurs à la palettes d'émotions infinies déployées par le groupe. Et je n'ai pas fini de redécouvrir des morceaux (personne pour parler de Love Love Love ? ou No Reason ? ou 12,000 Lines ?) tant il y a à voir et à écouter. C'est rare d'assister à la naissance d'un monument qui s'impose par son évidence et son naturel, sa sincérité et sa pureté, et non par une quelconque prétention ou ambition formelle.

You Belong There
7.6
2.

You Belong There (2022)

Sortie : 8 avril 2022 (France).

Album de Daniel Rossen

Annotation :

Progressive Folk / Chamber Folk / Psychedelic Folk / Avant-Folk
(Après plusieurs écoutes) You Belong There ne m'a toujours pas touché en plein cœur, mais c'est paradoxalement un des albums que j'ai le plus écouté depuis sa sortie. Quelque chose m'attire inexplicablement vers cette musique pleine de détours et de circonvolutions folk lysergiques au charme si proche de Grizzly Bear que l'affinité se crée instantanément. C'est compliqué de ne pas aimer You Belong There, quand bien même il fait tout pour se rendre insaisissable. Je continue à trouver cet aspect excessif par moment, et j'avoue que je perds le fil après Unpeopled Space : l'enchaînement Celia / Tangle / I’ll Wait for Your Visit tend peut-être trop vers l'abstraction progressive à mon goût - en tout cas la musique perd en lisibilité. Je trouve aussi que certains morceaux ne se concluent pas, comme si Daniel Rossen empruntait des chemins sinueux et nous laissait tomber soudain en cours de route - qu'il ait découvert que ces chemins ne mènent finalement nulle part où qu'il n'ait pas d'idée précise sur la destination. J'avoue que ça un petit côté frustrant, qui accentue la dimension flottante et indéterminée de l'album. Heureusement il y a toujours ces sonorités uniques, ce son de guitare venu d'un autre univers, qui transforme l'errance en parcours spirituel (l'intro de It's A Passage résume l'album). L'univers de You Belong There est vraiment fort, et quand arrive Keeper and Kin pour nous indiquer à nouveau le chemin d'une manière plus évidente et sereine, le charme devient à nouveau envoutant, comme il l'est sur Shadow in the Frame et Unpeopled Space. Oui, on est quelque part entre Yellow House et Shields, tout en étant ailleurs en même temps. En cela, You Belong There reste un album singulier et débordant de personnalité.

And in the Darkness, Hearts Aglow
7.1
3.

And in the Darkness, Hearts Aglow (2022)

Sortie : 18 novembre 2022 (France). Indie Pop

Album de Weyes Blood

benton a mis 8/10 et a écrit une critique.

Annotation :

Baroque Pop / Soft Rock / Piano Rock / Art Pop
Pas aussi transcendant que Titanic Rising, mais un charme toujours aussi irrésistible, et un run admirable sur les cinq premiers morceaux (mention spéciale à It's Not Just Me, It's Everybody qui s'affine avec les écoutes). Bref, ça suffit largement à en faire un des albums les plus mémorables de 2022 pour moi. Pour le reste, voir ma critique.

When the Wind Forgets Your Name
7.4
4.

When the Wind Forgets Your Name (2022)

Sortie : 9 septembre 2022 (France).

Album de Built to Spill

Annotation :

Indie Rock / Psychedelic Rock / Slacker Rock
(Après plusieurs écoutes) Je me rends compte que je n'ai pas encore parlé de ce nouvel album de Built to Spill, qui reste quand même un des mes groupes préférés de tous les temps. En fait j'ai acheté directement When the Wind Forgets Your Name et je l'ai beaucoup écouté, il n'a pas suivi le circuit habituel de l'écoute en streaming. Je n'ai pas énormément d'esprit critique dès que ça concerne Built to Spill, j'aime à peu près tout ce que fait le groupe (exception faite de l'album hommage à Daniel Johnston, le seul qui ne figure pas dans ma discothèque). WTWFYN ne déroge pas à la règle et figure sans peine dans mon top 2022 - même si, même si j'en espérais sans doute plus. Car ce nouvel album est singulier dans la discographie de Built to Spill, surtout vis à vis de l'évolution musicale du groupe. WTWFYN sonne comme un retour aux sources de l'indie rock 90's, en tout cas dans l'esprit, tant la production sonne de manière plutôt brute, avec un aspect slacker rock légèrement sursaturé, qui contraste avec la puissance et la netteté des ambiances façonnées par le groupe, au moins depuis Keep It Like a Secret. Moi qui aime Built to Spill en grande partie pour ses envolées épiques et soniques, j'avoue avoir été frustré au premier abord. Mais une fois accepté le parti-pris du groupe, il faut avouer que l'écriture reste de grande qualité et réserve de bons moments, dans un style et des mélodies qui, pour le coup, se rapprochent plus des productions modernes de Built to Spill, que ce soit sur l'aspect rêveur de certaines mélodies ou des plans qui oscillent entre rock nerveux et passages mid-tempo désenchantés (en fait, depuis There Is No Enemy, Built to Spill a inventé le dream rock). C'est simplement reskinné sous une couche rock premier degré, qui peut paraître brouillonne, mais qui est à mon avis très assumé et qui au final, donne beaucoup de personnalité à l'album qui est d'une cohérence esthétique étonnante (Untethered Moon ne paraît pas aussi maîtrisé de ce point de vue, même si j'aime beaucoup cet album), prouvant en fait que Built to Spill a encore de très beaux restes et pas mal de choses à dire. J'aime beaucoup la seconde partie de l'album (Spiderweb, Never Alright, Comes a Day), bourré de rythmes accrocheurs, de mélodies inspirées, avec des ruptures insufflant un soupçon de vague à l'âme qui rend Built to Spill si unique et attachant. Et Comes a Day fait désormais partie de mes morceaux préférés du groupe.

Ants From Up There
7.4
5.

Ants From Up There (2022)

Sortie : 4 février 2022 (France). Art Rock, Post Rock

Album de Black Country, New Road

Annotation :

Post-Rock / Art Rock / Chamber Pop / Chamber Music / Indie Rock
(Après une 2nde écoute) J'étais curieux de réécouter les titres les moins marquants à la première écoute. Finalement, j'en reste à mon appréciation première, même si cette réécoute m'a permis d'affiner mon impression. Il y a clairement deux titres magnifiques, qui vont continuer à me suivre un moment : Concorde et The Place Where He Inserted the Blade. Si le second m'avait déjà frappé à la première écoute, j'ai redécouvert le premier notamment à travers son clip étrange (maintenant j'ai l'impression d'entendre l'alien du clip chanter à chaque fois que j'écoute ce morceau). La progression est imparable, les motifs mélodiques foisonnent dans tous les sens, et l'interprétation est top, entre calme résigné et envolées énergiques. En fait, les deux titres qui sortent du lot sont ceux qui proposent l'écriture la plus maîtrisée et la plus intéressante, et ce de manière constante. Je trouve que trop souvent le groupe a recourt à des ficelles un peu trop faciles, consistant à faire durer le suspens en introduisant longuement les morceaux avec des parties sans grand intérêt, en demie-teinte, réservant le climax et les idées intéressantes pour le final. Et ça fonctionne la plupart du temps, que ce soit sur Bread Song (qui limite s'achève en anti-climax alors que le morceau s'apprêtait à décoller), sur Good Will Hunting et Haldern (les deux titres plus faibles de l'album, plutôt bons finalement, mais qui gèrent trop leurs effets donc), ou pire que tout sur Basketball Shoes (je ne comprends toujours pas l'engouement pour ce morceau où il ne se passe rien les 3/4 du temps). Mais cela veut dire qu'on attend qu'il se passe quelque chose la moitié de l'album. Restent Snow Globes et Chaos Space Marine que je mets dans le haut du panier, dans des registre différents, la longueur de Snow Globes étant pour le coup justifiée par son ambiance funèbre entêtante. Ants From Up There n'est certes pas un album parfait, Black Country, New Road est un groupe décidément trop conscient de sa propre musique, chaque élément semble pensé et réfléchi pour générer un effet total, mais la tranquille assurance du groupe qui rend certains morceaux singuliers, étrangement apaisants et déchirants, est à double tranchant et à trop se faire désirer, le résultat n'est pas toujours à la hauteur des attentes. Mais soyons clairs, Ants From Up There est un excellent album et restera un incontournable de 2022.

Warm Chris
7
6.

Warm Chris (2022)

Sortie : 25 mars 2022 (France). Chamber Pop, Folk

Album de Aldous Harding

Annotation :

Chamber Pop / Contemporary Folk / Psychedelic Pop / Indie Folk
(Après plusieurs écoutes) Ce n'est pas Designer mais le charme singulier d'Aldous Harding s'exprime peut-être encore plus sur ce nouvel album, et ce de manière constante, de sorte que l'on a naturellement envie de revenir vers ces morceaux folk lunaires et attachants. Il y a bien quelques moments faibles - mais c'était aussi le cas sur Designer, notamment sur sa seconde partie -, à l'image de Warm Chris (le morceau, ça tombe mal) et Bubbles, où il ne se passe pas grand chose. C'est étrange car même quand il ne se passe guère plus sur d'autres titres, ceux-ci n'en restent pas moins charmants, comme Ennui qui ouvre l'album avec un minimalisme revendiqué, ou sur les très jolis et bucoliques She’ll Be Coming Round the Mountain (titre qui évoque une ambiance pastorale incroyable avec très peu) et Staring at the Henry Moore. Il n'y a pas folk plus personnel que celui d'Aldous Harding, l'artiste arrivant à rendre chaque titre intrigant et attachant par quelques inflexions vocales ou notes bien placées, le tout dégageant un feeling à la fois vibrant et intimiste, assez palpable sur les très chouettes Tick Tock et Lawn - qui ne rivalisent pas forcément avec la fluidité et la grâce folk quasi classique de Designer ou The Barrel mais qui retrouvent une énergie réjouissante assez proche. Il y a aussi Passion Babe qui étonne par la voix soudain très claire d'Harding - comme si on découvrait la véritable tessiture de cette voix singulière, sans les mimiques fantaisistes habituelles. Warm Chris est un album étrange, à la fois feutré et presque banal - à l'ambition mesurée voire absente -, et en même temps vibrant et débordant de charme, à cultiver ses particularités et à ne jamais être là où on l'attend.

Once Twice Melody
7.3
7.

Once Twice Melody (2022)

Sortie : 18 février 2022 (France).

Album de Beach House

Annotation :

Dream Pop / Neo-Psychedelia / Ethereal Wave / Indietronica / Synthpop
(Après une 3ème écoute) Je pense avoir réécouté Once Twice Melody avec un meilleur état d'esprit, car le flow des morceaux m'a emporté plus facilement. Les 3/4 de l'album sont très bons, et si je trouve souvent la musique de Beach House répétitive, il faut avouer que le duo arrive ici à manier la dream pop avec un talent toujours sans égal à l'heure actuelle, notamment dans la capacité à trouver des sonorités qui apportent des nuances plus variées et subtiles qu'il n'y paraît au premier abord. L'enchaînement des premiers morceaux est une leçon dans la manière de créer des mélodies dream pop tubesques, tout en braquant d'un coup dans des univers éthérés plus doux et mélancoliques. L'homogénéité de l'album est parfaite, et si l'ensemble est tout de même un poil trop long (il fléchit vers la fin du troisième chapitre, avec des titres moins entraînants et moins intéressants d'un point de vue sonore, avant de se reprendre sur la fin), cette collection de chansons apparaît comme la somme de tout ce que Beach House a fait de mieux jusque-là, un parfait résumé de la carrière du duo - premier album mis à part qui reste unique dans la discographie de Beach House.

Big Time
7.2
8.

Big Time (2022)

Sortie : 3 juin 2022 (France).

Album de Angel Olsen

Annotation :

Americana / Country / Baroque Pop / Traditional Pop
(Après plusieurs écoutes) Si Big Time semble moins original que All Mirrors, moins varié, moins puissant et intéressant au niveau du style, c'est une impression assez trompeuse, car ce que produit Angel Olsen n'en est pas moins abouti et profond, dans un registre certes americana moins populaire auprès de la frange la plus indie / arty et donc potentiellement casse-gueule, ce qui témoigne plutôt du mérite d'Olsen à transformer cette base traditionnelle en une musique chatoyante, spacieuse, généreuse, parfois lyrique et baroque, régulièrement belle, intense et touchante. Ce qui me surprend le plus c'est l'homogénéité de l'ensemble, la production idéale, les sonorités chiadées, alors que tout ou presque est fait dans le calme, dans une sorte de nostalgie plutôt lente, qui prend le temps, laisse parfois planer un soupçon d'ennui, agréablement balayé par une interprétation habitée et des arrangements discrets et subtils qui tissent une atmosphère mélancolique et désenchantée.

(Un peu plus tard) Je n'ai pas grand chose à rajouter. Big Time n'est pas un album impressionnant au même titre que pouvait l'être All Mirrors, ce n'est pas une démonstration de force, mais un hommage plein de sensibilité et de musicalité à l'americana et à la country, d'une rare beauté, Olsen faisant rayonner les atmosphères de l'Amérique profonde avec des mélodies rêveuses et des arrangements chatoyants. L'album dégage une grande douceur, sans que l'on s'ennuie une seconde, il y a une nostalgie apaisée admirablement homogène et très touchante. Je ne sortirai pas un seul morceau du lot, il n'y a pas de pures transcendances mais aucune moment faible non plus, la beauté étant constante et diffuse : l'âme de l'album se situe justement dans l'harmonie des atmosphères. C'est en cela que Big Time s'avère un album très singulier et personnel.

caroline
7
9.

caroline (2022)

Sortie : 25 février 2022 (France).

Album de caroline

Annotation :

Post-Rock / Avant-Folk / Chamber Music / Slowcore / Post-Minimalism / Appalachian Folk Music
(Après une 2nde écoute) En fait la première partie jusqu'à la 4ème piste (IWR) est excellente. L'écoute au casque révèle encore mieux les particularités de la musique de caroline : ce folk minimaliste et répétitif, qui fait le grand écart entre americana (ce violon, pièce centrale de l'ambiance atypique de l'album) et ambient hypnotique, sorte de drone à guitare acoustique, comme sur ce flamboyant Dark Blue en introduction, sans oublier ce chant aux accents religieux (desperately c'est quasiment du chant liturgique et c'est étrangement beau et émouvant). Good morning (red) est un pur titre americana sublime, calme, serein et mélancolique, sans doute le plus accessible de l'album - à peine traversé par des cris qui pourraient pousser l'affiliation avec le midwest emo de Modest Mouse. Et puis il y a IWR, à mi-chemin entre les mélopées psyché de Grizzly Bear et la rusticité de Neutral Milk Hotel. Après, ça devient plus chaotique, il n'y a plus aucun titre vraiment évident et structuré, on est au bord de l'improvisation avec des instruments qui interviennent en pointillés, de manière plus heurtée. J'accroche moins, d'autant que les morceaux sont un peu longs. Mais il n'empêche que cela participe à l'impression de liberté formelle que dégage la musique de caroline. Même dans ses moments plus accessibles, il y a comme un souffle rafraîchissant, un calme chaleureux qui prend le temps de s'échapper par des chemins de traverse régénérants. On n'est pas à l'abri que caroline nous réalise quelque chose de très grand dans les années à venir.

Boat Songs
7.7
10.

Boat Songs (2022)

Sortie : 29 avril 2022 (France).

Album de MJ Lenderman

Annotation :

Alt-Country / Lo-Fi - Slacker Rock / Garage Rock / Country Rock / Slowcore
(Après plusieurs écoutes) J'accroche beaucoup à cet album qui retrouve une énergie folk rock gras qui n'est pas si éloigné d'un style à la Neil Young mais avec un feeling moins traditionnel et un esprit plus proche d'un indie rock moderne (le premier titre est très inspiré de Built to Spill). La balance entre la saturation garage et la luminosité alt-country des mélodies et des arrangements est excellente, MJ Lenderman fusionnant le meilleur des deux mondes. D'habitude, je ne suis pas fan des productions qui mettent trop l'accent sur la saturation, mais ici c'est vraiment bien fait et cela participe au bouillonnement éruptif des morceaux sans jamais en atténuer le charme ou la musicalité, à l'image du fantastique Tastes Just Like It Costs. L'album se révèle même étonnamment régulier et cohérent à la réécoute : les quatre premiers morceaux sont très bons (mention spéciale à You Have Bought Yourself a Boat), ainsi que les deux derniers - seuls SUV et Dan Marino sont plus faibles. Boat Songs est en tout cas une belle découverte.

THE UNRAVELING OF PUPTHEBAND
6.7
11.

THE UNRAVELING OF PUPTHEBAND (2022)

Sortie : 1 avril 2022 (France).

Album de PUP

Annotation :

Indie Rock / Post-Hardcore / Power Pop / Pop Punk / Emo-Pop
(Après une 3ème écoute) Cet album dégage une énergie communicative assez incroyable. Les quatre premiers titres font sans doute partie des meilleurs moments indie rock de 2022 : l'énergie est folle, les lignes de guitare d'une richesse dingue (le niveau technique du groupe est vraiment impressionnant) et les mélodies ont une puissance euphorisante que l'on croise rarement et qui font un bien fou. On y retrouve un esprit pop punk ravageur, qui rappelle les belles heures des années 90, un feeling adolescent assez viscéral quand on a été ado durant cette période (alors même que je n'écoutais quasiment pas de punk 90's, mais ces musiques traînaient constamment dans l'air et infusaient notre quotidien, parfois malgré nous), le tout composé avec une intelligence et une profondeur - et une qualité technique incomparable une nouvelle fois - qui élève le niveau bien au-dessus du premier groupe pop punk venu. Difficile de résister aux guitares qui déboulent à cent à l'heure et aux chœurs conquérants gonflés à bloc. Cette énergie rayonnante a très peu d'équivalent cette année et ça fait du bien d'écouter une musique aussi positive. Si l'album baisse parfois le pied durant sa seconde partie, la générosité est toujours là, une générosité, un esprit et une cohérence globale qui, à mon avis, démarquent ce nouvel album du reste de la production de PUP. La musique du groupe n'a jamais été aussi colorée et communicative.

(Après plusieurs écoutes) Cet album est sans doute le plus grand rollercoaster de 2022. PUP a boosté sa pop punk revêche avec un son et une générosité énormes qui font toute la différence.

Ugly Season
7.1
12.

Ugly Season (2022)

Sortie : 17 juin 2022 (France).

Album de Perfume Genius

Annotation :

Art Pop / Experimental / Ambient Pop / Neo-Psychedelia / Chamber Music / Modern Creative
(Après plusieurs écoutes) Je n'aurais jamais cru que l'album le plus expérimental et le plus conceptuel de Perfume Genius soit celui auquel j'accroche le plus. Et pourtant, Ugly Season est là, et malgré tous ses passages expérimentaux, proches de la cacophonie par moment, il se dégage de l'ensemble une véritable force, une personnalité, un caractère et une atmosphère sans équivalent, d'une grande cohérence, entre ambient pop suspendue dans le temps et errances bruitistes. Je trouve que Perfume Genius a enfin tranché entre art pop accessible et musique cérébrale, ce qui n'était pas forcément le cas auparavant avec un résultat qui restait au milieu du gué, ni totalement abstrait, ni totalement accessible. Ugly Season contient également des titres plus mélodiques (et quels titres !), des fulgurances étonnantes, mais elles s'inscrivent parfaitement dans l'esthétique de l'album, avec des ambiances étranges, esquissées avec une retenue et une grâce sinueuse, un minimalisme émouvant, c'est à la fois cristallin et totalement halluciné (Teeth, Pop Song, Ugly Season, Photograph). Ugly Season est un album terrifiant et bucolique à la fois.

Lucifer on the Sofa
6.9
13.

Lucifer on the Sofa (2022)

Sortie : 11 février 2022 (France). Pop, Rock, Indie Rock

Album de Spoon

Annotation :

Indie Rock / Alternative Rock / Indie Pop / Post-Punk Revival / Blues Rock
(Après une 3ème écoute) Lucifer on the Sofa est sans doute l'album rock le plus rafraîchissant de ce début d'année : c'est simple, direct, sans fioritures, mais loin d'être simpliste ou calibré (ma plus grande crainte, j'avoue). Spoon déploie une énergie réjouissante, et ce dès l'intro explosive Held - qui est en fait une reprise de Smog, je viens de l'apprendre -, modèle de morceau accrocheur et percutant. Plus loin, c'est l'excellent Wild et son groove lumineux au piano qui relance la machine, avec une sorte d'élan qui n'est pas sans rappeler les Stones pour le coup, mais avec une énergie éraillée plus décapante, notamment dans la voix de Britt Daniel, qui caractérise le son réjouissant de Lucifer on the Sofa. Car je trouve que le groupe sonne super bien sur la plupart des morceaux qui bénéficient chacun d'un soin particulier leur permettant d'émerger du lot, malgré des gimmicks plus ou moins faciles (comme ce On The Radio à la rengaine très visible mais efficace). J'aime notamment beaucoup le très calme Astral Jacket avec ses sonorités caressantes et les montagnes russes de Satellite dont le solo de guitare n'est pas sans rappeler le Wilco de Sky Blue Sky. L'ensemble est vraiment impeccable. Cela va peut-être enfin me décider à me lancer dans l'écoute plus attentive de la discographie de Spoon.

(Un peu plus tard) Lucifer on the Sofa reste une valeur sûre dans le domaine du rock : une fois qu'on s'est calé sur l'énergie et le feeling roots dégagé par Spoon, on ne peut plus être déçu car la musique du groupe brille par sa constance et sa capacité à composer des titres tendus et efficaces, produits avec une science du son rock classique qui devient rare de nos jours. Tous les morceaux ne sont pas fulgurants, mais les coups d'éclat (Held, Wild, Astral Jacket, Satellite) suffisent largement à valider l'affaire. Et je suis très reconnaissant à Lucifer on the Sofa de m'avoir permis de rentrer enfin dans l'univers Spoon. Rien pour cela, cet album reste un moment incontournable de mon année musicale 2022.

I’m Not Sorry, I Was Just Being Me
7.3
14.

I’m Not Sorry, I Was Just Being Me (2022)

Sortie : 25 février 2022 (France).

Album de King Hannah

Annotation :

Alternative Rock / Art Rock / Psychedelic Rock / Slowcore / Post-Punk
(Après plusieurs écoutes) Cet album a vraiment quelque chose en plus. On peut le trouver classique, lent, pas forcément spectaculaire, avec un rythme erratique, mais il dégage quelque chose qui fait que j'y reviens avec un certain plaisir. C'est sans doute le charisme, et l'aura magnétique dégagée par le groupe, à la fois grâce à la voix lente et traînante d'Hannah Merrick ainsi qu'à la guitare saturée et crasseuse, le tout évoluant sur des morceaux souvent économes, qui s'étirent et évoluent avec une inertie qui pourrait s'avérer pesante sur le principe mais qui au contraire s'insinue tantôt avec un groove proto-blues vibrant, tantôt avec une tranquillité lascive. Le groupe semble avoir mis le temps sur pause et déroule sa musique, malaxant la matière à sa guise, avec une maîtrise qui n'a rien à envier aux maîtres du slowcore. L'avantage ici, c'est le feeling puissant et massif, l'aspect blues et organique, qui ajoute beaucoup de plaisir et de textures à l'écoute. On est loin du slowcore anémique et aride auquel on a souvent le droit. Des morceaux comme A Well-Made Woman, All Being Fine et Foolius Caesar dégagent une sensualité ombrageuse irrésistible qui n'est pas sans rappeler les premiers PJ Harvey, le côté punk en moins, l'aspect roots en plus (Foolius Caesar rappelant aussi étrangement Portishead). Même quand le rythme se fait en dents de scie comme sur la seconde partie de l'album, l'aura fonctionne toujours, et les soudaines embardées de guitare, pourtant assez simples dans l'esprit, ont toujours cet aspect cathartique réjouissant comme sur les finals de Go-Kart Kid (Hell No!) et It’s Me and You, Kid.

Time Skiffs
6.7
15.

Time Skiffs (2022)

Sortie : 4 février 2022 (France).

Album de Animal Collective

Annotation :

Neo-Psychedelia / Psychedelic Pop / Dub / Exotica / Art Pop / Dream Pop
(Après une 3ème écoute) On peut trouver regrettable que la musique d'Animal Collective ait perdu un peu de son pouvoir transgressif - de ce fait Time Skiffs est forcément moins subversif et intrigant que des albums comme Strawberry Jam et Merriweather Post Pavilion. Et peut-être qu'à cause de cela, ce nouvel album risque de tomber un peu dans l'oubli au fil du temps et ainsi rester dans l'ombre de ses prédécesseurs. Si on met cette appréciation de côté, Time Skiffs est un album très plaisant et maîtrisé, qui met l'accent sur les mélodies. Il y a au moins deux excellents titres que j'adore particulièrement - Prester John et Walker - qui montrent peut-être plus que le reste l'importance de la basse dans l'album (la seconde partie de Prester John quand débarque la ligne de basse fait l'effet d'un shoot de groove lysergique), et montrent plus globalement une approche de la musique plus naturelle et organique de la part du groupe - avec moins d'excès synthétiques - jusque dans le très beau final Royal and Desire. Peut-être que dans 10 ans les membre d'Animal Collective auront fini leur mutation et assumeront être les Beach Boys du nouveau millénaire.

Waterslide, Diving Board, Ladder to the Sky
6.9
16.

Waterslide, Diving Board, Ladder to the Sky (2022)

Sortie : 20 mai 2022 (France).

Album de Porridge Radio

Annotation :

Indie Rock / Art Rock / Post-Punk
(Après plusieurs écoutes) Ce nouvel album de Porridge Radio est plus accessible que Every Bad, notamment grâce à des arrangements plus variés, et une palette d'émotions bien plus large. J'aime bien la production plus ouverte et aérée, certaines parties de claviers (de l'orgue, visiblement) sonnent très bien et apportent plus de couleurs à la musique du groupe, ce qui rend au final l'écoute assez fluide et agréable. L'atmosphère est moins plombante et étouffante que sur Every Bad. Porridge Radio, et notamment Dana Margolin et sa voix écorchée, n'a pas pour autant remisé sa rage au placard, et certains titres conservent cette énergie cathartique qui caractérise le groupe. L'ensemble est moins radical, mais l'équilibre trouvé est très juste. Le style peut paraitre toujours aussi simple, c'est une musique très directe dans sa proposition, et donc avec un petit côté facile et répétitif dans la formule - on est ici plus sur une évolution qu'un véritable chamboulement - mais je trouve que le groupe a ce petit truc en plus, cette énergie, cette manière de sonner, cette sincérité dans l'interprétation, qui le fait sortir du lot. Porridge Radio est un groupe d'indie rock comme les autres, qui ne fait rien comme les autres.

1200 mètres en tout
6.6
17.

1200 mètres en tout (2022)

Sortie : 7 janvier 2022 (France).

Album de Odezenne

Annotation :

Abstract Hip Hop / French Hip Hop / Nouvelle chanson française / Downtempo / Synthpop / Art Pop / Experimental Hip Hop / Psychedelic Pop
(Après une 2nde écoute) Je suis toujours aussi agréablement surpris par cet album qui arrive à balayer tous les aspects qui pourraient me rebuter (le flow tout plat, certaines sonorités douteuses, poésie molle...) en proposant un univers au charme étrange et envoutant, à base de nappes synthétiques parfois magnétiques et intenses, parfois plus diffuses et mélancoliques. Par un miracle étonnant, l'ensemble fonctionne et la symbiose s'opère entre tous ces éléments qui pourraient paraître disparates ou malheureux. Il y a bien quelques moments faibles (les pistes 6 et 7, et Deux Traits qui condensent à peu près tout le mauvais goût de l'affaire), mais de manière générale l'album se tient très bien, et même si tout n'atteint pas le niveau des deux premiers titres (les meilleurs, à mon avis), les atmosphères font le reste et on se retrouve plongé dans un univers lancinant et mélancolique, même le chant blasé et monocorde dégageant quelque chose d'émouvant et de sensible. J'aime beaucoup les sonorités déployées, les nappes qui évoquent des sensations enivrantes proches de l'ambient voire du shoegaze, sans le côté chape de plomb. Il aurait fallu enlever les titres moins intéressants pour raccourcir la durée totale de l'album (58 minutes) et ça aurait été top.

Good and Green Again
7.4
18.

Good and Green Again (2022)

Sortie : 21 janvier 2022 (France).

Album de Jake Xerxes Fussell

Annotation :

Americana / Chamber Folk
(Après une 2nde écoute) C'est un idéal de folk americana tranquille et apaisant, qui déborde de sensibilité grâce à la voix profonde et sereine de Jake Xerxes Fussell, au jeu de guitare tout en finesse (au parfum proche de l'american primitivism, il y a vraiment cette dimension rupestre quasi palpable), mais aussi aux arrangements discrets mais vitaux qui donnent de la texture aux morceaux, comme ces fantastiques instruments à vents, ou des cuivres (des cors ?) qui laissent planer une atmosphère nostalgique et contemplative sur Carriebelle ou le sublime Washington. L'album faiblit juste sur les quelques instrumentaux sympathiques mais qui semblent boucher les trous pour atteindre les 40 minutes syndicales. Enfin, l'ambiance de l'album est suffisamment chouette pour passer outre.

Cheat Codes
7.7
19.

Cheat Codes (2022)

Sortie : 12 août 2022 (France). East Coast Hip Hop, Conscious

Album de Danger Mouse et Black Thought

Annotation :

East Coast Hip Hop / Conscious Hip Hop / Boom Bap / Abstract Hip Hop / Jazz Rap
(Après plusieurs écoutes) Le flow de Cheat Codes est assez imparable, c'est une leçon du début à la fin, d'une fluidité exemplaire dans l'enchaînement des morceaux, dans l'interprétation qui ne dénote jamais malgré les feat nombreux, et il y a quelques tueries, toujours dans un style relativement old school dans l'esprit, sans délires trap, expérimentaux et compagnie : c'est juste du hip hop dont l'essence repose sur l'intelligence musicale des instrumentaux, avec des trouvailles sonores mémorables, et la science du groove, via le flow réjouissant. Encore une fois, ça me surprend venant (en partie) de Danger Mouse qui m'a habitué à des productions plus froides, et moins riches en textures sonores. Cheat Codes est de loin l'album hip hop de ces dernières années qui m'accroche le plus. La durée est également parfaite (38 minutes). C'est carré, ça va directement au but sans s'éterniser. Ça mérite bien une petite place dans le top 2022, quand bien même j'ai toujours du mal à m'emballer naturellement pour du hip hop.

The Gods We Can Touch
7.2
20.

The Gods We Can Touch (2022)

Sortie : 21 janvier 2022 (France). Pop, Breaks, Indie Pop

Album de AURORA

Annotation :

Alt-Pop / Art Pop / Folk Pop / Synthpop
(Après une 2nde écoute) Une écoute plus attentive permet de mieux saisir les subtilités et les nuances de la musique qui est relativement calme en réalité, et souvent plus proche d'une art pop aux ambiances posées, que d'une electropop rythmée. J'aime beaucoup le début de l'album, jusqu'au 4ème morceau, qui alterne entre la beauté élégiaque de Everything Matters (en duo avec Pomme), l'énergie communicative très katebushienne de Giving In To The Love et l'electropop dansante de Cure For Me twistée par un motif sonore très fun. La suite est beaucoup plus calme avec un enchaînement de titres qui font la part belle à la voix d'Aurora et au côté plus lyrique de l'artiste. C'est bien mais je ne m'attendais pas à préférer les titres plus rythmés et accrocheurs comme The Innocent et Blood in the Wine, plutôt que les morceaux calmes, les élans d'Aurora ayant quelque chose de très léger et euphorisant - alors que les morceaux plus mélodiques paraissent parfois davantage figés dans une posture art pop. Enfin, le point commun de tous ces morceaux c'est de rester très écoutables, très accessibles, notamment grâce à la très belle voix d'Aurora. D'ailleurs, j'aime aussi beaucoup This Could Be a Dream, alors que certains trouvent que ça ressemble à du Taylor Swift. Bref, pour résumer Aurora fait de la très belle art/synthpop, pleine de sensibilité et d'énergie sincère.

benton

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