EP1 (EP)
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EP1 (EP)

EP de Pixies (2013)

Le retour au sommet du plus grand groupe de rock du monde ?

Ce qui frappe en premier à l'écoute de cet Ep-1 (et de Bagboy, le single qui l'a précédé), c'est la cohérence des Pixies. Le son, toujours secondé par le producteur Gil Norton, est exactement celui qu'on pouvait attendre après Trompe Le Monde. Grandiose, puissant, juste actualisé pour le XXIe siècle. Certes, entre-temps il y a eu la carrière solo de Black Francis, avec ses hauts très hauts et ses bas plutôt bas, et il est impossible de ne pas s'y référer. Il y a aussi eu la reformation besogneuse, sorte de Radio Nostalgie Live pour la génération du rock indépendant. Et il y a eu le départ de Kim Deal, dont on rappelle qu'elle n'a jamais fait grand-chose dans le groupe et qu'elle avait déjà été mise au placard après Doolittle. Si le son est celui qu'on pouvait donc imaginer, les nouvelles compositions sont le fruit de plus de 20 ans d'histoires.

Ne le cachons pas, les Pixies sont mon groupe de rock favori. Et de ce groupe, c'est Trompe Le Monde qui est mon album préféré, ce qui fait de moi un cas un peu à part. J'ai aussi adoré la majeure partie de l’œuvre de Frank Black, cet autre double fou-fou de Charles Thompson. Mais sur Ep-1, je reconnais sans mal les Pixies, la chose de Black Francis. Les Pixies, mais avec ces 20 années de plus, à la fois toujours prêts à sortir les grosses guitares, mais plus posés. Les fans, amateurs de tombeaux et de musées bien rangés, vont pouvoir s'égosiller à la place du chanteur. Ils voudraient que ce soit toujours Surfer Rosa, toujours Doolittle, mais surtout pas Trompe Le Monde et encore moins ce qui a suivi. Il ne faudrait jamais sortir des années 80 et que tout ressemble à Hey et à Gouge Away.

En niant l'évolution d'un artiste, en niant le plaisir évident que ces Pixies 2.0 ont à créer de nouveau ensemble, lesdits fans ont une réaction des plus prévisibles. Je la comprends sans mal et j'en suis un peu désolé pour eux. Désolé, oui, parce qu'à mes oreilles, le superbe Andro Queen, porté par un Black Francis, qui chante de mieux en mieux, crie « chef-d'oeuvre » à chaque instant. L'écho flottant, les guitares qui ondulent, la mélodie qui caresse, le pont avec l'espagnol baragouiné, c'est du grand Charles Thompson avec juste ce qu'il faut de « fan-service ». Plus classique, Another Toe navigue sur l'inimitable basse. De même pour What Goes Boom qui rebondit sur sa vindicte à la fois menaçante et délicieuse. Le sommet de ce disque, en forme de mise en bouche, se nomme Indie Cindy, qui synthétise en moins de cinq minutes (presque) tout ce qu'on aime chez les Pixies. Pas besoin d'analyser, du texte aux ruptures de ton, c'est une madeleine de Proust pour la génération X.

Deux reproches, soyons honnêtes. C'est mignon de sortir des petites choses un peu n'importe comment, sans label, sur le web, hop, sans prévenir. C'est joyeusement bordélique et sans doute dans l'esprit du groupe, d'ailleurs ils vont continuer ainsi. Mais on aimerait bien un album en bonne et due forme. Ou alors ils gardent le meilleur pour la fin, et tout cela n'est effectivement qu'une bande-annonce, ce ne serait pas étonnant. Ensuite, bon, on aimerait un poil de folie supplémentaire, en ce sens, Bagboy était encore plus enthousiasmant que les quatre morceaux de cet Ep. Les chansons sont belles, et probablement plus attachantes (surtout Andro Queen et Indie Cindy), mais il faut aussi équilibrer avec des trucs improbables. Ceci dit cela revient à contredire un peu ce que j'écrivais plus haut. Charles Thompson n'a plus 20 ans, et la musique des Pixies reflète aujourd'hui ses idées et ses envies. Elle demeure unique et le trône du plus grand groupe de rock du monde risque d'être repris par la force, et sans pitié, d'ici peu.
Ed-Wood
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le 6 sept. 2013

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