Mission Apollo n°7 mise en orbite par le lanceur Mello Music Group : après Boog Brown, Journalist 103 + DJ Soko, Hassaan Mackey et O.C. c’est au tour de Guilty Simpson de prendre place aux côtés d’Apollo Brown dans sa navette musicale. Sur ce blog tout a déjà été quasiment dit sur le programme Apollo Brown commencé en 2010, je ne vais donc pas trop m’étendre sur le beatmaker de Detroit dont sa jeune discographie tient déjà une place toute particulière dans ma collection. Toutefois quand ce dernier s’associe à un MC de Motor City, qui plus est un certain Guilty Simpson, l’attente prend une autre ampleur. 2 artistes dont l’entente artistique ne faisait pas trop de doute mais c’était peut être là que se situait le plus gros piège, est-ce qu’ils allaient arriver à se sublimer pour nous surprendre ?

Quand j’écoute ce que Guilty Simpson arrive à faire aussi bien sur du Madlib (‘OJ Simpson’) que sur du Black Milk (‘Random Axe’), je ne vois pas trop pourquoi il ne serait pas aussi convaincant sur du Apollo Brown. Un seul single sorti quelques semaines avant l’album suffit à notre bonheur et annonce déjà un projet prometteur, ce ‘Truth Be Told’ a fait son effet, que ce soit le style de la prod affiché ou le thème abordé par Guilty dans lequel il énumère ce qu‘il aurait pu être aujourd’hui s’il n’avait pas percé dans le Hip Hop. D’un point de vue général sur cet album le rappeur du Michigan nous livre pas mal de pensées personnelles, beaucoup plus qu’à l’habitude même, il faut le dire bien aidé par des beats d’AB qui font souvent cet effet. Le meilleur exemple est ce fabuleux ‘I Can Do No Wrong’ qui en bouleversera plus d’un, Guilty y décrit la trajectoire négative d’amis proches qui se sont enfoncés dans la spirale du crime pour finir inévitablement en prison. Sur ‘Change’ il nous raconte la descente en enfer d’un couple qui suite à leur séparation plongera dans l’alcool et la drogue, et dans ce ‘How Will I Go’ qui conclu l’album il s’interroge sur une mort inévitable à venir.

Guilty Simpson et Apollo Brown s’entendent parfaitement sur tous les titres, 15 morceaux qui s’enchaînent avec une facilité déconcertante, ça aurait vraiment été un gâchis que ces 2 là ne finissent pas ensemble sur un projet. Ils ont choisi seulement 2 guests, Torae et Planet Asia qui sans grand problème viennent se greffer naturellement sur les ‘Potatoes’ et ‘Nasty’, des morceaux peut être moins ambitieux dans les thèmes mais ultra efficace. La grande réussite de cet album c’est aussi d’alterner entre titre très introspectif et d’autre beaucoup plus général, Guilty peut aussi bien célébrer certain aspect de cette street life qu’il décrit depuis plusieurs années que en condamner les problèmes qu’elle crée. Il n’y a pas un seul morceau que j’ai envie de zapper, et quand les 2 artistes vont dans des directions comme ces ‘Reputation’, ‘Dear Jane’, ‘Lose You’ et ‘Ink Blotches’ les mots me manquent, grosse boucherie sur grosse boucherie ! Si certains samples peuvent sembler un peu trop facile, à partir du moment où le résultat est bon et personnel je n’y vois pas trop de problème (j’y vois même un hommage de la part d’Apollo pour ses influences qui l’ont marqué).

Arrive le moment où je ne sais pour quelle raison on se sent obligé de classer un album d’Apollo Brown par rapport aux précédents… étant donné qu’en ce qui me concerne il a sortie que des projets excellents c’est vraiment très difficile à juger, si ce n’est par une affinité particulière avec tel ou tel rappeur (ou rappeuse, n’oublions pas Boog Brown). Je trouve juste que niveau refrain le travail de Guilty sur ce ‘Dice Game‘ est quand même un ton au dessus de quelques unes des collaborations précédentes, et niveau prod AB évolue tout doucement pour notre plus grand plaisir tout en gardant ses morceaux types qu’on adore ! Encore une fois je suis transporté par l’univers d’Apollo Brown et sa rencontre avec Guilty Simpson nous offre l’un des grands moments de la scène de Detroit de ces dernières années.
matic
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le 5 mai 2013

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