Les meilleurs films chinois selon takeshi29

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Plus de 24 heures après avoir enfin vu cet "An Elephant Sitting Still" je n'en suis toujours pas remis.

Trop vertigineux, insondable, douloureux, mélancolique, labyrinthique, politique, désespéré pour se remettre de ces 4 heures sans cicatrices profondes.

Difficile de ne pas regarder ce film en pensant sans arrêt au fait que Hu Bo (20.07.1988 - 12.10.2017) s'est donné la mort dès son unique film achevé. Ce fait terrible rentre perpétuellement en résonance avec le récit, on a le sentiment de voir ce jeune homme expliquer son geste à venir, et l'apparition de sa photo, celle d'un être souriant, renforce l'impression de venir de lire une longue lettre d'adieu. Rarement donc le terme d’œuvre testamentaire aura aussi bien porté son nom.

NB : Je rappelle à ceux qui comme moi ont prié, sans résultat, pour qu'un de leurs petits cinoches favoris veuille bien programmer cet OFNI, que Capricci vient de sortir un bien beau coffret Blu-ray-DVD... https://twitter.com/takeshi2922/status/1138839094849626114

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En rose c'est noir... Je me souviendrai toujours de cette violence sèche, sorte de coitus interruptus, de motos semblant voler dans les ruelles, d'une pluie (presque) sans fin (non non pas celle-ci), d'un bateau dérivant en mode "Nuit du chasseur" et d'une femme aux cheveux courts pas décidée à avaler n'importe quoi, d'une fin de traque qui sidère par son absence de facilité artistique. Des chapeaux, des voiles, des baigneuses rejoindront mes nuits...

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Lou Ye ou la Chine qui nous parle... (cf critique)

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"Les Éternels" est un nouveau bijou signé de ce génie de la mise en scène qu'est Jia Zhangke.

Son film de mafia au premier abord de facture classique se mue soudain en tragédie grecque, et surtout dresse un bouleversant, et chose rare chez lui, amusant portrait de femme chinoise, sorte de Qiu Ju 2.0, incarnée par l'incroyable Zhao Tao.

Clairement je suis dans la m...., ce retardataire (il ne sortira que mercredi prochain) venant jouer les trouble-fêtes dans mon palmarès cannois 2018. Je lui aurais bien glissé un petit prix de la mise en scène (déjà squatté par le sublime "Asako") ou un prix d'interprétation féminine (mais j'ai deux chouchoutes qui n'ont pas envie de laisser leurs trophées)... https://www.senscritique.com/liste/Jury_quand_je_vois_le_palmares_de_Cannes_2018/2119900

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J'étais sorti un peu frustré d'"Un grand voyage vers la nuit" mais là c'est très grand. Je reprochais à l'époque à Bi Gan de s'être regardé filmer, d'avoir trop misé sur l'exercice de style au détriment de l'émotion. Ici c'est certes à nouveau virtuose, mais pas de manière ostentatoire.

"Kaili Blues" est un grand film sur le temps, sur ses variations, il louvoie, chaloupe, tout est accident et déviations. Il suffit de se laisser porter, comme dans un mix presque parfait entre Jia Zhang-ke, Apichatpong Weerasethakul et Hou Hsiao-hsien.

Un personnage dit : "On dirait un rêve". Oui...

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Ce qui me fascine peut-être le plus chez Jia Zhang-ke est sa faculté à rendre son cinéma profondément chinois universel. Il y a ici plusieurs films dans le film, plusieurs destins, qui ne racontent pourtant qu'une chose : notre planète fracassée à force de corruption, de capitalisme, de tentation d'intégrer un nouveau monde alors que nous ne parvenons pas à quitter tout à fait des yeux l'ancien qui n'en finit pas de mourir.

Il m'a fallu du temps pour apprécier à leurs justes valeurs les deux premiers segments, les plus "occidentaux", ceux qui vont faire des baisers (de la mort) au cinéma de genre, il faut être patient afin de les laisser trouver leur chemin au milieu de ce récit labyrinthique, et ainsi prendre leur cohérence.

Et puis, mais peut-être suis-je trop sentimental, la relation qu'entretient Zhao Tao avec la caméra de son homme me bouleverse. Il se produit dès qu'elle apparaît une sorte de miracle, les gros plans deviennent légion, on se demande si c'est le personnage de ce prologue des "Éternels" qui est incroyablement romanesque ou tout simplement l'actrice qu'il suffit alors de laisser évoluer au milieu du plan. Comme embrasée la mise en scène préalablement au millimètre devient instantanément majestueuse. Et parce que sa femme mérite tout il lui ouvre soudain, juste l'espace de quelques minutes, les portes du film de sabre, lui offrant ainsi le statut d'héroïne, celle de sa vie et de son œuvre.

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Une page sombre de l'histoire sino-japonaise magnifiquement mise en images par le très doué Lu Chuan. La pureté esthétique, la sobriété de la réalisation renforcent le sentiment d'effroi qui nous saisit dès les premières minutes. A la fois spectaculaire dans sa première partie et analytique dans sa seconde, ce film fait du bien au cinéma et à la mémoire.

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Rarement vu film chinois si peu chinois dans sa forme que ce "Séjour dans les monts Fuchun", présenté à la dernière Semaine de la critique cannoise, et lorgnant du côté d’Edward Yang, Kore-eda période "Still Walking" ou Hou Hsiao-sien et ses œuvres de jeunesse. Chronique familiale sociologique belle et cruelle, universelle, le tout drapé dans une mise en scène somptueuse.

NB : On salive quand on voit apparaître à l'écran "Fin du premier volet"... En attendant l'éventualité d'une suite, courez voir les 150 premières minutes de cette saga le premier jour de 2020.

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Jia Zhang-ke a toujours fait la même chose, décrire des "Vies minuscules" pour mieux critiquer les innombrables travers d'un régime, d'une société schizophrène.

Ici il le fait même de manière très frontale, et il y a presque deux films en un dans ce si bien-nommé "The World" : des destins particuliers qui se débattent dans un monde toujours aussi fermé et pourtant ouvert aux quatre vents du capitalisme, de l'économie de marché.

Pour l'illustrer il utilise tous les modes d'expression cinématographiques à sa disposition, passant même parfois par l'animation, il filme fun, il filme poétique et mélancolique avec cette ritournelle sonore belle à pleurer, il filme dispendieux, il filme serré, à l'économie.

Bref c'est un Jia Zhang-ke plus "sympathique" et "généreux" qu'à l'heure actuelle, mais c'est VRAIMENT et DÉFINITIVEMENT un Jia Zhang-ke.

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Ce "Retour des hirondelles" est probablement LE film à voir en ce moment (avec "Retour à Séoul" dont je n'ai pas encore dit tout le bien que j'en pensais), et pourtant j'ai eu bien bien peur durant les premières minutes, craignant un chapelet de misérabilisme à venir.

Mais non car Li Ruijun choisit la lumière, la beauté du temps qui passe et avec les saisons, celle d'une histoire d'amour où seule la pudeur rivalise avec l'intensité, la pureté du sentiment.

Chaque plan est au millimètre sans qu'on tombe dans l'esthétisant, le côté politique est là * mais par touches subtiles, le trop plein de malheur se niche dans le hors champ ou dans l'ellipse comme pour éviter le chantage à l'émotion.

Ce film renoue avec une certaine tradition du cinéma chinois, n'étant pas sans rappeler "Qiu Ju - Une femme chinoise", tout en ayant la modernité de celui qui l'a fait rentrer dans une nouvelle ère, Jiǎ Zhāng-Kē. Rajoutez un brin de Sirk pour le mélo et de Malick dans la manière de glorifier des "Moissons", vous obtenez le genre de film qu'il faut absolument voir sur grand écran pour épouser sa force.

* Celui-ci n'a pas échappé au pouvoir chinois qui après quelques semaines, et un sacré succès public, l'a fait interdire.

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Il existe un cinéma monosalle au bout de la terre qui, le vendredi 24 juin, soit au cinquième jour de l'ère post-COVID, programme deux films : "De Gaulle" à 18h pour assurer des entrées, et cet OFNI venu du Tibet à 21h pour faire plaisir aux zinzins capables de faire 200 km pour rassasier leur faim de bobines qui ne passent nulle part.

"Jinpa" est une splendeur visuelle sous substances, perchée quelque part entre David Lynch et Guy Maddin, un bijou qui renferme 86 minutes de recherches formelles, qui rend hommage en 4:3 au cinémascope des westerns-spaghetti de notre enfance, qui te donne envie d'aller dans un troquet sur le toit du monde, juste histoire de boire une Bud avec la plus sublime des tavernières.

(Benjamin, si tu me lis, encore une fois merci pour ton audace, également appelée énorme paire de biiiiiiiip)

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Sans conteste l'énooooooooooooooorme coup de ❤️ de ce mercredi.

"So Long, My Son" est un grand mélo, une grande et flamboyante fresque intime, politique, sociale que n’aurait pas renié le regretté Edward Yang, où le particulier rejoint l’universel.

Une œuvre magistrale de plus de 3 heures, formidablement interprétée, qui conte la famille, les amis, un pays, et d’où l’on sort le cœur serré.

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Bien entendu les références à "Memories of Murder" et à "Seven" sont évidentes, mais il y a aussi du Jia Zhang-ke dans cette façon qu'a Dong Yue d'ausculter les mutations d'une société en voie d'implosion imminente.

Les grands films se démarquent souvent par leur faculté à nous poursuivre. Une scène, un plan, un son reviennent régulièrement nous titiller le cervelet, et à ce niveau je crois que je n'ai pas fini de passer du temps avec Yu Guowei (très grand Duan Yihong) et Yanzi (alors là que dire de Jiang Yiyan, déjà remarquable dans "City of Life and Death", à part peut-être que Kim Min-hee et Fan Bing-Bing vont devoir peut-être accepter de lui faire un peu de place dans mon canapé).

"Une pluie sans fin" est un grand thriller tendu comme un string et brillamment mis en scène, mais pas que. C’est aussi l’histoire d’un homme et d’un pays brisés, d’un amour tué dans l’œuf par les démons et les fantômes....

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Le Chinois Bì Gàn est assurément l'un des cinéastes actuels les plus doués pour créer des plans qui impriment la rétine. Et cette histoire courte en est truffée. Quand on voit les 15 minutes de ce conte fantastique on attend avec encore plus d'impatience sa collaboration avec Shu Qi dans "Resurrection".

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Si Lou Ye fricotait avec Cronenberg... (cf critique)

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Je me doutais que SC était peuplé de vilains et cette fois j'en ai la confirmation absolue : 4.7 de moyenne, quel scandale !

Mais moi je respecte l'esprit de Noël alors je rassure Charles de Meaux : "N'écoutez pas les méchants, comme Anne Schneider, je répète, ANNE SCHNEIDER, qui disent que votre film provoque un grand ennui, personnellement je me suis fait hypnotiser dès la première minute, et j'ai vu dans votre "Portrait interdit" une magnifique réflexion sur le geste de l'artiste, le pouvoir de la représentation picturale, un hommage aux classiques de Hou Hsiao-hsien ou encore Chen Kaige."

NB : Peut-être qu'en fait tout ce que je viens de dire est du pipeau total et que je me suis juste fait gauler les yeux par Fan Bing-Bing

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A l'image de son parti-pris esthétique, "I Am Not Madame Bovary" est aussi intrigant, réjouissant, déstabilisant, foisonnant qu'agaçant.

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Quelle est la frontière, quelles sont les passerelles entre documentaire et fiction ? C'est une des nombreuses questions qui nous titillent le cerveau en voyant passer cet OFNI chinois. Liu Jia Yin se filme, filme ses parents, leur quotidien (ou pas) dans ce petit appartement, elle pose sa caméra, souvent au sens premier du terme ce qui donne de longs moments décadrés.

A 23 ans elle filme 23 scènes en plan-séquence (et fixes), 23 tableaux d'une vie, 23 souvenirs, et pour le spectateur 23 occasions de se demander à quoi il assiste vraiment.

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Ce film chinois inédit en salles chez nous est une véritable réussite, un cri politique dénonçant la condition des femmes dans une société archaïque et d'une violence inouïe.

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Oui le cinéma chinois d'auteur respire encore. Les tours de force esthétiques "Un grand voyage vers la nuit" (sorti en début d'année) et "Le Lac aux oies sauvages" (Je sens que je vais vous emm... un paquet de fois avec celui-ci jusqu'au 27 novembre tellement ce bijou m'obsède), le très beau film noir de 2018 "Une pluie sans fin", ou encore la superbe fresque mélodramatique "So Long, My Son" débarquée hier sur les écrans.

Et puis donc cette curiosité animée, violente, nihiliste, poétique avec des références aux "Souffrances du jeune Werther" jusque dans sa BO déchirante. Constat implacable sur la société chinoise, sur la déliquescence morale de toute une nation, ce "Have a Nice Day" ne laissera entrevoir qu'une légère touche d'espoir, cachée dans son générique de fin, qui prend la forme d'un papillon. Un espoir éphémère donc...

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Bon, avec presque un mois de retard, je vous faire un petit retour sur les films vus au dernier Festival Sofilm Summercamp de Nantes, placé sous le signe du cinéma, de la musique et de la fête...

Ici pas de compétition, juste du plaisir, et des rencontres...

Alors on commence avec l'immense Wang Bing, venu nous présenter ce documentaire chinois quasiment jamais diffusé en France.

Des moyens quasiment nuls d'où une réalisation à l'arrache, mais là n'est pas l'essentiel, vous le comprendrez facilement en lisant le synopsis. "Wild Grass", sous-titré "Les herbes sauvages de Qingdao" est un témoignage, un cri dénonçant l'horreur d'un régime. On avait déjà vu de telles images provenant de Russie, autre pays où le journalisme d'investigation peut vous coûter non pas le coup de téléphone d'un "puissant" courroucé mais la prison, les camps de travail, voire pire.

Quand le monde ferme les yeux, les artistes prennent le relais pour nous obliger à les ouvrir...

https://twitter.com/takeshi2922/status/1009794991160520704

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Bon ce n’est selon moi pas la gifle annoncée. Ça titille les sens, c’est certes très beau, même renversant par instants, mais ça le sait justement un peu trop, surtout dans cette fameuse seconde partie impressionnante de dextérité mais tellement démonstrative. Dans ce plan-séquence de plus d'une heure, Bi Gan se regarde tant filmer qu'il semble oublier le spectateur. Et là je l’avoue, l’absence de 3D m'a forcément été préjudiciable.

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Bien entendu on peut être hermétique au travail de Zheng Lu Xinyuan car comme tout ce qui flirte avec l'expérimental ça peut être excluant autant qu'hypnotisant, et tout ça en un même film. En tout cas personnellement j'ai trouvé ce "The Cloud in Her Room" très beau et troublant, en particulier grâce à un travail sur l'image très inventif et un noir et blanc fracassant.

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Contrainte par la crise sanitaire et le confinement la Chinoise Zheng Lu Xinyuan se tourne pour son deuxième long vers le documentaire, même si chez elle la lisière entre doc et fiction est ténue. Elle se radicalise un peu plus, ce "Jet Lag" rappelant les installations vidéo d'un certain Apichatpong, et sauf à penser que ce type de film a sa place dans les musées et aucunement sur un écran de cinéma on peut facilement se laisser prendre par ce vertige sensoriel, ces croisements de récits parfois abscons. Pour qui aime perdre ses repères et contempler la pluie qui tombe..

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On retrouve la touche esthétique de Wèi Shū-Jūn déjà aperçue dans son très beau court "On the Border" en 2018, C'est un peu du Jia Zhang-ke version polar très noir. Mais attention ça s'adresse à ceux qui acceptent le nébuleux, les interprétations plus que les résolutions limpides. En tout cas c'est pour le moins mystérieux, et d'une beauté formelle saisissante.