SensCritique
Cover Les meilleurs albums de Nas

Les meilleurs albums de Nas selon LeMalin

My poetry's deep, I never fell

Liste de

20 albums

créee il y a plus de 7 ans · modifiée il y a environ 1 mois

Illmatic
8.2
1.

Illmatic (1994)

Sortie : 15 avril 1994 (France). Hip Hop

Album de Nas

LeMalin a mis 9/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

A vingt ans pas entamé, Nas nous livre la bible du hip hop. Déjà on dit merci (ou amen c’est vous qui voyez). Ensuite on s’arrête trente secondes pour mesurer l’exploit. Puis on reprend trente secondes pour se demander s’il ne s’agit pas du plus grand accomplissement du hip hop pour un artiste aussi jeune (voire l’un des plus grand de la musique en général, faudrait fouiller mais le petit Mozart a pris de l’avance).

Si vous souhaitez initier quelqu’un au Hip Hop et lui garantir une bonne éducation, ne gaspillez pas vos mots, déléguez plutôt la tâche au prophète. 40minutes par jour, tous les jours jusqu’à récitation des versets.

Illmatic est le chef d’œuvre incontournable du genre sur lequel tout a déjà été dit ou écrit (et loin de moi la prétention de vous en apprendre plus que vous n’en savez). Interprétation, lyrics, production, il brille sur tous les tableaux. Il a en plus le raffinement de la concision (une intro, 9 tracks 9 classiques merci au revoir), fait rare à une époque où les albums fleuve étaient légion (et les skits ou excès de bla bla à la mode).

Bien sûr, Nas n’aurait pas pu réussir cet exploit sans être parfaitement entouré. Derrière lui, un line up de producteurs légendaires (DJ Premier, Pete Rock, Large Professor, Q-Tip excusez du peu) convoqué avec pour seule mission de le faire briller et marquer l’histoire au fer rouge (Exclusion volontaire de L.E.S qui n’était pas encore établi, même si avoir Life’s a Bitch comme première ligne sur le cv ne fera jamais de lui un imposteur). Remarquer qu’il s’agit d’ailleurs d’un des premiers albums avec une équipe de super producteurs aux manettes, là où la tradition d’associer un beatmaker à un MC perdurait encore.

Et pour finir on dit amen, et cette fois vous n'avez pas le choix.

It Was Written
7.9
2.

It Was Written (1996)

Sortie : 1 juillet 1996 (France). Hip Hop

Album de Nas

LeMalin a mis 9/10.

Annotation :

Était-il possible de ne pas décevoir après avoir à jamais bouleversé le Hip Hop avec Illmatic ? Condamné à la comparaison systématique avec son chef d’œuvre originel, Nas décide déjà de faire autrement quitte à laisser quelques puristes de la première heure en cours de route.

Il y a d’abord ce virage plus pop assumé avec notamment quelques tracks prévues pour le faire passer dans une autre dimension commerciale. Mais attendez un peu de voir la gueule des singles avant de démissionner : "The Message", "Sweet Dreams", "If i Ruled the World". Trois morceaux de légende qui à eux seuls enterrent des carrières entières : Qui voudrait s’opposer à ça ? La convocation des Trackmasters à la prod, faiseurs de hits mais vrais connaisseurs du genre était le bon call pour concrétiser les envies de succès sans entacher la fameuse street credibility de rigueur.

I Was Written c’est aussi les premières passes d’armes de Nas Escobar son alias mafioso introduit sur Only Built 4 Cuban Linx… de Raekwon (pas ce qu’il nous a inventé de mieux, les dérives de la jeunesse...) avec l’hypnotisante "Watch them Niggas" ou la très brute de décoffrage "Live Nigga Rap" (initialement prévue pour Hell On Earth de Mobb Deep), du story telling de qualité en veux tu en voilà avec l’immense "I Gave you Power" (masterclass de personnification, mais deux ans après le "Stray Bullet" d’Organized Konfusion tout de même) ou les captivantes "Suspect" et "Shootouts", la naissance de The Firm sur l’intestable posse cut "Affirmative Action" (Foxy avait mangé du lion sur cet album), et une première main controversée tendue vers la réunion des deux côtes avec "Nas is Coming" (Pas la meilleure prod de Dre mais une ambiance qui prend aux tripes).

Rétrospectivement, il faut quand même s’accrocher pour se plaindre tellement l’album est immense.

God’s Son
7.3
3.

God’s Son (2002)

Sortie : 16 décembre 2002 (France). Thug Rap, Conscious, Hip Hop

Album de Nas

LeMalin a mis 9/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

Un an après Stillmatic, Nas range son survêt peau de pêche et son mafioso rap au placard, et nous propose son antithèse, un album introspectif parfumé de mélancolie et de regrets, un regard sur les pages ouvertes de son journal intime où s'inscrivent les mots d’un homme encore rongé par le chagrin mais toujours prêt à mener son combat.

Marqué par la récente perte de sa mère, à l’honneur sur la superbe "Dance" (où sa tentative de chant si maladroite sur le refrain ne fait que lui donner plus de puissance encore), il revient décidé à enterrer ses conflits du passés - celui encore fumant avec Jay-z sur la presque documentaire "Last Real Nigga Alive" (l’épilogue parfait) ou celui plus insidieux avec Pac dont le fantôme vient joindre ses forces sur l’exceptionnelle revisite de "Thugz Mansion (N.Y.)" – et se dit prêt à porter la croix du Hip Hop pour le racheter de ses péchés ("The Cross", où comment un grand MC peut même transformer une prod bancale d’Eminem (pléonasme) en classique).

Bien sûr il serait déshonnête de taire la présence de l’effroyable "Zone Out" (Comment Salaam Remi peut-il tomber aussi bas, et dégainer à côté des dingueries comme "Get Down" ?), tout comme il serait inconvenant de ne pas s’incliner face au reste. "Made You Look" LE banger qui fera vriller les fans jusqu’à son dernier concert (et plus encore), "Book of Rhymes" l’ingéniosité au service du génie (trop peu citée, trop peu citée), et même la célèbre "I Can" (qui d’autre pour se permettre de rapper si sereinement sur du Beethoven ?) hymne à l’espoir moqué pour sa naïveté débordante mais qui trouve parfaitement sa place dans le projet.

Et c’est là la force de God’s Son, une construction remarquable (exception faite de l’étrange "Hey Nas", en promenade au milieu de la mêlée) qui renforce la position de chaque morceau en donnant du cœur à l’ensemble, de l’enchainement vigoureux des militants "Warrior Song" et "Revolutionary Warfare" jusqu’à la conclusion toute en démonstration et spiritualité sur "Heaven" ; et dispense en passant un petit stick sur les oreilles de ceux trop enclin à colporter sans écouter ce cliché devenu trop facile qui voudrait que Nas ne sait pas choisir ses beats (pas que ça soit complètement faux, juste bien plus minoritaire qu’on voudrait le faire croire).

Life Is Good
6.9
4.

Life Is Good (2012)

Sortie : 13 juillet 2012 (France). Hip Hop

Album de Nas

LeMalin a mis 9/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

"No Introduction", il n’en a plus besoin. La vie est forcément belle quand Nas débarque à ce niveau. Entre nostalgie, maturité et grandeur, Life is Good est le grown up album d’une légende enfin prête à regarder dans le rétroviseur (5ans avant le 4 :44 de Jay-Z avec qui il partage un thème ainsi que la présence en coulisse de No ID), un accomplissement pas suffisamment célébré mais qui ne saurait que grandir dans le cœur des fans plus les (leurs) années passent.

Du bonbon pour les amoureux des 90’ avec le retour symbolique de Large Professor sur "Loco-Motive" (cette prod en mode train, du génie), ou la capsule temporelle "Back When".

De la performance avec la classieuse "Queens Story" (Salaam Remi s’est gavé comme jamais) qui embraye habilement sur la monstrueuse "Accident Murderers" (Pour laquelle Rick Ross a donné sa vie pour sortir un verse à la hauteur, mais n’a visiblement pas bien compris le sujet, dommage), ou l’extraordinaire World’s an Addiction (trop sous-estimé, le 3e verse enterre 80% des albums de l’année à lui tout seul).

De belles respirations (et en aucun cas du filler) avec la slept on "Reach Out" (Belle revanche pour Mary J Blige après l’incident Braveheart Party) ou l’entrainante "You Wouldn’t Understand" (Petit beat de Buckwild et pourquoi pas).

Et de la mise à nu avec la touchante "Daughters" (pas facile la parentalité), la formidable Stay (J.Cole regrettera ce beat toute sa vie) et la magnifique clôture "Bye Baby" (la fin de l’ère Kelis ça y est).

Sommet du voyage, l’exceptionnelle "Cherry Wine", l’alchimie évidente avec sa petite sœur de cœur Amy Winehouse (dont il s’agit d’un si ce n’est du dernier enregistrement).

Seul ratage (il en faut toujours un, malheureusement) l’horrible "Summer on Smash" (à ce niveau il est même question de déchet) dont il faut se débarrasser à la première occasion venue (croyez-moi, vous ne voulez pas entendre Miguel essayer de rapper, qui plus est sur un beat aussi rincé), ou dans une moindre mesure la migraineuse "The Don" (qui ne trouve pas vraiment sa place). Aisément remplaçable par l’une des bonus tracks, il serait dommage de tomber dans ce piège car à ce niveau de qualité la deluxe edition tient plus de la nécessité que du caprice (la superbe "Roses", "The Black Bond" et son ambiance John Barry qui fonctionne tellement bien…).

D’une certaine perspective un parfait album testament. Mais c’est évidemment mal connaitre l’appétit d’un homme qui rappera encore à son propre enterrement.

The Lost Tapes
7.7
5.

The Lost Tapes (2002)

Sortie : 24 septembre 2002 (France). Conscious, Hip Hop

Compilation de Nas

LeMalin a mis 8/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

Un petit miracle. Ou comment une apparente simple compilation de leftovers devient l’un des meilleurs albums du MC. Soyez prévenu, quand Nas fait ses fonds de tiroirs, il n’y pas grand-chose qui termine dans la corbeille.

Un projet grandement porté par le talent d’écriture, au diapason sur du story telling de haute volée ("Blaze of Glory", probablement trop brute pour un album studio), des exercices de styles qui tournent à la lyrical exhibition (ce verse unique sur "No ideas original" est légendaire), ou des concepts tracks dont lui seul a le secret ("Fetus", jamais citée, toujours trop sous-estimée mais aussi l’exceptionnelle "Purple", weed song pas comme les autres).

Même l’étrange "Black zombies" fait son trou grâce à la puissance lyricale (libre à chacun d'en approuver le contenu). Seule track véritablement pas au niveau "Everybodys Crazy", avec un beat ininspiré de Rockwilder (pléonasme) et un refrain qui ne fonctionne pas du tout. Tandis qu’on se met à rêver d’un monde où "Doo Rags" aurait fait le cut final sur Stillmatic (qu’est ce qu’elle y aurait été bien installée tout de même).

Toujours cité parmi les projets préférés des fan assidus. Parce que c’est là qu’ils peuvent y dénicher sans mal la pépite qui les fera briller dans les conversations avec des gens moins au courant.

Distant Relatives
7.3
6.

Distant Relatives (2010)

Sortie : 14 mai 2010 (France). Reggae, Conscious, Hip Hop

Album de Nas et Damian Marley

LeMalin a mis 8/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

Plus fort que Watch the Thrones, l’association improbable entre Nas et Damian Marley (qui avaient déjà collaboré sur le hit "Road to Zion", mais ça n’annonçait pas un projet entier !). La fusion pas si illogique mais pas si évidente non plus (en tout cas à l’époque) de Hip Hop et de Reggae dans ce qui restera à jamais l’un des meilleurs crossovers du médium. Jamais cité quand il advient de parler des meilleurs albums de Nas, il a pourtant de solides arguments pour se faire entendre, et une audace artistique qui justifie le détour.

Maintenant, il est vrai qu’à l’écoute on est plus sur un projet Marley qu’un projet Nasir (Aucun producteur hip hop détecté, c’est l’équipe de Damian qui s’occupe de tout), si bien qu’on a parfois l’impression que ce dernier est un invité à qui on offre régulièrement une tribune (particulièrement frappant dans le milieu de l’album). Pourtant l’alchimie entre les deux artistes est réelle et offrent des tracks mémorables quand elle est bien exploitée : l’improbable banger "As We Enter" (dont on ne retrouvera jamais la vibe par la suite), l’énergique "Nah Mean" (qui marque en quelque sorte les débuts du gansta rap africain), l’éminente "Africa Must Wake Up", ou la fabuleuse "Patience" qui capture à elle seule toutes les ambitions de l’album.

Mais si Damian assure l’essentiel du show, Nas n’a pas besoin de beaucoup plus qu’un couplet pour nous rappeler qui porte la couronne, en témoigne l’énorme morceau de bravoure "Strong Will Continue". Dans la perspective de sa carrière, Distant Relatives est une continuation pertinente de Nigger autant qu’un contrepoids intéressant de par sa positivité débordante (les chœurs d’enfants sur "My Generation" ça ne passera pas chez tout le monde).

PS : Seul rappeur américain invité de l’album, personne ne sait pourquoi Lil Wayne a été choisi (pour ce projet spécifique j’entends) mais son verse est impeccable.

PS2 : Seul rappeur somalien invité sur l’album, personne ne connaissait K’Naan (du moins sur le continent) mais son verse sur "Tribes At War" est remarquable.

Stillmatic
7.3
7.

Stillmatic (2001)

Sortie : 8 décembre 2001 (France). Thug Rap, Conscious, Hip Hop

Album de Nas

LeMalin a mis 8/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

Avant tout connu comme l’album du comeback, terme qui parait aujourd’hui exagéré mais il est important de rappeler qu’après la sortie tumultueuse d’I Am.. et plus encore l’échec commercial (et ratage artistique) que constitue Nastradamus la réputation de Nas était au plus bas. Pendant ce temps Jay Z ne s’était pas fait prier pour prendre la couronne de NY et enterrer son rival avec un 32 mesures survolté sur l’inattaquable Takeover.

La réponse fut terrible. Ether la diss track la plus célèbre du médium avec un 3e verse de 32 mesures (évidemment) qui fume toujours aujourd’hui tel un massacre à la sulfateuse. Clash gagné par K.O, et il a même fourni le terme pour l’affirmer : Oh god Jay got ethered!

Déjà classique avant même sa sortie, Stillmatic n’a pas déçu sur le reste de sa proposition. Moins impressionnant que The Blueprint sorti la même année peut-être (le débat cours toujours), la faute à quelques tracks qui font taches comme l’infâme "Braveheart Party" (comment ce truc a-t-il pu faire le cut final), la très mauvaise "Smokin’", la démodée dès l’écoute "Rule", ou la trop chantante "My country".

Le reste n’est que légende. L'extraordinaire "One Mic" et ses montées en puissance frissonnantes (au panthéon du hip hop), l’imparable "2nd childhood" (Preemo beat, Preemo hit), la nouvelle collaboration au sommet avec AZ dans "The Flyest" (il faudra attendre vingt ans pour le revoir invité sur un album c’est tristesse), l’entêtante "Got Ur Self a Gun" (qui se paye le sample tant convoité de The Sopranos et le fait savoir), l’inénarrable "Rewind" (l’inventivité dans le story telling de Nas est sans égal), la superbe "You’re da man" (avec le sample minimaliste de Sixto Rodriguez qui fait toute la différence), ou la bien énervée "Destroy and Rebuilt" (ouais il avait aussi d’autres comptes à régler).

Dommage de ne pas avoir suivi la voie de de son faux frère Illmatic en matière de concision, tant quelques coupes bien placées lui aurait permis de se hisser encore plus haut (mais bon rien ne vous empêche de les faire de votre côté).

Magic
7.5
8.

Magic (2021)

Sortie : 24 décembre 2021 (France).

Album de Nas

LeMalin a mis 8/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

Sortie sans s’annoncer la veille de noël, Magic est un véritable cadeau pour tous les fans de Nas et du médium en général.

Une injection de pur hip hop directement dans les oreilles. Une demi-heure de découpage d’instru sans concession ni introduction. Des beats qui tapent tous dans la bonne direction, un mc quasi-cinquantenaire qui retrouve presque la fraicheur de ses débuts (« I told niggas I was in rare form on the last album ! »). Aucun déchet, aucun temps morts, une homogénéité exemplaire qui empêche toute élection objective de la meilleure track.

Et pour couronner le tout les bons scratchs de DJ Premier qui viennent s’inviter à la fête sur "Wave Gods", apparition symbolique comme pour venir valider le nouveau duo le plus prolifique du moment « Me and Hit-Boy, they say we like the new Gang Starr ».

Bien sûr, Magic n’a pas la profondeur ou l'ambition d’autres albums de sa discographie mais là n’est pas vraiment la question. Ici c’est le plaisir qui domine. Nas méritait ce genre de projet célébration, et quelque part nous aussi (en tout cas on ne s'en plaint pas).

King’s Disease III
7.7
9.

King’s Disease III (2022)

Sortie : 11 novembre 2022 (France).

Album de Nas

LeMalin a mis 7/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

Troisième volet d’une trilogie qui n’aura été que progression. Exit les feats douteux qui plombaient en partie les deux prédécesseurs, ici Nas (pour la première fois de sa carrière) assure seul le show pendant cinquante minutes et ne tremble qu’en de très rares moments (On a cru le perdre pendant 5secondes sur "Don’t Shoot" mais tout va bien).

Enfin… seul pas tout à fait puisque Hit Boy est toujours à ses côtés, plus affuté que jamais. Plus alerte sur les besoins de son MC, plus tranché dans son approche du boom bap, il devient moins prévisible et plus précis, fait étalage de toute la palette de ses capacités (bien plus grande qu’on pouvait l’imaginer encore deux ans auparavant), affirmant définitivement sa place parmi les producteurs les plus solide du moment. Du sampling inspiré sur la brillante "Legit" (de quoi motivé un visionnage de The Five Heartbeats ?) ou l’entrainante "I’m on Fire" (malgré un Nas un peu facile), du beat switch de folie sur la géniale "Michael & Quincy" (Eardrums de-virginize indeed) ou l’insolite WTF SMH, du beat bien sale (enfin) sur la boucherie "Thun" (on se rêverait presque à voir Mobb Deep débarquer pour tout casser), jusqu’à la fusion explosive de la trap et d’une trompette sauvage sur "Til My Last Breath", c’est lui qui régale. Même un relatif ratage comme "Hood2Hood" peut s’entendre comme une tentative intéressante avec cette perspective.

Nas le lui rend bien (plus encore que la qualité de performance l’énergie et l’envie dont il fait preuve à ce stade de sa carrière sont particulièrement communicante) et s’offre de beaux moments comme la jolie "Once a Man, Twice a Child" écho à peine voilée à "2nd Childhood" (et où il est bien question d’une extension de sa pineal gland et pas d’autre chose), la féroce "Beef" (où il renoue avec son amour pour la personnification), ou l’entêtante "First Time" entre nostalgie et introspection (et joie de la première fois mais promis ça ne parle pas de cul) qu’on retiendra pour cette petite line d’humour bien placée « First time you heard Nas - You probably heard somebody say that I pick bad beats - But I pick bad freaks ».

Définitivement une affaire qui marche.

I Am…
7
10.

I Am… (1999)

Sortie : 6 avril 1999 (France). Thug Rap, Hip Hop

Album de Nas

LeMalin a mis 7/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

A l’origine un double album plein d'ambitions avec une première partie narrant son histoire de la naissance au suicide et une deuxième chroniquant son retour sur terre tel un prophète.

A l’arrivée, un projet complètement remanié dans la panique suite à l’épisode des leaks de 1999 (les premiers ravages de l’internet, souvenez-vous), et un album plein de contradictions où cohabitent tant bien que mal des tracks de très haut niveau et d’autres beaucoup moins dignes de son talent.

Du coté des highlights, "Nas is Like" le banger absolu made in DJ Premier (la simple évocation de la line d’intro ferait frémir n’importe quel fan), "Undying Love" story telling vivifiant digne d’un film (avec la fin choc de circonstance), "N.Y. State of Mind Pt. II" suite inattendue mais jamais regrettée d'un classique, "Favor for a Favor" la rencontre au sommet avec Scarface, la superbe et trop sous-estimée "We will survive" où Nas converse avec Big et Pac au paradis.

Dans une moindre mesure, "Ghetto prisoners" dont la prod n’est malheureusement pas à la hauteur du reste, "Small world" pour son story telling déroutant, et même "Hate me Now" qu’on conspue en secret pour son appétence commerciale mais dont on ne peut pas nier l’efficacité (même si la version originale était meilleure, les vrais savent).

Du côté des ratages "Big Things", "KI-SS-ING", "Money Is My Bitch", "You Won't See Me Tonight", en vrac parce que ça ne mérite pas mieux.

Et au milieu de tout ça l’improbable Dr Knockboot où Nas s’improvise sexologue et nous dispense ses conseils sous forme de Do and Don’t, dans un second degré assez rare qui ne convaincra pas tout le monde (Et même si quelques lines ont mal vieillies celle sur le consentement sexuel est presque avant-gardiste).

Le troisième album de Nas n’a ni la grandeur qui lui était espéré, ni l’aura de ses deux premiers mais ne laissez pas une rencontre avec la mauvaise track vous faire passez à côté. (More hit than miss comme on dit dans le jargon).

Magic 3
7.2
11.

Magic 3 (2023)

Sortie : 14 septembre 2023 (France). Hip Hop

Album de Nas

LeMalin a mis 7/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

6 albums en 3 ans mesdames et messieurs, le tout avec un seuil de qualité élevé et une motivation sans faille. Presque trop pour un rappeur légendaire à qui personne n’en demandait autant et qui n’avait plus rien à prouver depuis bien longtemps. Point final du run de célébration, Magic 3 est une conclusion dans la bonne humeur et la sérénité, un troisième volume plus lumineux et apaisé que ses prédécesseurs, un accomplissement supplémentaire pour cette folle collaboration avec Hit Boy qui demeurera historique.

La bouillante "Fever" est une parfaite introduction à l’état d’esprit du mc, n’hésitant plus à s’auto-samplé pour fêter sa longévité (Put your glasses up, represent for me). L’entrainante "I Love This Feeling", la puissante "Sitting with My Thoughts" (avec un beat plus épique qu’imaginé à la vue du titre), la brillante "Speechless part 2" (cette petite flute en fond on ne s’en lasse pas), l’excellente "Never Die" avec un Lil Wayne ressuscité et à la hauteur de l’événement, autant de morceaux de bravoure pour perpétuer la célébration.

A noter un solide segment de story telling avec le couple "Based on True Events", des histoires simples mais bien raconté (même si la deuxième partie renvoie indirectement aux plus captivantes "Shootouts" ou "The Set up" sur It Was Written) nouvelle preuve s’il en faut que Nas pourra toujours compter sur ses talents de conteurs pour divertir son audience.
Deux pas de cotés tout de même : la passable "Blue Bentley" où pour une rare (unique ?) fois Nas semble trop vieux pour ce qu’il essaie de raconter, et la particulière "Pretty Young Girls" qui bien que pas déplaisante à l’oreille n’en flirte pas moins avec la limite du cringe.

La track finale "1-800 Nas&Hit" n’est pas la plus marquante mais reste une clôture appropriée, proclamant la victoire symbolique sur la fameuse maladie des rois (King’s Disease), et cimentant le fait que plus qu’une collaboration fructueuse c’est une véritable amitié qui s’est développé entre Nas et Hit Boy au cours de ces dernières années.

Hip Hop Is Dead
6.6
12.

Hip Hop Is Dead (2006)

Sortie : 18 décembre 2006 (France). Thug Rap, Hip Hop

Album de Nas

LeMalin a mis 7/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

Qui d’autre que lui pour se pointer avec un titre aussi provocateur et une rose noire à la main devant la tombe du Hip Hop au beau milieu des 00’ (période on le rappelle réellement délicate pour le mouvement à New York). Incompris et raillé avant même d’être écouté, toujours incompris et raillé après avoir été écouté (faut dire que tout n’est pas très clair dans le concept), rassurez-vous que l’idée n’a jamais été d’annoncer la fin des beaux jours du rap américain, mais au contraire de rassembler autour d’une culture pour laquelle Nas continuera de se dévouer jusqu’à la fin de ses jours.

Si "Where are They Now" célèbre par une énumération un peu rébarbative les soldats tombés au combat (sur un groove typé 80’ de circonstance bien que trop en marge du reste) l’affaire devient moins sérieuse avec "Who Killed It" et son improbable enquête menée sur le fameux assassinat présumé, pastichant sans réussite la voix de James Cagney et les films de gangsters des Roaring Twenties. Des pas de coté dans un album manquant d’une claire ligne directrice et ne réussissant pas à transformer ses diverses tentatives en panier, à l’instar de la frustrante "Blunt Ashes" produite par le basketteur Chris Weber (et dans le jargon on appelle ça un air ball monsieur).

"Money over Bullshit" lance les hostilités avec une rare férocité, "Hope" les concluent sur un exercice de style acappela du plus bel effet, entre les deux du bel ouvrage comme l’énergique "Carry on Tradition" ou la trop slept on "Can’t Forget about You" le tout fondu dans un moule de tracks au demeurant sympathiques mais qui feront office de fillers selon les goûts de chacun.

C’est là la limite du projet, aussi plaisant soit-il, rien n’atteint des sommets (remarquer que rien n’atteint les abysses non plus). Alors on réfugie son plaisir dans les passes d’armes avec les différents invités (qui font tous leur travail bravo les gars) : "Black Republican" l’épique et attendue réunion avec Jay-Z (qui déçoit autant qu’elle satisfait), "Play on Playa" avec un Snoop Dogg chill as asual (La-da-da, be-da-ba-da…), la soulful Still Dreaming avec un Kanye inspiré (au mic et à la prod), "Hustlers" avec The Game et l’ordonnance du Dr Dre qui va avec (à défaut d’un banger une valeur sûre), et la trop boycottée "Hip Hop is Dead" avec Will.I.Am (avec du recyclage de sample c’est vrai, mais pour un résultat détonant).

[untitled]
6.5
13.

[untitled] (2008)

Sortie : 11 juillet 2008 (France). Conscious, Hip Hop

Album de Nas

LeMalin a mis 7/10.

Annotation :

L’album le plus politique et polémique de la discographie. Son titre censuré que tout le monde connait et sa cover emblématique annoncent clairement la couleur et le sujet. Un sujet que Nas n’a pas peur de confronter frontalement ce qui, pour un artiste de sa notoriété et reconnaissance reste une anomalie (pas une exception) et une audace qui vaut à elle seule le détour.

Le label lui avait plus de réticences, comme en témoignent la présence de "singles" complètement hors sujets (les infames "Hero" et "Make the World go Round") dont il faut se séparer sans la moindre hésitation, et éventuellement les remplacer en piochant dans la « Nigger Mixtape » de DJ Green Lantern projet prélude et méconnu comportant certaines (pas toutes) tracks non inclues dans l’édition finale, (mais pas le premier extrait officiel "Be a Nigger Too" qui lui a disparu).

Oui, Nigger n’est pas l’album qu’il aurait du être, ni même celui qu’il devrait être pour se hisser parmi les meilleurs du MC. Plombé par des productions un peu trop fades (et qui résistent de plus en plus mal aux affres du temps) et souffrant aussi d’une exécution pas toujours à la hauteur de ses ambitions ("Testify" ou "Project Roaches" sont de superbes esquisses qui n’atteignent pas leur plein potentiel), il n’aura malheureusement pas eu l’impact qui lui était prédit.

Reste des tracks de haut niveau que tout fan doit avoir dans son catalogue comme la brûlante introduction "Queens get the Money", le règlement de compte enragé avec la Fox sur "Sly Fox", l’exceptionnelle "Fried Chicken" (pas forcément sous cotée mais mérite plus d’amour), l’incontournable "N.I.G.G.E.R". qui prend le sujet à bras le corps ou même l’emblématique "Black President" qui termine l'album sur une note d’espoir.

King’s Disease II
7.2
14.

King’s Disease II (2021)

Sortie : 6 août 2021 (France). Hip Hop

Album de Nas

LeMalin a mis 7/10.

Annotation :

Plus substantiel et abouti que son prédécesseur, KD II est un premier pas en avant dans sa fructueuse collaboration avec Hit Boy qui n’évite toutefois pas totalement l’effet mixed bag avec un équilibre pas toujours évident entre la modernité d’accents trap/drill sur les drums et de sonorités plus traditionnelles typées east coast à base de sample soul.

Malheureusement comme pour son prédécesseur des choix de collaborations hasardeux ont tendance à tirer l’ensemble vers le bas. "YKTV" est la track dont il faudra évidement se débarrasser le plus vite possible. "EPMD 2" comporte un de ses fameux couplets à rallonge moitié gênant et moitié hors sujet régulièrement proposé par le clone d’Eminem ces dernières années. Ce bon vieux Charlie Wilson fait le travail sur "No Phony Love" mais n’aura pas vraiment réussi à tirer son épingle du jeu en deux apparitions sur deux albums consécutifs. Les vocals de Lil Baby sur l’efficace "40 side" n’apportent pas grande plus-value, mais c’est surtout Blxst qui s’illustre dans le genre dispensable sur "Brunch on Sundays" (oui une track sur le brunch du dimanche la crise de la cinquantaine est proche).

Et puis il y a "Nobody", superbe track avec un verse fantastique de la bien trop rare Lauryn Hill, et qui trouve un écho particulièrement frappant en la reliant à la mythique "If I ruled the world" sortie vingt-cinq ans plus tôt.

Pour le reste, "Rare" est une réjouissance qui affirme haut et fort le regain de forme de Nas (qui parait de toute façon complétement étranger aux ravages du temps). "Store Run", "Count me In", "Moments", "Nas is good", "Death Row East" sont autant de bonne tracks que d’adresses de bon goût pour asseoir la nouvelle position de Nas dans le rap game. Celle d’un ainé du hip hop qui dispense son talent et ses souvenirs confortablement assis avec un verre de cognac dans son fauteuil dans le bureau des légendes.

Street’s Disciple
6.8
15.

Street’s Disciple (2004)

Sortie : 29 novembre 2004 (France). Thug Rap, Hip Hop

Album de Nas

LeMalin a mis 6/10.

Annotation :

Jamais compris la fascination autour des doubles albums dans le hip hop dont l’histoire nous avait déjà à cette époque prouvée qu’il s’agissait rarement d’une grande idée. Dans cet exercice Nas (qui d’une certaine façon n’était pas à son coup d’essai si on compte la version initiale d’I Am.…) s’en sort de justesse mais n’évite pas l’indigestion, le remplissage et les inégalités inhérente à ce genre de projet.

La grande question c’est comment s’y retrouver dans ce joyeux bordel (car oui la joie est au rendez-vous) et survivre à une deuxième écoute. Mais n’allez pas croire à une réponse miracle, le tri sera difficile et propre à chacun.

Dans les standouts: "Message to the Feds" puissante entrée en matière, "Bridging the Gap" le hit plein de bonne énergie (et iconique de par le featuring de son père), "Street’s Disciple" découpage en règle d’instru (le 3e verse est à la limite du meurtre), la poignante "Just a moment" (avec l’apparition remarquable de la nouvelle signature FerQuan qui n’aura plus rien fait derrière, bravo monsieur), la trop peu citée "War" (qui fait écho à la beaucoup plus citée "Changes" de Pac), et le classique "Thief’s theme" (qui annonce à sa manière l’arrivée du prochain Hip Hop is Dead) ... Et bien sûr "Sekou Story" dans laquelle Nas utilise un modificateur de voix pour incarner son alter ego féminin Scarlett (aussi présente sur "Live Now" c’est au choix) dans une prestation aussi fascinante qu’effrayante.

A prendre ou à laisser l’arc dédié à son mariage avec Kelis (qui se distingue aussi par une apparition catastrophique sur "American Way") avec l’enchaînement allant de "Remember the Times" (alerte track sous-estimée), à "No One Else in the Room". Rarement un tel sujet n’aura été abordé de manière aussi ouverte dans le hip hop (même si comme attendu le mariage n’a pas durer longtemps derrière).

Noter aussi que Nas s’essaye à la production (pourquoi ?) sur "U.B.R" biographie peu entrainante de Rakim (dont la suite annoncée sur KRS One n’a jamais suivi), et "Suicide Bounce" qui aurait pu être une bonne track avec un vrai producteur (aie).

PS : Inutile de consulter votre opticien (ou votre psy), Nas incarne bel et bien tous les personnages sur la cover.

King’s Disease
6.9
16.

King’s Disease (2020)

Sortie : 20 août 2020 (France).

Album de Nas

LeMalin a mis 6/10.

Annotation :

Premier volet d’une trilogie où Nas entame la célébration de sa propre légende. Et surtout premier album collaboratif avec Hit Boy où les deux comparses se cherchent encore (et c’est quelque part très intéressant de voir la progression au fil des projets).

Aussi une tentative maladroite de s’ouvrir à une nouvelle génération avec l’inaudible "Replace Me" (merci au crooner robotique de service sur le refrain), le gâchis "Til The War Is Won" qui était une track plus que décente avant l’arrivée d’un horrible featuring (il faut bien dire que Nas n’a pas choisi les pingouins qui glissent le plus loin sur la banquise), et la fort sympathique "All Bad" avec un Paak qui se fond partout tel un caméléon (même si la synergie des deux artistes n’est pas aussi évidente qu’avec d’autres).

Est-ce que cela justifie d’un point de vue commercial ? On lui souhaite, mais ça gâche un peu la célébration qui ne dure que 38min au total.

Pour le reste une poignée de tracks très plaisantes comme "Blue Benz", "27summers" (mais trop courtes!) ou encore mieux comme "The Cure", "10 Points" qui sans prétendre se hisser parmi les meilleurs titres de Nas (faut dire que c'est un peu bouché tout en haut) font de ce King’s Disease un projet relativement solide à défaut d’être véritablement marquant.

L’évènement de l’album reste la réunion de The Firm (équipe d’origine, sans Nature mais avec un Cormega enfin réconcilié) presque vingt ans après sa dissolution sur la réussie "Full Circle", où se glisse même une petite apparition surprise de Dr Dre pour la forme.

Magic 2
7
17.

Magic 2 (2023)

Sortie : 21 juillet 2023 (France).

Album de Nas

LeMalin a mis 6/10.

Annotation :

Possiblement le projet le moins en vue de son incroyable run avec Hit-Boy (faut dire qu’il a eu le malheur de sortir deux mois seulement avant Magic 3 qui n’a pas forcer pour le faire sombrer dans l’oubli « By the time y'all hear this we'll be half way through the next one »). Son orientation plus sombre et plus trap le démarque des autres et lui permet de trouver sa propre identité (important de prendre du recul pour relever la diversité d’ambiances dépeinte en six albums, même si toutes les prods gardent la marque évidente de leur géniteur).

Si l’énergie singulière dégagée par certaines tracks (on a tous bouger la tête sur "Motion"), et les expérimentations en termes de flow de Nas (qui mérite un certain crédit pour sa volonté/capacité de s’adapter à la modernité sans compromettre ce qui le rend si spécial) lui donne une couche de profondeur supplémentaire, il est traversé de moments qui ne fonctionnent pas aussi bien que prévu, et surtout d’une superficialité d’écriture qui semble un peu trop voyante (parait que l’abus de trap abrutit, c’est peut-être une piste). Même si dans l'ensemble les projets voisins n’ont jamais eu la prétention lyricale de la grande époque de leur auteur et privilégiaient souvent la spontanéité, il y avait clairement un certain niveau et des fulgurances suffisantes pour garder le curseur vers le haut.

Ici le cas n’est pas honteux, mais on dénote beaucoup de références balancées de manière trop random, ou de lines presque embarrassantes « Showed 'еm my scrotum is golden, rap game stomach was swollen » et pas suffisamment d’éclats pour compenser. Bien sûr on peut tout à fait délirer sur des goofy lines comme « Dump the ashes in the ocean, get the sharks high » ou se régaler de petites anecdotes comme « I remember I put 2Pac onto that Henny » mais au moment du décompte final ce deuxième volet de la Magic trilogy ne peut qu’embrasser les pieds de ses deux confrères.

A noter un featuring du « gets rich but dies rhyming » 50 cent absolument honteux sur la pourtant bien cool "Office Hours" (vraiment à ce niveau-là ça pue l’irrespect, même une IA aurait fait meilleure illusion) qui n’arrange pas les choses.

NASIR
6.7
18.

NASIR (2018)

Sortie : 15 juin 2018 (France). Hip Hop

Album de Nas

LeMalin a mis 6/10 et a écrit une critique.

Annotation :

Au beau milieu d’une absence de plusieurs années longtemps semblable à une retraite méritée, Nasir est au mieux une gourmandise qui vous donnera envie de relancer ses meilleurs projets.

Un projet issu des « Kanye West's Wyoming Sessions », caractérisé par une durée fugace (22min c’est criminel) qui laisse à peine le temps d’esquisser le concept des sept péchés capitaux qu’on aurait aimé voir pleinement exploité par un Nas au sommet de sa plume.

Si encore l’ensemble était de très haut niveau la durée aurait pu être en partie pardonnée mais le vrai problème étant que la plupart des tracks feraient office de fillers dans un album digne de ce nom. Traversé d’éclats de génie de son producteur (ce sample improbable d’une chanson iranienne des années 70 sur l’entrainante "Adam & Eve"), et animé par des tentatives plus qu’intéressante de son MC (la notable "Cops Shot the Kid", et le martèlement du sample de Slick Rick illustrant une violence qui ne cesse jamais) forcé de se dire qu’avec d’avantage de temps (fait en une semaine seulement rappelons-le) le tout en serait sorti nettement grandi.

Reste l’anecdote d’avoir à disposition un album de Nas entièrement produit par l’ancien protégé de Jay-Z (inimaginable quinze ans auparavant, comme quoi les temps changent), qui voulait certainement une nouvelle fois l’honorer et le remercier après son couplet majestueux sur "The Major" (oui, on n’en parle jamais assez).

The Lost Tapes II
6.3
19.

The Lost Tapes II (2019)

Sortie : 19 juillet 2019 (France).

Compilation de Nas

LeMalin a mis 6/10.

Annotation :

Si le premier volume était un petit miracle, celui-ci ne dépasse pas sa fonction. Pas déshonorant, mais pas transcendant non plus, disons simplement que ça ne peut pas aussi bien marcher à tous les coups.

Une fournée tout de même décevante au vu du line up de producteurs légendaires engagés (dont l’absence de Preemo se fait regrettable) qui n’honorent pas tous leur statut (globalement ça reste quand même assez propre mais rien de renversant). Pharrell repart aisément avec l’award de la pire prod pour "Vernon Family" mais c’est surtout les deux collaborations avec RZA ("Tanasia" et "Highly Favored") qui déçoivent tant on aurait aimé quelque chose de plus marquant pour leur réunion.

A retenir l’improbable "Jarreau of Rap" qui à défaut de convaincre tout le monde fait preuve d’une énergie singulière, la brillante "Queensbridge politics" et l’hommage poignant à Prodigy, la jolie "You Mean the world to Me" soigneusement produite par Kanye (dont la collaboration date de l’époque Hip Hop is Dead et pas Nasir).

Nastradamus
6
20.

Nastradamus (1999)

Sortie : 23 novembre 1999 (France). Conscious, Hip Hop

Album de Nas

LeMalin a mis 5/10.

Annotation :

Enregistré dans une précipitation totale suite à la sortie controversé d’I Am, qui plus est dans une période où Nas traversait de son aveu pas mal de contrariétés personnels, Nastradamus est, au-delà du seul ratage proclamé de sa carrière un album malade et schizophrène.

Malade de part des performances pas à la hauteur de ce que Nas nous avait proposé par le passé, un niveau de production globalement très médiocre qui plombe totalement l’écoute (maudit sois la personne qui lui a fait rencontre Dame Green), et des refrains complètements à côtés de la plaque.

Schizophrène de par l’alternance de tracks conscientes voire spirituelles avec un vrai effort d’écriture (du Nas quoi) et de merdes douteuses et faussement commerciales qui ne reflètent pas du tout l’artiste (autant que ce soit dit "You owe me" et "Big girls" sont à gerber et à éradiquer de la mémoire collective pour le bien commun du hip hop).

A l’époque la déception était immense (et la réputation de Nas en avait pris un coup, on espère d’ailleurs que ses détracteurs les plus excités se sont depuis excusés), mais maintenant que le tout est digéré on peut se demander ce qu’il est possible de sauver de ce faux pas.

- En premier lieu "Project Window", superbe track, parfaitement écrite et interprétée avec une douce production des Trackmasters et un joli refrain de Ronald Isley (autant se dire qu’elle dénote complètement du reste).
- Aussi quelques fulgurances : lyricales comme le 2e verse de "Last Words" (ce genre de track qui aurait pu), ou vocales comme sur l’énergique "Come get Me" (Thx Preemo) qui nous rappellent que quand il faut juger Nas les standards restent élevés (ouais, pour certains rappeurs ça serait le banger d’une vie).
- Et puis des tentatives comme la controversée "Shoot’em up" qui reprend l’air d’une ballade de noël pour dépeindre une scène de meurtre avec la violence qu’il convient (là encore alerte track sous-estimée).

A noter également un featuring avec Mob Deep "Family" pas à la hauteur des précédentes collaborations et des personnes impliquées mais qui peut complètement faire l’affaire selon l'attente.

LeMalin

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